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Ce Jour Où Ils Etaient “Fiers D’Etre Français” ..

Publié le 12 juillet 2010 par Sagephilippe @philippesage

Voici un article (un tantinet remanié) issu du site Eldoradio sur lequel je poste une chronique (presque quotidienne).
Eldoradio (“C’est pas de la musique, c’est de la radio”) est dédié à tous les passionnés de radio. Ceusses qui la font et ceusses qui l’écoutent.
Hormis des nouvelles fraîches venues du monde “merveilleux” de la radio, vous y trouverez itou, des sons d’antan, comme par exemple, au hasard, l’inoubliable Radioscopie de Jacques Chancel, le Campus de Michel Lancelot, le Po-go de Maneval, toutes ces grandes émissions qui vous ont, peut-être, accompagnés, bercés, étonnés.
Aussi, des sons plus rares, ceux de la “guerre des ondes”, les radios dites pirates que combattirent et le pouvoir giscardien et le mitterrandien.
Puis, l'explosion des radios libres, le début de la normalisation, d'une certaine fin, en définitive.
Pour avoir accès à tout le site, il faut s’y inscrire (c’est gratuit et ça fait même pas mal). C’est ici.

Eldoradio, c’est également une page Facebook, un compte Twitter ...
L’article ci-joint, au titre étrange, nous ramène douze années en arrière. Le 12 juillet 1998. Ce soir-là, la France était championne du monde.
De football.
Et si je l’inscris sur Refais Le Monde, c’est qu’il fait douloureusement écho à ce que nous traversons aujourd’hui.
A ce propos, il est intéressant de noter que c’est ce jour-là que Nicolas Sarkozy a choisi pour s’adresser ce soir aux français. Via Pujadas. Soit via pas grand chose. Ne croyez pas que ce soit un hasard. Avec Sarkozy, le hasard, ça n'existe pas ...

Juillet 1998.jpg
Non, ce titre ["Fiers d'être français"] n'est en aucun cas une provocation.
Pourquoi en serait-ce une, d'ailleurs ?
Voyez-vous, cette phrase-là "fier d'être français" jamais on ne l'a autant entendue que ce dimanche 12 juillet 1998 lorsque l'équipe de France de football atomisa en finale de la Coupe du Monde le tenant du titre et quadruple vainqueur de l'épreuve, le grand Brésil.
Oh certes, et malgré l'écart, impressionnant, ce ne fut pas la plus belle finale de tous les temps.
Faut-il être chauvin pour le prétendre !
Non, la plus belle restant celle de 1970, celle qui opposa le Brésil de Pelé et l'Italie de Rivera. Un grand moment de football, de l'art pur. Enfin, pour ceusses qui en pincent pour ce sport collectif, où, curieusement, on extirpe toujours, comme je viens de le faire deux lignes plus haut, un élément dont on fait un héros ("Entre donc là, Zidane !").
Or, donc, le 12 juillet 1998, tous, citoyens, personnalités diverses et variées, politiques de tous bords (ou presque) sont soudainement "fiers d'être français !".
Et grâce à qui ?
A quoi ?
Au football !
C'est magique, non, le football ! A ce point magique, qu'il aurait même "réconcilié les français !" ! Rien que ça !
Il faut préciser que depuis près de 15 mois, la France vit (ou subit) sa troisième cohabitation (après celles de 1986/1998 et 1993/1995). Chirac, président de la République, suite à une dissolution abracadabrantesque (21 avril 1997 - ah, décidément, ces 21 avril ...) doit composer avec une majorité socialiste emmenée par Lionel Jospin.
Marie-George Buffet (qui "a porté cette équipe de France à bout de bras") est ministre de la Jeunesse et des Sports.
Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur.
Jean Tibéri, lui, est maire de Paris.
Et donc, tous trois (comme tous les autres) sont "fiers". C'est LE mot-clé !
Fiers de cette équipe, fiers de la France, fiers de cette "mixité qui fait la force de notre pays". La fameuse France "Black-Blanc-Beur", oui, celle-là même qu'il y a, à peine un mois, on a vilipendée, évoquant les termes lourds de "racailles" ou de "petits caïds immatures".
Comme les temps changent, n'est-ce pas ? Comme on aime bien brûler, et sans prendre le temps de la réflexion, toujours sous le coup de l'émotion (qui est bien mauvaise conseillère ; pire, c'est un cancer ! Mais c'est aussi la marque sarkozyste) ce que nous glorifions, hier ! Mais pourquoi ?
Peut-être parce que ces "personnalités" composant l'équipe de France de football (qui en 1998 palpaient, comme aujourd'hui, des salaires déments) "venues du monde entier, d'origines diverses" ont un devoir d'exemplarité. C'est du moins comme cela que je l'entends. Pas vous ?
D'où la question : pourquoi eux et pas certains (suivez mon regard) ?
Parce que, justement, ils viendraient d'ailleurs ? La "mixité" oui, mais ... seulement si elle gagne ?!?  Est-ce cela qu'il faut retenir ?
Dans ce cas, permettez-moi de vous dire que je trouve ce "concept" particulièrement terrifiant. Triste. Et dangereux.
Nonobstant, ils se sont tous rués, voraces, nos politiques vertueux, sur les micros, ce 12 juillet 1998. Cette victoire des bleus, c'était aussi la leur. Ils se l'appropriaient. Ils n'ont pas hésité à surfer dessus. A énoncer des énormités. Comme par exemple en affirmant que le "sport est le meilleur moyen pour notre pays d'avancer !".
Mais cela ne continue-t-il pas ?
Nicolas Sarkozy n'a-t-il pas déclaré récemment lorsque nous apprîmes que la France acceuillerait l'Euro 2016, que c'était "une réponse à la crise" ? Dites-moi que je rêve !
Nous pouvons remarquer, ceci étant, que le politique n'hésite pas, que ce soit dans la victoire (1998) ou le "désastre" (2010) à s'ingérer (comme on dit) dans le monde du football. Alors que, logiquement, il n'a rien à y faire. Ce ne devrait pas être son affaire, ni sa préoccupation. Ce n'est pas pour cela que les citoyens l'ont désigné.
En même temps, faut-il le rappeler, nous sommes un des rares pays au monde à avoir un ministère des Sports. Je dois dire que pour ma part, cela reste tout autant une complète incongruité qu'une totale absurdité ..
Quoi qu'il en soit, revivons cette "fierté d'être français" via France Info.
Peu après 23 heures.
Le dimanche 12 juillet 1998.
Avec le recul, soit 12 ans déjà, nous pouvons nous rendre compte, désolés, à quel point ces commentaires étaient grotesques. Juste de la récupération politique à pas cher. Et aujourd'hui, c'est kif-kif pareil. Mais dans l'autre sens .. Faut bien croûter. Aller dans le sens du vent, de son électorat.
N'est-ce pas ?
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