Magazine Environnement

Un peu de littérature entre deux démolitions

Publié le 14 décembre 2007 par Jean-Robert Bos

En 1843, Victor Hugo écrivait à propos de Bordeaux:

"Il y a deux Bordeaux, le nouveau et l'ancien. (...) La double physionomie de Bordeaux est curieuse : c'est le temps et le hasard qui l'ont fait ; il ne faut point que les hommes la gâtent. Or on ne peut se dissimuler que la manie des rues "bien percées" comme on dit, et des constructions "de bon goût" gagne chaque jour du terrain et va effaçant du sol peu à peu la vieille cité historique. En d'autres termes, le Bordeaux-Versailles tend à dévorer le Bordeaux-Anvers. Que les Bordelais y prennent garde ! Anvers, à tout prendre, est plus intéressant pour l'art, l'histoire et la pensée que Versailles. Versailles ne représente qu'un homme et un règne ; Anvers représente tout un peuple, et plusieurs siècles. Maintenez donc l'équilibre entre les deux cités ; mettez le holà entre Anvers et Versailles ; embellissez la ville nouvelle, conservez la ville ancienne. Vous avez eu une histoire, vous avez été une nation, souvenez-vous-en, soyez en fiers !
Rien de plus funeste et de plus amoindrissant que le goût des démolitions. Qui démolit sa maison, démolit sa famille ; qui démolit sa ville, démolit sa patrie ; qui détruit sa demeure, détruit son nom. C'est le vieil honneur qui est dans ces vieilles pierres".

On remplacera sans mal Bordeaux par Andernos, quant au règne d'un homme, l'aspect que prend notre ville ne le représente que trop.

Autre exercice de style :
Bordeaux en 2007 : M. Juppé lance un projet d'éco-quartier à la Bastide : "Afin de leur donner une dimension plus durable et plus écologique, les aménagements de Bordeaux se poursuivent en intégrant tous les paramètres environnementaux, économiques, sociaux et culturels.
Au cœur de cette démarche, la Mairie souhaite que le quartier de la Bastide soit l’un des pôles où s’expérimentent des formes innovantes d’excellence urbaine et écologique, applicables ensuite sur l’ensemble du territoire".

Eh bien là non, aucune possibilité de remplacer Bordeaux par Andernos. Nous allons au mieux avoir des projets Bouygues et leur H&E (à ne surtout pas confondre avec HQE !) Comme quoi le temps ne fait rien à l'affaire et l'étiquette politique non plus. D'autres élus de droite en Gironde et sur le Bassin montrent leur attachement à l'environnement et à la qualité de notre avenir, mais pas à Andernos. Tout ce qui peut se rapporter de loin au développement durable ne suscite que moqueries lors des séances du Conseil Municipal.

La solution est pourtant entre vos mains. Exigez de vos futurs élus que le PLU intègre l'interdiction de construire des immeubles de plus d'un étage, que la démolition de maisons anciennes soit soumise à restriction (la municipalité ne souhaite au mieux en protéger que 400, alors que l'identité d'Andernos est représentée par plusieurs milliers d'habitations), que les constructions neuves respectent des normes environnementales (ce qui n'augmente que de très peu le coût de base qui est vite amorti par les économies d'énergie), que des projets tels que celui présenté ci-dessous faisable à Salles le soit aussi chez nous, et que le logement du centre-ville ne soit plus spéculatif mais accessible aux classes moyennes.

salles

A Salles, logements et services regroupés
A Andernos, encore un immeuble de 12 mètres de haut à venir boulevard de la République (chez Kiki), inaccessible à la majorité de la population, à ajouter aux 4 derniers projets en cours : à la place du manège avenue Pasteur, à côté de la pharmacie du Centre, en face à côté (ou à la place !) du pressing, et à l'Etoile à la place de l'Eldorado.
La rénovation de l'habitat ancien et la redensification des quartiers traditionnels permettraient de créer des emplois locaux et de faire vivre nos artisans, ce qui n'est pas le cas des immeubles qui enlaidissent notre ville et bétonnent notre horizon.

Les six années à venir vont être les dernières où il sera encore possible d'inverser la tendance, réfléchissez avant de voter, on ne pourra pas reprocher à Monsieur le Maire d'être fidèle à ses points de vue passéistes et aux intérêts du milieu immobilier auquel il appartient, faites-lui comprendre que ce ne sont pas les vôtres !


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