Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette antienne : « l’entreprise XYZ supprime 250 postes mais cette réduction se fera sans licenciements secs ». Qu’attend-t-on pour fouetter en place publique de pareils imbéciles ! Dans l‘industrie et certaines activités de service, un poste de travail correspond à 2, 3, voire même quatre emplois. Sans considérer les dégâts divers entraînés par ces cessations d’activité forcées, ces emplois qui disparaissent sont autant de possibilités d’emploi qui se dérobent devant les nouveaux arrivants. Et l’on se trouve devant des anciens mis au rebut et des jeunes au chômage qui, les uns comme les autres, ne cotisent pas.
Cette dégradation de l’emploi n’est pas récente. Je citerai ici des offres qui m’ont été faites dans la multinationale qui m’employait et qui, fort heureusement, a su surmonter ses difficultés. Dès 1991, elle a incité ses seniors à quitter l’entreprise. Elle leur a ensuite offert des emplois à mi-temps puis, en 1994, leur a proposé une dispense d’activité, combinée à une baisse de salaire, qui a entraîné mécaniquement une baisse des cotisations retraite. Certains de mes collègues sont ainsi restés dans un tel dispositif douze ans. Ces dégagements des plus anciens n’ont guère créé de postes pour les plus jeunes. Actuellement, sauf erreur de ma part, au niveau national, 25% des jeunes ne trouvent pas de place sur le marché du travail. De la même manière, les seniors mis au rebut dès l’âge de cinquante ans cessent de cotiser. Tout ceci diminue sévèrement les recettes.
Nos gouvernants sont habiles à discourir et attaquer leurs adversaires politiques. L’incertitude dans laquelle nous nous trouvons quant à la possibilité d’une alternance efficace est un souci d’abord pour la gauche, ensuite pour l’ensemble des Français. Mais cela ne concerne en rien la majorité qui est aux commandes. Elle se répand vainement sur une prétendue inaptitude à gouverner de l’opposition. Ce qui compte, c’est ce qu’elle parvient à faire elle, qui est aux commandes et dispose d’un pouvoir de plus en plus hégémonique. Tout ce qu’elle trouve pour remédier au déséquilibre du régime des retraites, c’est de reculer l’âge de départ à la retraite. Solution inepte, alors que déjà trop de seniors sont sans emploi et se retrouveront avec des retraites de misère.
L’allongement de l’espérance de vie joue évidemment un rôle dans l’équilibre de notre système de retraite. Il ne faut pas oublier cependant que l’espérance de vie n’est pas également répartie selon les catégories sociales. Le premier problème à régler est celui de l’insuffisance des cotisations. La priorité des priorités est de faire reculer le chômage. C’est autrement plus difficile que faire des effets de manche et de micro à l’Assemblée nationale.