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Canet, le 21 06 2010 : le nuage sémiosique et le temps

Publié le 19 juillet 2010 par Balatmichel

Canet, le 21 06 2010 : le nuage sémiosique et le temps

M. B. : Nous sommes le lundi 21 juin 2010. Pour indiquer un peu la démarche que je suis, du verbe suivre, comme toujours, je me sers de la logique, avec tous ses développements. Ce ne sont pas des logiques extraordinaires, mais plus simples et les plus classiques qui soient, mais qui donnent des bases solides. Plus ça va, plus j'essaie d'intégrer le concept de sémiose dans ce que je fais, c'est-à-dire que, comme vous l'avez vu, nous sommes passés la dernière fois, de définitions purement logiques, simples, — comme : qu'est-ce que le général ? Réponse : c'est quand on omet le principe du tiers exclu ; qu'est-ce que le vague ? Réponse : c'est quand on omet le principe de contradiction, — à quelque chose de plus subtil : dans une sémiose concrète comment ça se manifeste ? C'est-à-dire, est-ce qu'il y a un manière de caractériser les sémioses qui puisse permettre de savoir s'il y a du général, du vague, etc. ? J'avais développé ça en vous disant que, au fond, le général et le particulier, l'universelle je veux dire, et la particulière sont à mettre du côté du général sans doute, mais cette fois-ci avec l'idée, mais c'est un vieux truc de Peirce, qui est que lorsque une proposition universelle est affirmée, à ce moment-là l'interprète, lui, est libre de choisir le sujet qu'il veut. « Tout homme est mortel ». « Quel homme ? » Celui que vous voulez ! Dans la sémiose qui permet de définir le vague, c'est « quelqu'un est venu hier soir », et si je dis « mais qui ? », « à vous de trouver ! » Il y a bien quelqu'un de précis qui est venu. C'est et ce que j'essayais de développer, mais en essayant maintenant de différencier le particulier du singulier. En fait le particulier est doté d'une certaine généralité, ne serait-ce que la généralité que lui confère le fait d'être un ensemble de sujets. Que cet ensemble lui-même soit vague d'une certaine façon c'est à voir, car il y a une part de vague. On ne peut pas choisir tout à fait, il y a une part de contrainte importante dans le fait d'avoir à choisir dans cet ensemble, mais la généralité tient au fait que cet ensemble ayant été défini, on peut prendre n'importe lequel des sujets dans l'ensemble, et ça, c'est la généralité. Ainsi le particulier est quelque chose qui se distingue d'une certaine manière du vague, parce qu'on peut choisir le sujet qu'on veut dans l'ensemble, mais aussi du vague, parce que l'ensemble en question est bien défini. D'où l'idée de mettre le singulier comme le vrai sujet de la logique du vague.

Je vous avais promis aussi de vous parler de la question du temps, puisque c'était la question que pose Mathieu. Je vous avais demandé de lire un petit texte qui est sur mon site qui s'appelle Lois du temps, loi de l'espace, c'est un extrait du bouquin, à la fin du Des fondements sémiotiques de la psychanalyse, j'ai traduit avec ma cousine germaine le texte de Peirce, enfin c'est elle qui l'a traduit parce que si c'était moi !… J'ai trouvé intéressante la question de Mathieu, vous lui transmettrez ce que je dis, qui demande : qu'en est-il de l'assertion de certitude anticipée ? Je vous rappelle un petit peu, c'est un texte de Lacan, un ancien texte de Lacan, dans les Écrits, c'est un des premiers textes des Écrits. Il y a trois prisonniers, et l'un d'entre eux va pouvoir être libéré à condition qu'il résolve la question suivante : chaque prisonnier a dans son dos un rond noir ou blanc, le premier qui devine la couleur du rond qu'il a dans son dos, sera libéré. Bon, il y a des contraintes morales là-dedans, enfin morales immorales, parce qu'évidemment les deux autres ne vont pas lui dire ce qu'il a dans le dos, donc il va falloir qu'il le trouve en ne voyant que celles qui sont sur le dos des autres.

Je vous lis le début du texte : Le directeur de la prison fait comparaître trois détenus de choix et leur communique l'avis suivant : pour des raisons que je n'ai pas à vous rapporter maintenant messieurs, je dois libérer l'un d'entre vous. Pour décider lequel, j'en remets le sort à une épreuve que vous allez courir s'il vous agrée. Bon, admettons le ton d'une prison inusuelle.

Il y a cinq disques, trois sont blancs et deux sont noirs. Il accroche trois des disques dans le dos des prisonniers et il attend. À un moment donné, un des prisonniers dit « j'ai un disque de telle couleur dans le dos », c'était ça, et il s'en va. Voilà, c'est simple. Alors, comment ce prisonnier a-t-il fait ? Supposons qu'il y ait deux noirs dans les trois choisis par le directeur stylé, celui qui verrait les deux noirs dirait « le mien est blanc » puisqu'il n'y a que deux ronds noirs, et il partirait. Or cette configuration ne s'est pas produite, c'est là que se pose la question du temps logique. Premier temps, personne ne bouge, donc le fait que personne ne bouge est déjà un événement en soi, parce que ça signifie qu'il n'y a pas deux disque noir dans la distribution. Supposons maintenant qu'il y ait un noir uniquement. Le prisonnier qui verrait le noir saurait qu'il a un blanc dans le dos, et partirait. À nouveau, dans ce deuxième temps, personne ne part. Donc il y a trois disques blancs, et le premier prisonnier qui peut penser ça énonce « j'ai un disque blanc », et part. C'est d'une logique implacable.

(…)


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