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Repos alpestre

Publié le 12 juillet 2010 par Jlhuss

dopage_accueil.1278961397.jpgLe vélo pour les nulsle dopage, puisqu’il faut bien en parler.

En espérant que la file de commentaires nous épargnera les réflexes pavloviens, les truismes habituels qui font taper sur le cyclisme – et que sur le cyclisme.

Un peu d’histoire.

Les épreuves cyclistes d’antan étant titanesques (ce n’est pas Rama Yade qui a inventé l’expression les forçats de la route mais le grand Albert Londres), l’habitude de “prendre des tisanes” (ce qui n’était pas illégal) a commencé très tôt. Ça allait de l’alcool fort à la cocaïne en passant par des cocktails composés en partie de strychnine (!!) avant que les coureurs – comme bien d’autres sportifs - ne passent aux amphétamines.

Les amphèts ne donnent pas de forces supplémentaires. Elles diminuent la douleur, elles réduisent la sensation de fatigue, de faim, de soif. Bref elles permettent de repousser les limites, parfois tellement qu’on en meurt. Toutes ces sensations (faim, soif, douleur, fatigue) sont des signaux d’alarme que dame nature a prévus pour nous avertir.

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C’est en 1966 qu’on a commencé à les traquer, avec des tests urinaires considérés comme dégradants (Anquetil disait que coureur cycliste, c’était le seul métier qui imposait de montrer son sexe pour avoir le droit de pratiquer) En effet, le prélèvement se fait devant un médecin qui s’assure qu’on ne remplit pas l’éprouvette avec du pipi venu d’ailleurs (c’est arrivé : un tricheur a ainsi appris qu’il était… enceinte après avoir substitué l’urine de sa femme à la sienne). La vraie prise de conscience a eu lieu en 1967, avec la mort de Simpson sur le Ventoux. L’Anglais, chargé comme une mule et qui avait dépassé ses limites fut, de plus, très mal soigné ; le médecin de l’époque, connu depuis deux décennies fut remplacé après ce triste épisode.

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Progressivement les amphétamines, sans disparaître totalement (surtout chez les amateurs) ont cédé la place à d’autres “substances” dont la cortisone (ne cherchez pas pourquoi nombre de carrières furent abrégées par des douleurs atroces aux genoux, privés de cartilages). Il y a eu ensuite l’EPO - à l’origine un médicament donné aux gens anémiés par des chimiothérapies, par exemple - et qui permet de hausser considérablement le taux d’hématocrites (la substance qui véhicule l’oxygène et le CO2 entre les poumons et les muscles). des Mobylettes se sont transformées bolides de formule 1, de bons coureurs – sans plus – sont devenus des cadors. C’était le moment où d’illustres inconnus l’année passée dépassaient au train et sans même transpirer des champions reconnus, dressés sur les pédales. Puis l’EPO fut détectée jusqu’à ce qu’on perfectionne la molécule. On institua alors les “passeports sanguins” qui permettaient de mettre hors course un coureur dépassant les 50% d’hématocrite, sauf si la médecine pouvait prouver qu’il y avait un motif pour cela (exemple : les Colombiens qui vivaient à 3.000 mètres d’altitude en atmosphère raréfiée)

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L’EPO CERA a rendu nécessaire sa détection par contrôles sanguins, de même que la testostérone et les autotransfusions. (Un sportif qui “améliore” sa formule sanguine avec du sang de son groupe et de son rhésus est facilement repris par la patrouille ; s’il se charge avec son propre sang, c’est difficilement détectable… il paraît qu’on commence à y arriver)

On ne citera pas de nom parce qu’il ne faut jamais accuser sans preuve, mais de curieux décès de sportifs – et pas que des cyclistes, loin de là : en ce domaine le football ou l’athlétisme sont fort bien représenté – sont dus à ces autotransfusions. Parce qu’un tel “geste médical” pratiqué avec des poches conservées dans des glacières domestiques dans un environnement “chambre d’hôtel”, pour provoquer des chocs anaphylactiques ou des septicémies foudroyantes…

Quelques réflexions, en vrac.

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Il est absurde de nier le dopage dans le vélo. Mais il faut le replacer dans le contexte : c’est le seul sport où on pratique tant de contrôles autant urinaires que sanguins (zéro contrôles sanguins pour le football… donc les 2/3 des molécules “efficaces” y sont indétectables). c’est clair que quand on cherche on trouve ; si on ne cherche pas, on est sûr de ne pas trouver !

Quand les performances augmentent et que les records tombent en athlétisme et en natation et ce dans des conditions surréalistes, c’est “le progrès humain”. En vélo, c’est “la preuve que ce sont tous des dopés” alors que les progrès en matériel ont été gigantesques ces vingt dernières années. (je me suis toujours demandé si l’arrêt brutal de la carrière de Manaudoun’était pas du au fait qu’elle ne voulait pas devenir une camée).

Les cyclistes professionnels sont les seuls à devoir signaler leur présence partout dans le monde, pour subir des contrôles inopinés 365j sur 365 sans préavis, pour compléter le “passeport sanguin”. (Les autres sportifs, rarement contrôlés, ne le sont que dans les stades)

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Cela permet de les “tracer” (une augmentation du taux d’hématocrite qui ne correspond pas à un séjour en altitude ou à un entraînement en caisson dépressurisé, c’est signe de transfusion ou de cure d’EPO) Des anomalies dans “le passeport” et le coureur – voire son équipe – sont indésirables sur telle ou telle grande épreuve. Landis a été privé de son Tour. Vous imaginez une équipe privée de sa coupe du monde, huit jours après, parce que ses joueurs auraient “pris un truc ?”

Une dernière remarque, sur le cyclisme français. Nous avons la chance d’avoir une AFLD intraitable sur la lutte anti dopage, très en avance sur les autres pays. Peut être est-ce pour cela que les performances de nos pioupious sont en deçà ? (paramètres parmi d’autres ; parce que logistique et méthodes d’entraînement comme exigences des directeurs sportifs entrent aussi en ligne de compte) A noter qu’au fur et à mesure que l’UCI est contrainte de faire son job de façon moins laxiste, ils deviennent meilleurs, comparés aux autres.

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Dopage “bizarres”, dans divers sports.

Bêta bloquants (anti hypertenseurs) pour diminuer le rythme cardiaque.

Antidépresseurs (laroxyl) pour diminuer les tremblements (tir, arc, et… pétanque)

Ventoline, pour mieux respirer en dilatant les bronches.

Diurétiques… qui ne dopent pas directement mais qui masquent certains produits.

Conclusion : Le citoyen lambda a le droit de condamner le dopage. Mais dans la mesure où il se rue sur les tranquillisants dès qu’il est un peu stressé, sur les coupe-faim pour maigrir au lieu de se bouger le cul, sur le café quand il baille (au lieu de se coucher plus tôt), sur le red bull, l’alcool, le tabac, voire le “petit joint pour déstresser, “le rail de coke pour tenir” (chez les bobos cadres, ça le fait bien), etc., est-il en position morale pour jouer les Fouquier-Tinville?

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L’ancien du jour – Roger Pingeon

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Un fantastique baroudeur, capable de tenir un peloton à distance respectueuse dans des échappées solitaires grandioses. Hélas, mental fragile qui a limité son palmarès (très belle victoire au Tour 2007 gagné en équipe nationale – un court retour – grâce à une fantastique échappée qui l’a mené à Jambes avec 5 minutes d’avance sur le peloton, et grâce au dévouement sans faille de Poulidor qui l’a attendu dans Galibier quand il a été attaqué par Jimenez et Gimondi.

benjamin (textes et illustrations)


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