Je peux vous aider ?

Rien ne ressemble plus à un sèche-cheveux qu'un autre sèche-cheveux.

Le mien ayant lâchement décidé de me laisser tomber, le traître, j'ai du, et ce avec un énorme vague à l'âme, le remplacer.

C'est ainsi que l'autre jour, non armée et pas très dangereuse, je suis rentrée dans un magasin d'électroménager. Cela faisait une année que je n'avais pas mis les pieds dans l'antre de la ménagère de moins de 50 ans, son mari et ses 3 gosses.

La climatisation à fond, par les temps caniculaires qui courent n'étant pas de refus, l'hôtesse d'accueil harnachée dans son uniforme rouge cramoisi 100 % polyester, me salue avec un sourire de fin de journée.

Après les salutations d'usage, c'est d'un pas décidé que je me dirige vers le rayon adéquat.

Et c'est le drame. Parce que rien ne ressemble plus à un sèche-cheveux qu'un autre sèche-cheveux. La seule différence réside dans la couleur, la forme et éventuellement la manière dont le vendeur en acccessoires capillaires essaie de vous refourguer un modèle bien précis.

La seule chose que je demande à mon sèche-cheveux c'est de ne pas me coiffer à-la-va-comme-je-te-pousse. Les dernières fonctionnalités en vogue telles que concentrator, ultra powerful, removable grid, hanging loop ou encore ionic n'ont absolument aucune signification pour moi. C'est dire si je suis vierge de la sèche-cheveux attitude.

Lorsque j'exprime cette virginité au "conseiller en petit électroménager" boutonneux à chemise rouge, je tombe toujours sur le vendeur acnéique post-pubère peureux et terrifié, il prend son air le plus inspiré et tout fier de constater que j'en sais encore moins que lui, me lit ce qui est marqué sur l'emballage du sèche-cheveux auquel je fais référence.

Le jeunôt, à qui l'excès de sébum donne des ailes, s'extasie sur les mots, fast drying, utlimate shine, perfect finish ou cold air shot ont l'air de le transporter de joie et d'allégresse. Le monolgue capillaire le plus jouissif jamais déclamé.

Comme je suis joueuse, je lui demande si toutefois je n'envisageais pas une seule seconde d'acheter ce sèche-cheveux qui l'emmène dans de lointaines contrées pleines de petits poneys, est-ce que j'aurais raté ma vie ?

Et là, contre toute attente, cet être de lumière me répond : absolument.

Je me suis sentie bête. J'ai pris le carton sous le bras et je suis partie payer mon sèche-cheveux. Et pas une seule seconde, je n'ai pensé que je venais de me faire avoir.

Je vous laisse, il faut que je me fasse les ongles.

Photo : red_dryer_by_my_raspberry