À quoi servent les radars de feu tricolore ?

Ils ont été mis en service cette année. Qui ça ? Les radars de feu tricolore, qui s'ajoutent aux radars automatiques toujours plus nombreux - et moins signalés, voire portant sur des distances de deux kilomètres - disposés le long des routes, voies express et autoroutes. Ces radars de feu rouge complètent également les contrôles mobiles qui se multiplient dans les villes de France. Avec ce nouveau dispositif, pas de discrimination : les citadins seront autant flashés que les ruraux ! Plaisanterie à part, il y a de quoi être sceptique devant le principe-même du radar de feu. Si le feu est tricolore, c'est, en toute logique qu'il affiche trois couleurs : vert, rouge... et orange. Au rouge, l'automobiliste flashé est celui qui a grillé le feu : normal qu'il soit sanctionné. Mais que se passera-t-il à l'orange ? Les automobilistes ne seront-ils pas tentés de « piler », au mépris du Code de la route, au lieu d'accélérer légèrement lorsque leur freinage pourrait conduire à une collision avec le véhicule de derrière (remarque qui vaut encore plus si un deux-roues est impliqué, et/ou si la chaussée est glissante) ? Par ailleurs, la longueur différente des feux orange selon les endroits ne risque-t-elle pas d'accroître l'indécision du conducteur en pareille circonstance ? Certes, les passages à l'orange ne seront pas sanctionnés, mais comment l'automobiliste en sera-t-il certain, dans l'urgence ? Même au rouge, ce radar de feu tricolore pose problème : comment, lorsqu'un carrefour est congestionné (ce qui arrive assez souvent dans les grandes villes, de plus en plus autophobes), l'automobiliste pourra-t-il s'avancer, s'il risque d'être flashé pour grillage de feu rouge intempestif ? Le caractère automatique de la contravention rendra d'ailleurs la contestation beaucoup plus dure que lorsque l'infraction est constatée par un policier ou un gendarme, c'est-à-dire un être humain, capable de comprendre pourquoi le comportement de l'automobiliste a été intelligent. Ajoutons, pour prolonger notre réflexion récente sur le moindre signalement des radars sur autoroute à partir d'août, que le fait que ces radars de feu tricolore ne soient pas signalés rend leur rôle préventif pour le moins douteux. On se demande, avec tous ces éléments, à quoi peuvent bien servir les radars de feu tricolore, sinon, comme leurs homologues autoroutiers, à constituer une manne fiscale facile à lever, voire un outil de fichage de la population particulièrement efficace : ces radars pourront se doubler d'une caméra de vidéo-surveillance à reconnaissance biométrique à l'avenir...