Mont-de-Marsan, samedi, lleno, six toros de
Garcigrande justes de présentation et aux défenses modeste mais nobles
et encastés dans l'ensemble. Les meilleurs : troisième (le plus complet)
et cinquième (vuelta al ruedo); le quatrième querencioso.
Enrique Ponce, rouge et or: silence et salut.
El Juli, pourpre et or: deux oreilles et deux oreilles.
Matias Tejela sang et or: oreille et oreille.
Nous l'aimons cette chanson du Plumaçon, les brassées d'hortensias qui descendent du tendido cinq, l'enthousisame du public les jours où ça veut rire. Et ce fut le cas hier, Madeleine a trouvé son novio Julian qui a détrôné dans les coeurs le charmant Enrique. Il s'est écrit sur le sable montois une page importante: la destruction de la dernière bastide ponciste, le sud-ouest. Et c'est El Juli qui a enlevé cette place forte par son talent, sa détermination, sa maestria.
Ca peut paraître cruel mais, même si cela déplait, il faut se rendre à l'évidence ce que Julian a gagné en profondeur, Enrique l'a perdu en vérité. Jamais le Valencien ne s'est croisé sauf dans la querencia du cinquième où il donna une série plus centrée. A l'épée il fut l'ombre de lui-même, à vrai dire lamentable. Ainsi après Madrid et le Sud, il ne lui reste plus que sa patrie Valencienne, dernier réduit de son épopée.
El Juli a montré hier qu'il dominait tous les tiers, qu'il avait une sensibilité nouvelle, qu'il était beaucoup plus qu'une mécanique bien huilée, qu'il possédait une vraie sensibilité artistique; on le savait depuis Séville mais la tarde montoise comptera. Comment passer derrière un monstre comme Julian? Tejala, rudement secoué par son premier, courageux, a souffert de la comparaison; sa vaillance a séduit les cœurs portés à l'indulgence.
Le lot de Garcigrande a permis cette grande après-midi. On les annonçait commerciaux, ils ont été enracés et plein de classe. Les oracles de la tauromachie souvent se trompent!
Pierre Vidal