Vous avez certainement lu ou entendu nos médias enthousiastes clamer mardi soir, après l’arrivée à Pau, « sixième victoire française dans le Tour de France ».
La première remarque que je fais, pour tempérer cette allégresse, c’est que depuis de nombreuses années, cette épreuve reine du cyclisme ne se court plus par équipe nationale mais par équipes de marques. Il ne saurait donc y avoir de victoire nationale. Tout simplement, on a assisté à la sixième victoire d’un Français. Lorsque Frank Ribery marque un but avec le Bayern de Munich, ce n’est pas un succès français. Il lui aurait fallu pour obtenir des lauriers tricolores réaliser le même exploit dans le cadre du Championnat du monde de football. Il est vrai qu’il s’est aussi permis d’opérer sur d’autres pelouses.
Et voici la seconde remarque : c’est précisément parce qu’aucun Français n’est actuellement en capacité de remporter le Tour de France que certains, et ce n’est en rien diminuer leurs mérites, peuvent gagner des étapes. Le plus souvent, ils y parviennent en prenant l’initiative très tôt dans l’étape de longues et harassantes échappées. Les ténors du Tour, constatant qu’on ne compte parmi cette poignée de solitaires aucun concurrent susceptible de les menacer, se contentent alors de surveiller leurs rivaux et entament rarement une poursuite.
Il est donc paradoxal mais bien conforme à notre esprit cocardier de voir les médias se glorifier de ce qui est plutôt la conséquence de notre faiblesse persistante dans le monde de la petite reine. Rien d’étonnant, avec un tout petit roi.