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Richard Deacon – The missing part

Publié le 07 juin 2010 par Europeanculturalnews

Quand est-ce qu’une artiste ou un artiste fait partie des très grands ?

Il y a plusieurs réponses à cette question.
L’une pourrait être la suivante : Quand l’écriture artistique permet – où que l’on voit une œuvre dans le monde – de l’identifier. C’est effectivement le cas pour beaucoup de créations de Richard Deacon.
L’autre réponse pourrait être : Si l’on trouve le nom de l’artiste référencé dans un dictionnaire ou une encyclopédie. Ça aussi c’est le cas concernant Deacon.
Si l’on cherche sur Google « New british sculptor » ou alors, si on feuillette une encyclopédie d’art, on le trouve sous cette définition aux cotés de Stephen Cox, Tony Cragg, Barry Flanagan, Anthony Gormlzy, Shirazh Houshiary, Ansih Kapoor, Alison Wilding et Bill Woodrow. Tout comme certains parmi ceux qui viennent d’être cités, Deacon a également remporté le prix «Turner» et au début de sa carrière, dans les années 80, il a exposé au « Institute of Contemporary Arts » à Londres.
Après avoir remporté de nombreux autres prix et ayant été chargé de cours à de nombreuses écoles, il enseigne depuis 1999 à l’école nationale supérieure des beaux-arts à Paris. D’où son français – excellent, bien que teinté par un petit accent. Un détail pratiquement exceptionnel pour un artiste de l’île.
Actuellement, et encore jusqu’au 19 septembre, se tient au MAMCS à Strasbourg l’exposition «Richard Deacon. The missing part» pour laquelle on a rassemblé des travaux de l’artiste des 40 dernières années. Il s’agit en fait de la première exposition vraiment importante, incluant une grande partie de ses œuvres, comme des œuvres photographiques de ses débuts, des dessins et des travaux graphiques. Les 40 sculptures appartenant à toutes les périodes de création de l’artiste, donnent un bon aperçu de l’évolution de Deacon dans ce domaine.

Richard Deacon – The missing part

Richard Deacon "Quick", 2009, chêne et acier. Strasbourg, MAMCS (c) Ken Adlard

Dans le vaste atrium, on peut admirer «Quick», une œuvre achetée par le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg. Après cette exposition, elle sera installée de façon définitive parmi d’autres œuvres de la collection permanente au premier étage. Pour l’instant, cette boucle sans fin, longue et tortueuse impressionne le visiteur dès qu’il entre dans le musée. « Beaucoup de mes travaux ont des titres avec plusieurs significations. « Quick » par exemple a un rapport avec la vie – le contraire de la mort. Ce qui est rapide, contrairement a ce qui est mort. La structure transversale à l’intérieur de l’œuvre me fait penser à un circuit automobile – là, où tout se passe à toute vitesse. Mais le terme « quick » a également un rapport avec la grossesse il est donc à plusieurs titres «pluridimensionnel».
Je trouve la deuxième partie du titre de l’exposition très réussie, car cette œuvre, achetée par le musée, était en quelque sorte celle qui manquait encore au musée. Mais également, parce qu’ici on expose pour la toute première fois des dessins qui datent de mes débuts et qui manquaient jusqu’ici pour la compréhension de mon œuvre. Et «last, but not least», parce qu’une partie de la somme nécessaire à l’achat de «Quick» (le musée ne disposait pas de la totalité des fonds) était payée par un particulier, qui a donc réglé la partie manquante. Pour le remercier, je lui ai offert un dessin qui portait – indépendamment de tout ce que je viens de vous raconter – le même titre. »

Contrairement à beaucoup d’autres, Richard Deacon est infatigable quand il s’agit d’expliquer son œuvre. Il semblerait que ce soit très important pour lui, d’être compris – et bien compris. « C’est la poésie du langage qui permet de combler le vide entre l’objet et celui qui le regarde » Ainsi, Deacon explique également sa démarche par rapport aux titres qu’il donne à ses œuvres. « Quick », le dernier achat du musée est représentatif pour beaucoup d’œuvres de l’artiste, où il relie les différents matériaux comme le bois et le métal de façon très très complexe entre eux. Pour la mise en œuvre, il dispose d’un certain nombre de collaborateurs, mais l’idée n’est pas du tout affinée par ordinateur, ce que l’on pourrait éventuellement supposer de nos jours. « Non, je fais partie d’une autre génération » à répondu l’artiste à la question d’une journaliste qui allait dans ce sens. « J’ai besoin de mes mains et du matériau pour arriver à créer quelque chose. Si je fais une sculpture, je travaille en permanence avec la surface. Je déforme le matériau, je lui donne d’abord une forme juste, comme quand je roule une feuille de papier. Ne reste à l’extérieur que la surface. » Pendant que Deacon explique sa façon de travailler, il illustre ses propos effectivement en formant un rouleau avec une feuille de papier blanc qu’il tord ensuite.

Le sculpteur Richard Deacon, né à Wales en 1949, a créé un grand nombre d’œuvres – même pour le domaine public. A ses débuts, il a fait un travail important concernant les théories artistiques, il s’est penché sur le rôle de l’artiste et de l’œuvre d’art et a fait plusieurs performances publiques. « Jusqu’à ce que je comprenne un jour, que cela ne me faisait pas avancer. J’aimais être avec les gens, j’aimais travailler avec eux, mais ensuite, je voulais me consacrer intensément à la sculpture, travailler et faire des expériences avec le matériau.

On voit et des photos de ses performances du début, et ses croquis datant de la même période. De grands formats en papier qui montrent que l’artiste luttait avec la forme. « Pour moi, ce qui était important, c’était de décrire la forme avec un trait d’un seul tenant. » Pendant qu’il parle, il esquisse le geste du trait avec sa main, un trait qui reste bien à l’abri derrière une vitre, intouchable.

Richard Deacon – The missing part

Untitled 2, 1975 collection de l´artiste (photo: Ken Adlard)

A coté, dans la même pièce se trouve sa première sculpture. Il s’agit d’un assemblage de différentes pièces de bois. Déjà à cette époque, il n’utilisait pas qu’un seul matériau, mais plusieurs. La conquête de l’espace par la forme. L’intérieur, l’extérieur, le vide et la plasticité : Ce sont les phénomènes qui incitent l’artiste au travail et à la réflexion.

« Un jour, je me suis retrouvé devant une étagère de fromages dans un supermarché, où il y avait du fromage d’emmental. J’ai pensé que reste-t-il si on essaie d’imaginer que le fromage autour des trous n’existait pas? Guidé par cette idée, j’ai commencé à construire une sculpture autour du vide. »
Ce qui peut ressembler à une anecdote bizarre, montre au fond très clairement comment Richard Deacon fonctionne. Comment il réfléchit sur des problèmes de forme et d’espace pour arriver à un résultat. Les sculptures de Deacon sont des créations artificielles, qui se suffisent à eux même – et à l’art. Elles ne posent pas de questions en rapport avec la critique sociale, elles ne veulent pas transmettre un message à tout prix. Tout ce que Deacon veut, c’est faire de l’art. Des objets qui restent gravés dans les pensées de ceux qui ont vu ses sculptures et qui cherchent à comprendre. Des signes dans un paysage, des signes dans un espace, qui déterminent et changent celui-ci.
« Je ne suis pas vraiment heureux de cette grande salle, parce que j’aime voir mes sculptures dans un environnement d’une autre réalité » a constaté l’artiste au cours de la visite de l’exposition. Sculpture donc égal monument Quelque chose, qui est présent, qui n’est pas uniquement déterminant mais qui s’adapte également en quelque sorte. A l’extérieur, ses formes organiques y parviennent très bien. Contrairement aux travaux purement géométriques, ce sont justement les parties fluides de ses œuvres et leur coté perméable qui donnent l’impression que la nature pourrait être à l’origine d’une création parallèle.

Richard Deacon – The missing part

North - Fruit, 2007, collection de l´artiste (photo: Hans Ole Madsen - Oettesen Galleri)

Cette particularité le lie à l’artiste dont la place devant le musée porte le nom – Jean Arp. Tous ceux qui ont vu la grande exposition de Jean Arp d’année dernière à Strasbourg, pourront confirmer l’existence de ses parallèles.

Pour voir ce que Deacon veut dire quand il parle d’un autre environnement pour ses sculptures, il suffit de faire un tour au centre ville au Palais Rohan. Dans la chambre à coucher royale se trouvent deux de ses sculptures en céramique – aux cotés de deux énormes vases chinois et des tapisseries murales françaises. Et là on comprend qu’un white cube n’est pas nécessairement le meilleur environnement pour les travaux de Deacon. C’est justement la langue et la confrontation avec un contexte vivant qui ajoutent à ses sculptures d’autres dimensions passionnantes.

Vous trouverez d’autres informations à l’adresse suivante : http://www.musees-strasbourg.org/sites_expos/deacon/

Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker


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