Les Diables au Thym – Eric Lassauce
35 rue Bergère, 75009 Paris.
Tél . : 01 47 70 77 09. Site Web.
Quand : un mardi soir de fin juin 2010 (29/06/2010). Il fait plutôt chaud, ça sent déjà un peu les vacances. Soyons fous, profitons-en et sortons un mardi soir.
Où : rue Bergère, derrières les Grands Boulevards, à deux pas de la rue du Faubourg Montmartre. Quartier très touristique où l’on peut très facilement mal manger pour finalement pas si bon marché. Les chaines et méga-pubs usine encombrent l’artère principale. Sur les rues latérales, des restaurants plus ethniques (kebabs, cachers…). On n’est pas loin de l’infâme Pakito, de Chartier… Bref, pas forcément un quartier auquel on associe de bonnes petites adresses. Ce qui ne veut pas dire, qu’en cherchant bien, on ne risque pas d’en trouver : SuperNature, Improvista un peu plus au nord, par exemple…
Avec qui : une floppée d’amis et copains gourmands, sévissant sur différents supports on line (LesRestos.com, Mr Lung, France Revisited, RestoàParis, Coup de Fourchette, Presque Moi, Mix la Malice), sans oublier Pierre Pernias, réunis et invités par Fabulous’Fab, dont la mission, ce soir, est de nous faire connaitre ce lieu, son chef et sa cuisine.
Pourquoi : Chroniques du Plaisir en a parlé lors du changement de chef (il y a bientôt trois ans) et avait eu un coup de cœur. Caroline Mignot n’a pas apprécié. Trois avis récents et 4/5 sur CityVox, cinq avis et 4/5 sur l’Internaute, deux avis et 4,5/5 sur Qype, c’est un bon début. Et puis quand on me glisse que c’est un « excellent petit restaurant sans prétention mais bon, rare à Paris« , ça donne envie d’aller voir.
Qui : le chef, Eric Lassauce, passé chez Senderens, a repris cette adresse en août 2007à son ancien patron et chef, Serge Uriot, parti à la retraite. En salle, une jeune femme pleine d’énergie et un jeune homme assurent le service et circulent entre les tables assez rapprochées.
Quoi : un bistrot-gastro de quartier, d’une trentaine de couverts. Décoration plutôt classique se sobre. Détail agréable pour ce genre d’adresse : nappes et serviettes en coton blanc épais et véritables couverts. La carte est relativement courte et s’adapte aux saisons. Formule entrée+plat ou plat+dessert à 22€ au déjeuner, ou menu entrée+plat+dessert à 28€, midi et soir. Il y a aussi une carte : entrées 11-15€, plats 22-26€ et desserts à 8€, qui permet de manger entre 41 et 49€ pour E+P+D. Dans le cadre de ce diner invitation découverte, nous gouterons une entrée, un plat et un dessert, chacun accompagné de vin choisi pour la circonstance.
Cela commence bien, puisqu’ils ont la carafe officielle « Eau de Paris » : bravo! En attendant que tout le monde arrive et que le repas commence, nous patientons avec un peu de pain et beurre. Si le beurre est de très bon niveau, le pain pourrait mieux faire (en étant tranché moins tôt?).
Acte 1 : macédoine, gros câpres et ceviche de daurade au citron. Les câpres, très salées, me laissent un peu perplexe : je ne sais pas à quoi elles servent. En effet, la macédoine, fraiche, légère et bien réussie, ainsi que les tranches translucides de daurade finement citronnée forment une entrée plaisante. Pas fan de l’utilisation des ardoisent en général, je trouve que l’effet ceviche translucide sur ardoise noire est réussi. Pour accompagner cette entrée, du Graves : pas ma tasse de thé d’habitude, et pas de grand coup de cœur, mais ça passait. Un équivalent à la carte actuelle est le « Ceviche de crevettes, condiment de légumes au citron confit (13€) ».
Acte 2 : la côte de veau dorée au sautoir, fricassée de carottes et girolles (24€) arrive tout simplement, dans une grande assiette blanche toute simple. Trois belles tranche de veau bien cuite qui se suffit presque à elle même. Sur le moment, j’ai trouvé quelques morceaux un peu secs et l’avais déploré. En fait, en revoyant la présentation (sans sauce, Monsieur Lassauce!), ça n’a rien de choquant. C’est même remarquable que la majorité de la bête soit aussi moelleuse et onctueuse! Les petites carottes et les champignons, tièdes apportent une agréable fraicheur. Ah oui, j’ai oublié de préciser qu’aux Diables au Thym ce n’est pas l’enfer, grâce à une climatisation efficace.
À côté, un excellent Saint-Joseph, 2006, de Jean Delobre, ferme des Sept Lunes, bio et en biodynamie! Syrah haha!
Acte 3 : un dessert que je cherchais à retrouver depuis longtemps : tomate confite, glace à l’huile d’olive et clafoutis aux olives noires.
Un retour près de treize ans en arrière, à Nice, au Chantecler (le restaurant gastronomique du Negresco, le premier étoilé que je fréquentais « assidument« ). Pas exactement la même préparation, bien sur, ni la même présentation, mais un peu le même esprit. Si je me souviens bien, c’était une fine tarte aux tomates confites, glace à l’olive et à l’huile d’olive. La dernière fois que quelque chose s’en était approché, c’était à l’Arpège. Je crois savoir qu’Alain Llorca participe au lancement d’un grand projet au Liban (non, pas à Beyrouth, mais à Jounieh), il reste donc encore un peu d’espoir d’avoir un jour, à nouveau, l’original! Mais assez digressé. Le dessert proposé ici est une version bistrot, restons raisonnable. Le dressage sur ardoise est joli, mais une assiette eut été plus pratique. Bonne tomate confite (un peu sucrée selon certains), que l’on dissèque pour un déposer la glace à l’huile d’olive. En fermant les yeux, quelques souvenirs s’esquissent. Le clafoutis aux olives confites complète la palette. Hum, quelle belle idée!
Pour accompagner, une autre bouteille très bien trouvée : un Sylvaner moelleux de 2003, rare, inattendu, exquis, de chez Rolly Gassmann.
Les commentaires éclairés de Pierre Pernias sur les accords mets et vins permettent de s’affiner et de s’entrainer le palais. Pour finir, et avant de déguster des rhums, une petite devinette avec une bouteille mystère et quelques gorgées d’un liquoreux assez doux. Bouteille de forme allongée, saveurs plutôt sucrées. Pierre nous avait vanté les mérites du Cidre de Glace lors d’un précédent diner (mémorable). Aimant bien jouer, je devine qu’il s’agit d’une boisson canadienne. Bingo, je n’ai plus qu’à conclure par une tentative de « vin d’érable », qui n’est pas loin de faire mouche, puisqu’il s’agit d’une liqueur d’érable et de bleuet : du Geai Bleu (22°).
Les très vieux rhums Clément seront nettement plus costauds et corsés, l’XO me parait plus équilibré, alors que la cuvée Homère réchauffe à fond (à consommer avec modération, pour apprécier).
Attention : ce genre de soirée peut vite dégénérer, pour un mardi soir, il faut rester un minimum sage et raisonnable, et s’en aller avant d’abuser. Ce que nous fîmes, non sans avoir salué le chef et l’avoir remercié.
Combien : nous étions invités, merci! Comptons 45€/personne pour l’entrée, le plat et le dessert. Et je pense que l’on peut bien compter 20€/personne pour les vins (sans compter les dégustations, en bonus). Ce qui fait autour de 65€/personne pour ce diner simple mais assez original et bien arrosé. Pas donné, mais dans l’assiette (ou sur les ardoises) c’était de bon produits bien préparés, et dans les verres, le Saint Joseph et le Sylvaner étaient extra! Et puis ce dessert est très bien tombé.
Alors : une valeur refuge dans ce quartier, où l’on sait que l’on pourra passer une bonne soirée, même si ce n’est pas parfait. À garder en tête en cas de déjeuner avec des clients de la rue Bergère.
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Le même diner, vu par : Emmanuel, Mix, Mr Lung… Pour un idée de la carte en automne : Alain Fusion.
Rédigé par chrisos