Magazine Journal intime

Ma première journée aux urgences

Par Nainfermier

Je me souviens parfaitement de ma première journée aux urgences durant ma formation de Padawan infirmier et je crois que je m'en souviendrais encore longtemps. Voici le récit de cette journée mémorable:
Les urgences, ça fait peur, surtout dans un CHU. J'avais envie d'y aller depuis toujours, mais une fois que je me suis retrouvé devant les salles de déchoc, avec tous ces médecins, ces infirmières expérimentées, ces personnes qui ont sauvés des milliers de vies, je me suis demandé si j'avais bien ma place ici. Tous les jours dans ces urgences arrivent les patients ayant les pathologies les plus graves de la région. Alors forcément je ne savais pas bien ce que j'allais bien pouvoir faire avec mes toutes petites compétences de Padawan infirmier.
Ma première journée aux urgences
Bienvenu aux Urgences, petit nain fermier

Alors je débarque dans ces urgences, on me brief sur le matériel, on me présente à tout le monde, on me montre les salles, etc...Puis vient le moment où l'on m'attribue un box que je vais devoir gérer sous la supervision d'une infirmière (Pour moi un box c'était un endroit où l'on range les chevaux, j'ai appris ce jour là que c'était aussi un endroit où l'on peut ranger des humains malades). Je me dirige donc vers mon box et ouvre le rideau et découvre mon premier patient, un petit pépé entrain de déféquer sur le sol...ça commence bien! Je lis son dossier et voit qu'il est arrivé dans le service avec une alcoolémie à 4.2 mmol/l...Pas besoin de chercher trop loin la raison de sa confusion... Je veille sur lui un moment, lui pose une perf d'hydratation (qu'il arrache après 10 minutes et que je repose) et je surveille ses constantes. Puis ce monsieur allant de mieux en mieux, nous pouvons le transférer vers une unité d'observation. Il a, à ce moment là, un accès de conscience, me remercie de mes soins et me glisse un peu d'argent dans la main en me suppliant de l'accepter pour me remercier de mes bons soins...
Bon, si toute la journée est du même acabit, ça risque d'être pénible, mais rentable...
Avant de passer au deuxième patient, on me demande d'aller chercher avec l'infirmière un patient qui arrive par hélicoptère. Le temps d'enfiler une veste et je me retrouve donc sur le toit exactement comme dans la série Urgences avec l'hélico qui se pose à quelques mètres de moi. Je suis aux anges de vivre ça. On amène le patient au déchoc mais je dois tout laisser pour passer à mon deuxième patient.
Alors ce deuxième patient est une patiente, une jeune d'une quinzaine d'année qui a essayé de se suicider au paracétamol (Dolipran). Je découvre qu'il est effectivement possible de mourir d'un surdosage de cette substance que je croyais inoffensive...Je découvre également que l'antidote du paracétamol est tout bêtement du sirop pour la toux( le Flumicil). Je dois faire boire un litre de charbon actif à ma patiente, ça m'a l'air bien immonde et je sais pas trop bien comment faire pour que quelqu'un qui veut en finir avec la vie boive un liquide ignoble pour rester en vie...Bon je décide d'utiliser ma technique habituelle quand je veux obtenir quelque chose de quelqu'un: je demande gentillement avec un sourire...(drôlement élaboré, hein?) Et ça marche, elle accepte. Elle reste quelques heures puis part en observation. Il est déjà temps pour moi de passer à mon troisième patient.
Un jeune de mon âge qui vient pour suspicion d'overdose, mais en fait ce jeune homme n'a rien du tout, il prend quotidiennement 5 g de cocaïne et pensais avoir un peu abusé aujourd'hui...Vu qu'il ne parle qu'anglais, ma relation d'aide est un peu difficile mais je réussit à comprendre qu'il se drogue car il n'a rien d'autre à faire, parce qu'il s'ennuie...Sympa comme occupation, non?
Allez, je passe au dernier patient de la journée: une dame qui vient pour des douleurs abdominales, elle était allé à l'hôpital durant ses vacances en Arabie Saoudite, mais ils n'avaient rien trouvé. Nous lui faisons un scanner qui montre un cancer hépatique super avancé avec des métastases un peu partout dans l'abdomen... On le lui annonce, on lui dit qu'elle n'a plus que quelques mois d'espérance de vie...Super pour finir la journée en beauté.
Toute mes journées aux urgences on été nettement moins mouvementées par la suite, mais je me souviendrais de cette journée. Autant pour la quantité incroyable de choses nouvelles que j'ai vu ce jour là, que par la quantité d'émotion que j'ai vécu avec ces patients: Passant de l'amusement avec mon petit papy, à la joie avec l'hélico, puis à la tristesse avec ma patient au Doliprane, à l'incompréhension avec mon jeune drogué et finalement l'abattement avec ma vacancière...


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