La séance du Conseil Municipal du 08 juillet dernier s'annonçait plutôt consensuelle dans son ordre du jour [1].
Pourtant, la première heure fût quelque peu houleuse. En cause, une lettre de notre Maire socialiste rédigée suite à la grave crise politique que traverse notre ville. Problème, cette lettre a été mise en ligne sur un blog, par ailleurs également posteur, le matin du 08 juillet, avant-même que les élus n'en aient eu connaissance et même qu'elle ne soit adressée aux noiséens. Pour notre part, elle n'a été distribuée dans les boites aux lettres de notre immeuble que le 13 juillet, soit ...une semaine plus tard. (Elle est maintenant sur le site officiel de la ville).
Inutile de dire que cette situation a été mise en exergue par l'opposition municipale de gauche.
En voici tout d'abord le contenu :
Pour mieux lire la lettre, cliquez ici
Sur le fond, il y a beaucoup à dire
Je cite : « (...) ma détermination à poursuivre le mandat que vous m'avez confié en mars 2008 (...) ». Une fois de plus, notre Maire oublie qu'elle n'a pas été élue au suffrage universel direct, mais par les Conseillers Municipaux. Les Noiséens, eux, ont voté pour une liste, une équipe, et non pour une personne. Nous nous en étions déjà fait écho dans nos colonnes [2]. Elle se contredit même au troisième paragraphe puisqu'elle y dit bien : « (...) La diversité de la nouvelle majorité de gauche à laquelle vous avez souhaité confier les rênes de notre ville (...) ».
Dans ce même paragraphe, elle y confronte même la richesse de la diversité mais aussi les difficultés qu'elle engendre. Pourtant, depuis le début de sa campagne électorale en fin 2007, Alda Pereira-Lemaitre aime la diversité. Elle ne cesse, dans ses allocutions publiques, de mettre en avant la diversité de notre population municipale sur les plans culturels et sociaux qu'elle considère comme un atout. Dans ce cas, pourquoi semblerait-elle moins apprécier la représentation officielle de cette diversité qu'est notre Conseil Municipal ? Parce qu'elle y est minoritaire et qu'elle ne peut faire avancer ses projets aussi vite qu'elle le souhaiterait ? Mais il est absolument incontestable que cette minorité au sein du Conseil reflête la réalité de sa minorité au sein de la population électorale, et même parmi les plus jeunes n'ayant pas encore l'âge de voter (j'y reviendrais dans un tout prochain article). Explications :
La diversité noiséenne : Richesse ou difficulté ?
La Ville de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), qui compte environs 39.500 habitants et un peu moins de la moitié d'électeurs était, en 2008, une ville partagée en deux parités politiques, de droite et de gauche. Souvenons-nous que le basculement droite > gauche en 2008 s'est joué à seulement près de 200 voix, à peu près comme en 2003 (basculement de gauche à droite). Ces 50% de "gens de droite", dans toutes ses composantes (UMP, MoDem et Nouveau Centre), sont représentés par 23% d'élus (9). Les 50% de " gens de gauche " sont donc représentés par 77% du Conseil (30)
Or, il ne faut pas omettre que le Parti Communiste qu'incarne Gilles Garnier (également Conseiller Général PC) talonnait, à lui seul, et d'un point seulement, la liste unie PS+Verts. (de mémoire environ 26% pour le PC, 27% pour le PS+Verts). Aux dernières élections régionales, il a fait localement environ 13,5%, soit le double du Front-de-Gauche sur le plan national. Le PC noiséen , même s'il a connu des moments plus glorieux par le passé, n'en reste pas moins une section encore bien implantée qu'un Maire de gauche ne peut ignorer. Il a encore du poids localement.
Les Verts. Du moins nos Verts. Ils m'apparaissent un peu atypiques par rapport à l'image nationale de leur Parti. Désinterêssés, il sont loin d'un système d'appareil politique. ils sont spontannés, accessibles et disponibles pour tous, ont toujours répondu favorablement et promptement à nos questionnements rendus publics sur nos pages. Ils portent juste des projets, sans sombrer dans une notoriété éxacerbée. Or, aux derniers scrutins, les Verts ont localement fait entre 16 et 14 %. C'est donc une section locale qui s'implante et s'enracine. C'est du vrai "développement durable". D'autant que la franchise et la teneur des propos tenues par Anne Déo ces derniers mois l'ont probablement créditée de plusieurs points d'opinion favorable dans l'électorat noiséen. Un Maire de gauche ne peut pas l'affronter.
En conséquence, Anne Déo et Gilles Garnier représentent au moins 30% de la population. Et je pense que ce chiffre est encore sous estimé. Si on y ajoute 50% d'électeurs de droite, cela signifie que 80% des électeurs ... ne soutiennent pas le Maire. Ce que confirme la composition de notre Conseil Municipal avec 74% élus d'opposition.
Police Municipale : Prétexte ou divergence de fond ?
Dans son quatrième paragraphe, notre édile y évoque notre service de Police Municipale. C'est un problème, c'est vrai. Notre Maire y est favorable, et sur ce point, je suis en accord avec elle. Encore faut-il en définir les missions. Au même titre que la Police Nationale obéït aux instructions données politiquement par le Ministre de l'Intérieur, une Police Municipale obéït aux instructions politiques du Conseil Municipal. Les Verts veulent plus de "police environnementale" ? La Police Municipale en a les prérogatives. Il suffit de le lui en donner les objectifs. Pour le PC, c'est plus compliqué, Mais qui dit existence d'une Police Municipale ne fait pas obstacle à la présence de médiateurs (dont on a pu constater l'efficacité pas plus tard que la nuit dernière, j'y reviendrai). Mais la Police Municipale n'est-elle pas finalement qu'un problème parmi tant d'autres, exposés respectivement sur le blog des Verts avec à sa tête Anne Déo et celui du groupe GRR, présidé par Gilles Garnier ? Toujours dans ce même paragraphe, notre Maire ajoute : « (...) nous poursuivons le débat avec les habitants, les associations et toutes les forces vives de notre ville afin de définir ensemble les missions de ce service de tranquilité urbaine, sans idéologie ni dogmatisme (...) ». Combien de fois nous a-t-on promis un vrai débat sur la tranquilité publique ? Jamais organisé. Seuls les Verts et les Communistes ont eu le courage d'organiser un débat sur cette thématique en décembre dernier. D'autant plus courageux qu'il s'agit un sujet sensible qui se déroulait dans le quartier le plus concerné.
Les mots utilisés publiquement en Conseil Municipal par ces deux Présidents de groupe sont de graves reproches à l'endroit de notre édile socialiste : "problèmes de gouvernance", "incapacité à débattre", "demande de démission", "conflits",... On dépasse là, et de loin, le seul problème de la Police Municipale. On attendait de notre Maire qu'elle soit un véritable leader, une personne fédératrice. Deux ans et demi plus tard, tant le Conseil Municipal que la ville n'ont été autant déchirés.
Arbitrage du Préfêt : Sagesse ou manque de lucidité ?
Pas besoin d'être militant socialiste pour apercevoir les fissures au sein même du Parti Socialiste. N'importe quel citoyen, de surcroît blogueur, qui va régulièrement au contact de la population peut le constater.
Aujourd'hui nous avons un Maire très minoritaire et qui le sait. La sagesse voudrait qu'elle en prenne acte et qu'elle se retire dans la dignité. Bien évidemment, c'est, pour le Parti Socialiste, le risque de voir basculer la Municipalité dans le giron des Verts et Communistes avec comme Maire probablement Gilles Garnier, sauf à trouver un(e) autre élu(e) socialiste, plus consensuel(le) et fédérateur(trice) qui satisfasse aux Verts et Communistes pour achever le mandat dans de bonnes conditions. Mais même dans cette hypothèse, cela impliquerait une modification du tableau des Adjoints. Une sorte de remaniement municipal. Sachant qu'en tout état de cause, la démission de l'édile (on doute dans cette situation qu'elle reste Conseillère Municipale), implique l'arrivée d'un élu communiste, puisque les deux candidats suivants sur la liste de fusion de second tour sont Communistes.
Demander l'arbitrage du Préfêt revient donc à demander la dissolution du Conseil Municipal, la situation de blocage étant aujourd'hui avérée (pas de majorité, budget 2009 passé in extrémis, rejet du budget 2010, non approbation du Compte Administratif 2009,..) et donc à convoquer les élécteurs devant les urnes, avec le risque, à ne pas négliger, que la droite reprenne la Mairie. La situation nationale est aujourd'hui favorable à la gauche. Mais pour combien de temps encore ?
Qu'une élue de gauche puisse prendre un tel risque est bien surprenant, sauf à imaginer que cette procédure, assez longue, lui retarde son départ.
De toute façon, le chemin emprunté par les Verts et Communistes est sans retour. S'ils n'allaient pas au bout de leur démarche très rapidement en démissionnant, ils prendraient le risque énorme de se discréditer vis-à-vis d'un électorat qui leur est aujourd'hui favorable.
La rentrée risque d'être mouvementée à Noisy-le-Sec.
En attendant, voici quelques extraits des reproches à nouveau exprimés à l'endroit de notre édile en préambule du dernier Conseil Municipal.
Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
Cet article n'engage que l'opinion de son auteur
© 14 juillet 2010 - JENB Productions
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Références sur Le Post.fr :
[1] « Conseil municipal de Noisy-le-Sec : C'est demain (Résumé de la grave crise politique que traverse notre ville) » par Muriel Nicolau-Bergeret, 07 juillet 2010.
[2] « Le Maire Socialiste n'a pas l'intention de démissionner... Oublierait-elle seulement qu'il ne s'agit pas d'un scrutin uninominal ? » par Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret, 24 avril 2010.
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