Il y a des périodes qui pèsent dans l’année. En France, c’est Juillet et son tour de France cycliste. Au fil des années l’on a transformé un sympathique exploit sportif en un dangereux barnum irrespectueux de la santé de ces acteurs. J’ai un trop grand respect du vélo et de ses capacités à permettre des déplacements aussi agréables que sains pour vomir cette « caravane » de sportifs chimiquement modifiés à l' EPO. La critique n’est pas portée sur les cyclistes mais plus précisément sur l’encadrement qui organise ce drame humain. Car, avec la complicité d’organisateurs peu scrupuleux et de sponsors sans morale nous assistons à une mise à mort lente mais inexorable d’un grand nombre des grimpeurs en recherche d’improbables exploits.
A choisir je préfère le spectaculaire travail du picador dans l’arène de Pampelune aux discrets soins prodigués par quelques spécialistes d’injections de « vitamines » au pied des cols Pyrénéens. Dans les deux cas l’inexorable est en vue pour le seul plaisir du spectacle ; cependant dans le second elle est donnée dans le mensonge et l’hypocrisie a des hommes trop impliqués dans leurs activités sportives pour être lucides sur les conséquences des « traitements sur vitaminés » proposés aux étapes.
Il existe une manière simple pour s’opposer à cela. Elle consiste à boycotter son passage et surtout à exprimer avec fermeté auprès de nos élus Pyrénéens de notre désapprobation à ces étapes trop coûteuses aux communes. En effet, est-il bien raisonnable de vouloir promouvoir une cité « verte et sportive » (baseline de toutes les villes thermales) grâce aux exploits de quelques grimpeurs piquousés suivi par une caravane de camionnettes polluantes occupés par une armée de chimistes amateurs et de publicitaires nauséeux.
En écrivant cela je vise en particulier les communes étapes de nos Pyrénées dont Ax les Thermes, Bagnéres de Luchon et Salies du Béarn. Les élus seraient bien inspirés de réfléchir avant de signer les chèques aux organisateurs. Nous connaissons les arguments développés par les VRP du tour ; audience internationale exceptionnelle, premier sport mondial bla bla bla bla …
Les étapes coûtent chers aux communes (de 50.000 à 150.000€). Les sommes en jeux pourraient être utilisées pour aménager ou subventionner des pistes cyclables et des voies piétonnes dans ces villes-étapes car la notoriété promise n’apporte, en réalité, que désordre, pollution et seringues... Ces vieilles cités thermales n’évoluent que très lentement dans une « offre verte » et toutes s’étonnent de la désaffection grandissante des jeunes touristes peu enclin à supporter dans ces villes thermales les soufreteux et les vapeurs d’essence des 4X4 et autres fantaisie d'autochtones hostiles au visiteur.
La pratique quotidienne du vélo au cœur des cités permettrait de redonner goût et sécurité aux résidants (bien mieux que les géraniums aux balcons...). A cela s’ajouterait le refus de cautionner une activité réputé sulfureuse. Dans une société de plus en plus judiciarisée nous verrons probablement un jour un ou plusieurs de ces cyclistes attaquer ces villes étapes pour complicité passive à une mort programmée, non-assistance à personne en danger ou peut-être même incitation au meurtre prémédité ….