Retraites : Fatalité démographique ?
En avril prochain, le gouvernement ouvrira officiellement le débat sur les retraites pour légiférer en automne 2010. Mais la bataille idéologique a déjà commencé. Gouvernement, patronat et experts en tout genre, nous martèlent de plus belle que le fait que nous vivions plus longtemps , nous oblige à travailler plus longtemps. Derrière cette rengaine, ils nous préparent l'allongement de la durée de cotisation, la fin de la retraite à 60 ans et ainsi une baisse drastique du niveau des pensions.
Il y avait 11 millions de retraités en 2000, ils seront 21 millions en 2040. C'est un fait mais qui doit être analysé en détail pour en tirer toutes les conséquences. L'augmentation du nombre de retraités sera due à deux facteurs : l’allongement de la durée de la vie et l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération du « baby-boom » entre 2036 et 2040. Ensuite ce sera autour des « classes creuses » et à partir de 2036-2040, le nombre de retraités se mettra à diminuer, ce que oublie de mentionner gouvernement et patronat. De plus, le gouvernement nous assène, pour mieux allonger la durée de cotisation, que l'espérance de vie s'accroit de 1 trimestre par an.
Inégalités face à l'espérance de vie

Ces écarts montrent l'ampleur des inégalités sociales face aux conditions de travail et de vie. En partant à la retraite à 60 ans, un cadre peut espérer vivre 15 ans sans difficultés alors que l’ouvrier ne peut espérer que 7 années de retraite dans ces conditions. Alors si, à 59 ans en moyenne, un ouvrier souffre d'importants problèmes de santé, comment peut-il continuer à travailler au-delà ? A moins de partir à la retraite en renonçant à sa pension à taux plein. Et avec l’augmentation des trimestres de cotisations nécessaires, obtenir une retraite à taux plein sera quasiment impossible pour de nombreux cotisants, obligés de partir en retraite du fait de leur incapacité à travailler. Vu la faiblesse des pensions du régime de base, les salariés bénéficiant des plus faibles revenus auront comme unique alternative de travailler le plus tard possible pour obtenir une pension presque correcte.
Le chômage à la place de la retraite
Ils veulent donc nous faire travailler plus longtemps mais encore faudrait-il avoir du travail. Actuellement 6 salariés sur 10 sont, sans emploi ou touchent des aides sociales, au moment de la retraite. En 2007, on évaluait le taux d’emploi des 55-59 ans en France à 55, 4 %. Dans la plupart des cas, les salariés de 55 ans et plus ont été chassés de leur entreprise au nom d’un « plan de modernisation » ou autre plan de soit disant sauvegarde de l'emploi (PSE). Pas un jour sans que l’on n’annonce des licenciements et des suppressions de postes, les cinquantenaires étant massivement touchés et pratiquement sans espoir de retrouver un emploi .Alors prenons un exemple, si l'âge de la retraite est repoussé à 62 ans: les pensions de retraites seraient en partie transformées en indemnités Assedic ou en RSA pour une majorité des salariés de 60 ans à 62 ans. Pour répondre au chômage des plus de 55 ans, un Plan d’emploi national pour l’emploi des seniors a été mis en place et s'est fixé l'objectif de parvenir à un taux d’emploi des 55-64 ans de 50 % en 2010. Et pour arriver à ce résultat, la droite, pour inciter le patronat à embaucher les salariés âgés, a mis en place des « emplois vieux », des contrats à durée déterminés (CDD) de 18 mois, renouvelables une fois, à temps partiel. Les employeurs bénéficient ainsi d’une main d’œuvre moins chère (salaires réduits, exonération des cotisations patronales) et qualifiée. C'est donc désormais la précarité qui attend les salariés les plus âgés comme les jeunes. Et pour être bien sûr qu’ils n'y échappent pas, le gouvernement veut supprimer la dispense de recherche d’emploi pour les chômeurs de plus de 57 ans et demi d'ici 2013 car à cet âge là « on n’est pas fichu ». Ben voyons, avec l'intensification du travail, les conditions de travail de plus en plus dégradées, la souffrance au travail et le développement de nouvelles pathologies...
Solidarité intergénérationnelle

Nous ne devons pas laisser penser qu'il y a une fatalité démographique car derrière ce discours idéologique, de statistiques, un nouveau recul social majeur se prépare. Rappeler sans cesse que la question des retraites n'est pas une question démographique mais bel et bien une question de répartition des richesse, de partage du travail, bref un choix de société.