« C’est une nouvelle qui en d’autres temps aurait fait la une de tous les médias. Mais, dans le tumulte des affaires auxquelles le président de la République et son Gouvernement ont à faire face, elle est passée presque inaperçue. Elle témoigne pourtant de la déliquescence du pouvoir en place et de sa délégitimation démocratique. Un vent de fronde souffle sur la majorité qui ne supporte plus les dérives du pouvoir sarkozyste et craint de plus en plus les conséquences à venir pour ses élus.
Par 365 voix contre 5 – un véritable camouflet –, le Sénat, en deuxième lecture de la loi sur la réforme territoriale, a rejeté mardi dernier l’article du projet de loi qui supprimait la clause de compétence générale des collectivités territoriales que sont les conseils généraux et régionaux, leur permettant d’intervenir dans tous les domaines de l’action publique. Le Gouvernement avait pourtant mobilisé pas moins de quatre ministres pour défendre son projet : Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, Alain Marleix, secrétaire d’État aux collectivités territoriales), Michel Mercier, secrétaire d’État à l’espace rural, Henri de Raincourt, secrétaire d’État aux relations avec le Parlement. En vain. Les élus de l’UMP, du centre et de l’opposition se sont unis pour faire bloc contre le Gouvernement. (Source Rue89).
Ainsi dopés par cette audace, les sénateurs ont remis le couvert dans la nuit de mardi à mercredi et, unissant cette fois les voix du centre et de l’opposition, ont rejeté le mode d’élection des futurs conseillers territoriaux au scrutin uninominal à deux tours que tentait d’imposer le Gouvernement avec le soutien de la seule UMP, sans la moindre dose de proportionnelle. Amputée de ces dispositions essentielles proposées par le Gouvernement, la loi sur la réforme des collectivités a tout de même fini par être adoptée par le Sénat, mais dans quel état !
Cette fronde, engagée au Sénat, se propage désormais à l’Assemblée nationale. La majorité UMP, emmenée par Jean-François Copé, a voté hier mercredi contre une des mesures principales de la loi en faveur du dialogue social dans les très petites entreprises (TPE), visant la possibilité de rétablir des « commissions paritaires territoriales pour permettre le renforcement du dialogue social dans les TPE ». Cette loi était défendue devant les parlementaires par le ministre du Travail Éric Woerth qui se voit ainsi cruellement désavoué dans le même temps où le président de la République lui témoigne sa confiance et son soutien.
C’est donc bien une ambiance de fin de règne qui s’installe chaque jour davantage dans les allées du pouvoir et qui montre clairement dans quel désarroi se trouvent les forces de droite dont tous les espoirs s’étaient incarnés dans la personne de Nicolas Sarkozy. »
Reynald Harlaut
Parti de Gauche