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Norman Bethune : un souci de solidarité

Publié le 08 mars 2009 par Gregorykudish
Si les musées sont nombreux à exposer des images de guerre violentes, troublantes et choquantes, rares sont les galeries qui laissent flotter une lueur d’amour et d’espoir à la surface de telles œuvres. Le musée McCord de Montréal fait partie des exceptions. Du 8 octobre 2008 au mois de novembre 2009, le musée d’Histoire expose dans une de ses salles 56 photographies, la plupart de Hazen Sise, qui illustrent des gestes humains même dans les moments les moins honorables de l’humanité. Au mois de février de l’année 1937, alors que l’Espagne est plongée dans la guerre civile dirigée par l’armée franquiste, la population de Malaga fuit vers Almeria craignant les représailles des troupes fascistes. Sur la route de 200Km séparant les deux villes, le danger est omniprésent; bombardements de l’aviation allemande, attaques des troupes italiennes. Des centaines de milliers de personnes subissent des blessures graves, d’autres sont aux prises avec une malnutrition meurtrière. Toute lueur d’espoir semble absente sur les visages des milliers d’innocents. Les photographies sont source de haine et de désolation. Mais pas toutes…
Je ne suis pas venu en Espagne pour verser du sang mais pour en donner
Né à Gravenhurst, en Ontario, en 1890, le médecin chirurgien, peintre et poète de tendance socialiste, Norman Bethune, a su, au cours de sa courte vie de 49 ans, rendre plus d’un homme heureux et reconnaissant. Alors qu’il atteint son apogée en 1936 occupant le poste de chef du Service de chirurgie pulmonaire et de bronchoscopie à l’hôpital Sacré-Cœur, Norman Bethune décide de tendre une main solidaire au monde en s’embarquant pour l’Espagne la même année. Il y met sur pieds le Service canadien de transfusion sanguine à Madrid. En février 1937, il vient en aide aux voyageurs blessés sur la route entre Malaga et Almeria. Le médecin canadien, étant en manque d’équipement sanitaire et de fournitures médicales essentielles, telles que les gants en caoutchouc, travaille au péril de sa propre vie. Les photos de l’exposition intitulée La trace solidaire remettent en lumière ces moments émouvants d’intervention médicale.
Je refuse de vivre dans un monde qui engendre le meurtre et la corruption sans lever le petit doigt. Je refuse d’approuver par passivité ou par inaction, les guerres que des hommes cupides livrent à d’autres hommes.
Le refus de la passivité et de l’inaction est bel et bien mis en pratique chez Norman Bethune. Après l’Espagne, le chirurgien dévoué file vers la Chine en 1938 pour aider les troupes de Mao Tsé-Tung dans leur lutte contre l’invasion japonaise. C’est en Chine qu’il perd la vie à Huangshikou en 1939 suite à une septicémie causée par une coupure au doigt lors d’une opération. Norman Bethune est aujourd’hui perçu comme un héros par les Chinois.
L’exposition du musée McCord, organisée avec la collaboration du Centro Andaluz de Fotografia, brosse donc le portrait d’un personnage dévoué, de caractère fort et de conviction, qui est venu massivement en aide aux citoyens les plus démunis en leur procurant les meilleurs soins possibles. Soins que son propre corps n’a sûrement pas autant connus.

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