Magazine Info Locale

Propaganda – mange plus de lĂŠgumes!

Publié le 16 mai 2010 par Europeanculturalnews
Propaganda – mange plus de lĂŠgumes!

Die Gruppe Acrobat aus Australien (c) Karen Donnelly


La scène ressemble à un entrepôt pour êtres humains en transit, totalement en désordre. Seulement la barre dressée au milieu, arrimée par des cordes partant dans tous les sens est là pour annoncer les évènements qui se préparent. Deux hommes entrent en scène. Ils portent des chemises marrons et des collants gris surdimensionnés qui leur arrivent pratiquement à la poitrine. Les deux commencent le jeu comique d’Auguste et de son assistant. Celui-ci, en essayant de faire des acrobaties, fait d’innombrables tentatives pour grimper sur son partenaire tout en muscles. Une entreprise qui finit à chaque fois de la même façon : – aille – par terre ! Malgré tout, c’est du grand art acrobatique que montrent les deux hommes – avec des clins d’œil et beaucoup de malice.

La surprise est d’autant plus grande quand on découvre, quelques instants plus tard, que l’assistant est en vérité une femme, toute fine, sanglée telle une sirène dans un pantalon moulant, vert pomme. Elle grimpe encore et encore, sans jamais toucher terre, jusqu’à l’extrémité de la corde pour se laisser tomber ensuite ou alors pour redescendre à toute allure. Prisonnière des boucles de cette même corde elle s’en extrait, en tournant, dans une manœuvre périlleuse, en direction du sol.

Le duo de cirque australien « Acrobat », Jo Ann Lancester et son mari Simon Yates, créateurs de « Propaganda » semblent avoir des muscles qui ne connaissent pas la fatigue. Ce qu’elle montre à la corde, ses multiples façons, pour certaines incroyables, de monter et de redescendre, lui, il le montre le long de la barre – et c’est à couper le souffle : La tête en bas, il se hisse quelques mètres plus haut – ou plutôt il « saute » plus haut à la seule force de ses bras. Peu après, tel un jouet d’enfant qui, désarticulé, descend un bâtonnet en bois, Yates descend le long de sa barre. Il montre des mouvements dont on ignorait l’existence jusqu’ici. Il prouve qu’il est possible de dormir contre une corde en biais, à peine tendue, comme dans un lit et de se changer après son réveil pour être prêt à partir au travail. Cette preuve, il la donne sans aucune prétention, comme si ce n’était même pas la peine d’en parler. A la fin du spectacle, le numéro d’acrobatie autour d’un vélo, pour lequel les deux acrobates portent des collants blancs à fines côtes, fait renaître une certaine nostalgie – tout comme au début de la pièce. Mais à coté de ça existent toutes sortes de rapports théâtraux, faisant allusion au titre de la production. Au cours du spectacle on apprend, que « propaganda » peut signifier autre chose qu’un orateur hurlant sur un podium des paroles censées « motiver les troupes ».

Formidable Yates, qui ouvre et ferme sa bouche telle une marionnette, « accompagné » par le haut-parleur derrière lui qui diffuse des annonces guerrières. La propagande ne signifie pas seulement, comme suite logique du « turbo » capitalisme, qu’on est censé manger des billets de banque et des pièces de monnaie, comme s’ils étaient une délicieuse salade. On peut définir comme « propagande » aussi toutes les méthodes subtiles qui incitent à éduquer les enfants dans l’idée d’une vie saine, vraie, authentique et belle.

Grover, le fils des acrobates en costume d’ange, s’envole sur sa balançoire d’enfant dans les airs pour présenter, les unes après les autres, des pancartes au public : On pouvait y lire entre autres « Mange plus de légumes ! » « Sois gentil » ou encore « Circule en vélo ». Une façon de rajouter à ce spectacle éreintant une bonne dose de prise de conscience.
La propagande commence à l’âge tendre de l’enfance! Qui l’eût cru ? Dans le petit programme, une simple feuille format A 4 est dit, que Grover mange beaucoup de légumes, mais concernant la betterave rouge, il avait encore du chemin à faire ! Une jolie preuve que « Acrobats » communiquent ouvertement et humainement avec leur public – sans oublier les clins d’œil!

La démonstration d’une maîtrise totale et parfaite du corps humain. Présentée, comme si les choses les plus difficiles étaient les plus évidentes à réaliser, c’était une soirée très touchante : en grande partie grâce à sa mise en scène « familiale » mais aussi de par le regard aiguisé qu’elle portait sur les limites de l’homme, y compris dans le domaine artistique.

Le spectacle à Strasbourg fut le coup d’envoi pour leur tournée européenne. « Propagande » sera jouée à Londres, Madrid, Toulouse, Karlsruhe, Saint Etienne, Grugliasco, Paris, Croningen et Norsborg.

Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Europeanculturalnews 53 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine