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Et la comptable confirma le financement illégal de la campagne de Sarkozy

Publié le 08 juillet 2010 par Juan
Et la comptable confirma le financement illégal de la campagne de SarkozyLe camp Sarkozy a contre-attaqué avec violence, mercredi, au témoignage de l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt. Cette dernière, interrogée par la police puis par Mediapart, s'était réfugiée dans sa famille dans le Sud de la France. Son nom fut dévoilé dès mardi par certains journaux. Claire T. panique : « Je me sentais harcelée» a-t-elle déclaré plus tard aux policiers. Et mercredi, la police la retrouve. C'est l'histoire d'une simple comptable, accusée de mensonges par le Président de la République, et la Sarkofrance toute entière.
Mercredi, la police interrogea à nouveau Claire T. La première question fut relative à son départ dans le Sud. La seconde fut relative à l'interview donnée à Mediapart: «Vous avez fait un certain nombre de déclarations à Mediapart qui ont été publiées  le 6 juillet au matin. Les avez-vous lues? Les déclarations qui vous sont prêtées par Mediapart correspondent-elles à vos échanges avec votre interlocuteur prénommé Fabrice?»  N'est-ce pas curieux ? Lundi déjà, Claire T. a parlé aux policiers. Deux jours plus tard, ces derniers ne lui demandent pas derechef de préciser ses déclarations sur Sarkozy. Ils l'interrogent d'abord sur ... Mediapart. La troisième question porte à nouveau sur Mediapart («Quelles sont les modifications apportées dans l'article de Mediapart par rapport aux échanges téléphoniques avec le prénommé Fabrice?»). La suite de l'interrogatoire fut du même acabit. Les collègues sudistes des policiers parisiens cherchaient à préciser ou infirmer le témoignage de lundi effectué auprès de Mediapart.
Jeudi , Claire T passa trois heures dans les locaux de la police, confrontée à Patrice de Maistre, le gestionnaire de la fortune Bettencourt. Un temps, le camp Sarkozy crut avoir gagné quelque répit. Le Monde annonçait que la comptable s'était rétractée. Libération publiait des extraits des carnets de comptes retrouvés par la police, sans trace de versement de 50 000 euros à Patrice de Maistre le 26 mars 2007.
Claire T se reprend et confirme. Parole contre parole. Et Mediapart, jeudi soir, publie l'intégralité du procès verbal de l'interrogatoire de mercredi.
1. La rétractation de la comptable est limitée à trois points: Claire T ne sait pas si Nicolas Sarkozy a reçu «régulièrement» des enveloppes d'espèces de la part de Liliane Bettencourt quand il était maire de Neuilly; elle n'a pas dit que les bénéficiaires «les plus assidus» étaient du Parti Républicain, et elle n'a jamais impliqué la campagne d'Edouard Balladur de 1995.
2. Le Figaro publie sur site internet, à 13h42,  un extrait du procès-verbal de l'audition de la comptable par la police, réalisée mercredi en fin de journée. Mardi, les ténors de Sarkofrance s'indignaient de voir le secret de l'enquête bafoué par des journalistes. Jeudi, l'Elysée criait (trop rapidement) victoire après cet article du Figaro. Claude Guéant essaye de jubiler: «Ce sont des éléments très intéressants qui font litière à des accusations qui à force d'être répétées devenaient une vérité, cela détruit complètement deux accusations». A 20h25, le site du Figaro publie un second billet au titre triomphant: «pour l'Élysée, «la vérité est rétablie»».  Le Figaro se garde bien de publier l'intégralité des déclarations de l'ex-comptable. Il faut aller chez Mediapart pour les trouver. Mediapart, ce fichu site désigné à la vindicte sarkozyenne sur toutes les ondes de la République Monarchie la veille.
2. Claire T., elle, confirme pourtant l'essentiel, et même pire : «Il y avait des enveloppes d'espèces qui étaient remises par M. Bettencourt ou de temps en temps par Mme Bettencourt à des politiques». Elle détaille ensuite la liste de quelques politiques, de gauche comme de droite, mais surtout de droite, qui venaient régulièrement visiter Mme Bettencourt. Et la comptable précise que lorsqu'elle devait retirer à chaque fois de belles sommes, puis les placer dans des enveloppes, elle constatait ensuite que l'enveloppe était vide après ces rencontres fructueuses.
«Comment pouvez-vous être aussi affirmative sur le fait que des hommes politiques recevaient de l'argent alors que vous indiquez que ceci repose sur des déductions?», l'a relancée le policier. «Comme je vous l'ai expliqué quand quelqu'un vient déjeuner et que l'on demande une enveloppe, enveloppe que je remets à M. de Bettencourt et que cette enveloppe est vide après le déjeuner on peut imaginer que M. Bettencourt ait donné de l'argent à cette personne.»
Et elle a cité, à nouveau et malgré la pression, les noms de Nicolas Sarkozy et d'Eric Woerth parmi les visiteurs de l'hôtel de Neuilly.
3. Si elle confirme n'avoir jamais assisté à une remise d'enveloppes à des hommes politiques,  elle a réitéré les propos délivrés lundi à Mediapart relatifs au financement illégal de la campagn de Nicolas Sarkozy : «M. de Maistre m'avait demandé avant les élections présidentielles de 2007 d'aller lui chercher 150 000 euros à la banque (…). Je lui ai demandé pourquoi une telle somme, il m'a répondu qu'il devait organiser un dîner avec M. Woerth pour la lui remettre. Il voulait que cela se passe par l'intermédiaire de Mme Bettencourt (…) Je lui ai dit que ce n'était pas possible surtout pour l'usage qu'il voulait en faire. Il s'est énervé». A l'Elysée, on peut blêmir.
4. Après trois heures de confrontation entre Patrice de Maistre et Claire T., l'ex-comptable a à nouveau maintenu que Patrice de Maistre lui a demandé de retirer 150 000 euros en liquide pour la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Maistre dément.
A l'Elysée, on reste lucide. Guéant a confié au Figaro: «Le président attend d'avoir tous les éléments en main. Il aimerait éviter de parler, mais il n'est pas sûr de le pouvoir
Il a eu raison d'être prudent.
Mediapart a promis de nouvelles révélations.


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