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Une lettre intime

Publié le 15 décembre 2007 par Antigone

Alors qu’un café brûlant fume doucement sur ma table, je vous écris, crayon levé, une lettre impossible, des mots  intimes, inutiles et silencieux…

Je voudrais tant vous parler des gouttes de pluie, tôt le matin, sur mon pare-brise, des essuie-glaces et de leur danse, bruyante et saccadée. Vous dire le plastique familier du volant, sous mes doigts, sa texture et le son de la radio, jumelés. Vous parler, enfin, de l’entrechat de mes pieds, de cette vigilance constante, et du panneau vers l’Océan, que je ne suivrai jamais.

Je voudrais vous dire, aussi, les livres, l’écriture, et cette encre dans mon crayon levé, asséchée, ce sentiment d’imposture qui paralyse mes doigts, et me fait douter. Vous parler d’eux, peut-être, au détour d’une phrase, de mon père, de l’absence, et de ce que je ne suis pas.

Je voudrais écrire ces mots qui parleraient d’un été qui n’en finit plus de ne pas commencer, de ces nuits trop sombres, et de la lumière de câlins d’enfants, comme des réverbères. Vous dire l’amour, celui que l’on donne et que l’on reprend, celui qui ne s’exprime pas. Vous dire les cris aussi, la fureur et la jalousie, la difficulté d’être douce. Comprendre, par votre lecture, ces chemins que je ne prends pas et ceux, inconnus, que je devrais prendre.

Je voudrais vous décrire tendrement, avec des lettres rondes et ourlées, le goût du café, chaud et voluptueux, qui coule dans ma gorge, à cet instant, et le plaisir retrouvé, mêlé de soulagement, de la course de l’encre sur le papier.


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