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Que pourrait bien vouloir dire de mieux être en un monde qui ne sait que violences ?
Etre… Avoir… Deux mots à l’intime liaison qui ne font que cadencer la tragédie permanente.
L’un autorise à l’affirmation d’un soi méprisant et hautain, l’autre, conséquence et ferment du premier, ne connaît nulle limite.
Avoir pour être… Etre pour avoir, et la roue implacable qui tourne et broie, et jamais ne s’arrête.
On affiche à sa boutonnière les médailles d’horreur. Elles tiennent lieu de carte de visite et de colonne vertébrale.
On affiche son rôle social comme unique définition de son être. L’avoir se mesure en rutilantes carrosseries.
Jamais on ne pose la question de vivre. Seule la survie demeure, suspendue aux lèvres boursoufflées de l’être et de l’avoir.
La vie, s’immisce et ne respire que par procuration.
Elle n’est qu’un cadeau qu’être et avoir laisserait en partage pour mieux se faire aduler.
On cherche donc à mieux être quand il nous faudrait mieux vivre.
On suspend notre parenthèse de vie à l’apparence d’un message de sérénité.
Sagesse s’enfuit et nous laisse pantois, plus isolés que jamais, parmi la foule qui ne sait où elle va.
Elle y va, cependant, elle y plonge et fredonne les mantras serinés à longueur d’antenne.
On apprend à mieux être pour mieux posséder.
Pour avoir il faut apprendre à posséder, à tromper, à flouer.
Il ne faut pas le moindre savoir vivre : il faut apprendre à écraser, au nom de l’être, la petite fleur d’humanité timide, lentement germée sur un chemin de hasard.
*
On me demandera encore de quoi je parle.
Je dirai que je ne parle de rien,
Ou de tout, c’est selon.
.
On me demandera ce que je fais.
Je dirai que je ne fais rien,
Ou tout, c’est selon.
.
On me demandera de préciser ma tâche.
Je dirai que je vis, que je construis un art de vivre
Ce sera tout, ou rien, c’est selon,
Selon le regard et le cœur
Selon l’amour ou son apparence.
.
Manosque, 2 juin 2010
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