
1. Robert Daniel, qui êtes-vous? Qu’est-ce qui vous a incité à vous lancer dans l’art de l’écriture?
Je suis un homme dans la soixantaine qui a gardé son cœur d’enfant et qui croit encore que l’imaginaire est extraordinaire et merveilleux. C’est même un outil essentiel à l’être humain et sans lequel nous ne serions que des robots. J’ai étudié différentes religions et différentes philosophies qui m’ont passionné et j’en ai fait une synthèse. L’écriture est une passion chez moi. Dès mon plus jeune âge, quand on me lisait des histoires pour nous endormir, je me disais déjà que j’en écrirais un jour. Et je m’y adonne depuis l’âge de 16 ans.
2. Votre tout dernier conte, Le Loup et l’Enfant, pose des questions métaphysiques et ontologiques à l’endroit de l’être humain. Les thèmes de l’amour, de la vérité, et de l’intégrité viennent colorer une histoire riche en réflexions philosophiques. Vous semblez vouloir montrer, à travers les pensées du loup, que la recherche de la vérité passe d’abord et avant tout par le cœur. Vous soulignez à maints égards au fil de votre œuvre que chaque être humain est à lui seul l’univers. Ainsi, l’Univers est le reflet extérieur de l’image intérieure que l’on ressent. Pouvez-vous développer davantage sur ce point?
Vous avez tout compris. Puisque vous étudiez en Sciences humaines, vous connaissez certainement quelques grands maîtres comme Pythagore, Platon, Hermès, etc. Tout comme eux, je crois vraiment que le haut est comme le bas et le bas comme le haut, que l’extérieur et l’intérieur sont le reflet l’un de l’autre, le miroir l’un de l’autre. Et à leur suite, je dis : ‘Connais-toi toi même.’
3. Selon vous, quel est l’intérêt de mettre en scène un loup et un enfant? Croyez-vous que le fait de faire parler un animal permet de prendre du recul par rapport à la raison humaine? D’autre part, attribuez-vous une valeur symbolique au loup?
Oui, bien sûr. Il suffit de penser aux enfants qui dialoguent naturellement avec leurs ‘nounours’, ou leur animal de compagnie. Le loup est un animal sauvage qu’il faut savoir apprivoiser, il représente une part de nous à apprivoiser. De plus, le loup est mon animal ‘fétiche’.
4. Vous avez divisé votre conte en trois parties : le seuil, le portail et le foyer. Quelle est la logique d’une telle division?
Ça représente les trois initiations : celle du corps, celle de l’âme et celle de l’esprit. On pourrait également parler de la Trinité, de la Sainte-Famille. Ce sont trois étapes de la croissance : l’enfance, l’adolescence, la maturité; l’introduction, l’essence, la conclusion; la naissance, la vie, le retour.
5. Certains passages de votre conte, en particulier la première partie, ressemblent drôlement aux dialogues de Platon, avec le loup prenant la parole sur de longues tirades et l’enfant se contentant d’acquiescer et de poser des questions. Pourquoi avez-vous opté pour une telle écriture?
C’est une intuition. C’est spontané, c’est inné en moi de fonctionner par analogie.
6. Si vous deviez résumer en une seule phrase la leçon à tirer de votre conte, quelle serait-elle?
L’ouverture d’esprit : savoir ce que nous ne sommes pas, connaître ce que nous sommes et l’aimer en y adhérant totalement.