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C’est toujours dans la précipitation que s’écoulent les heures
Forces implacables qui nous happent dès le réveil
Nous conduisent en terrain ras de toute ombre
Vierge de tout repos
*
Qu’on s’étonne alors de la volonté de fuir est impensable
Et de cet impensable vient le malaise
*
Car que faire sinon se protéger contre l’agression perpétuelle
Que faire sinon chercher chemins buissonniers
Dès lors qu’aucun havre ne se présente aux échines épuisées
*
Le fouet de la finance claque sur les dos courbés
Les peaux ruissellent d’un sang gras de piteuses nourritures
On sait conduire ainsi hommes et femmes à leur perte
Rien ne retient l’appétit du dominateur
*
Lors ne reste que l’espérance
Que certains voudraient vaine
En des lendemains de sieste méritée
*
Qu’un seul soupir vienne aux lèvres des soumis
Entendez donc le chœur des possédants
Clamer le devoir en méprisant le droit
*
C’est désormais sombre temps
Qui fait lèvres muettes de ne pas savoir dire
*
C’est temps de misère indécente
Sous les fenêtres de bourses replètes
Sans doute est-ce là l’angoisse des possédants
Qu’ils ne soient un jour rangés à la cohorte des gueux
Il leur en faut donc toujours plus
Et ne rien partager de ce qui est leur éphémère richesse
*
De l’autre côté de la rue
Un regard pétille
Assis sur des cartons
La fortune se cache dans une main qui se tend
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Manosque, 28 mai 2010
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