Le gouvernement du Vietnam, dirigé par le parti communiste du pays, vient de publier le premier numéro d’un magazine sur les droits de la personne. C’est pour répondre aux critiques de nombreux groupes internationaux, tels : l’ambassade américaine de Hanoi, l’Union Européenne, Humanrights watch, Journalistes Sans Frontière et plusieurs autres mouvements pour le respect des droits de la personne. Ces groupes déplorent le fait que des Vietnamiens et Vietnamiennes sont emprisonnés pour leurs opinions sur la démocratie et la liberté religieuse.
Comme je l’ai décrit dans mon blog du 8 juin dernier sur « Le Vietnam, un État policier : Nouvelle arrestation de Lê Thi Công Nhân », j’ai été témoin des agissements de la police secrète vietnamienne au moment où elle s’apprêtait à arrêter la jeune dissidente et avocate Lê Thi Công Nhân. C’est donc très récent.
Le ministre des affaires extérieures du Vietnam Gia Khiem a l’audace de défendre l’initiative de son gouvernement pour cette nouvelle publication en affirmant que depuis 25 ans, le parti communiste a tout fait pour favoriser les droits de la personne. Il accuse à son tour « les forces hostiles qui constamment abusent des sujets de démocratie et de droits de la personne en salissant, déformant et interférant dans le développement de son pays ».
Le but du magazine mensuel est d’informer les Vietnamiens et le monde extérieur sur le parti communiste au pouvoir et sur ses politiques. Il vise à les assurer que « la protection des droits de la personne est dans la nature même du régime » et à réfuter les affirmations mensongères et hostiles qui circulent dans le monde.
Pour la gang (ce qu’est en réalité le parti communiste Vietnamien) qui dirige le pays, tout acte de dissension est une menace pour renverser éventuellement leur gouvernement, donc leur enlever le pouvoir. Pour se protéger, ces pseudo-communistes visent les dissidents dans le pays comme Lê Thi Công Nhân et les Vietnamiens qui vivent à l’étranger. Ils détestent les activistes américains et les qualifient de groupes terroristes. S’ils prennent connaissance de mes blogs et de mes actions sur le sujet de la liberté d’expression au Vietnam, je suis devenu un terroriste à leurs yeux.
Une nouvelle loi sur les cafés internet doit d'ailleurs entrer en vigueur ce mois-ci et obliger chaque café à garder trace de tout visiteur. Ainsi Starbucks, non seulement offrira l’internet gratuit, mais deviendra un espion pour les communistes en dénonçant ceux qui l’utilisent dans ses cafés. Google, Facebook et autres de même nature sont visés par une nouvelle réglementation gouvernementale qui exige des fournisseurs de services internet publics l’installation de logiciels capables de suivre les activités de certains sites et de les bloquer si la gang le juge nécessaire, tout comme le fait actuellement le parti communiste chinois.
Il faut reconnaître que le parti communiste vietnamien a pris de très bonnes décisions en rapport avec le développement économique du pays. Depuis qu’il a mis le communisme de côté pour appliquer le capitalisme dans le pays, il a réussi à diminuer la pauvreté par dix en quelques années. Le pays est aussi en pleine expansion touristique. Cependant, le parti démontre par ses actes et ses lois qu’il ne tolère aucune forme de dissension et utilise des lois désuètes et non précises pour emprisonner ceux qui le défient publiquement et sur internet.
Lê Thi Công Nhân, jeune avocate de 33 ans et porte-parole du Mouvement pour la démocratie au Vietnam a déjà passé trois ans en prison et est assignée à résidence pour trois autres années. Depuis sa sortie de sa geôle, elle a été arrêtée deux fois et mise en prison pour quelques jours. Suite à l’incident dernier dont j’ai été témoin, je ne peux savoir malgré toutes mes démarches où elle se trouve actuellement. Quant au jeune président du Mouvement, il est encore en prison avec plusieurs autres prisonniers politiques. Ces jeunes individus sont prêts à sacrifier leur vie pour cette noble cause.
La démocratie viendra au Vietnam un jour. C’est inévitable. Ces jeunes la veulent tout de suite et non dans 20, 30 ou 50 années afin que le peuple ait une voix au chapitre pour choisir ceux qui le gouvernent et que la corruption par la gang communiste prenne fin.
Claude Dupras