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Lettre ouverte au Président Laurent Gbagbo, au sujet de trois journalistes emprisonnés

Publié le 22 juillet 2010 par Richman

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T.Kouamouo et Saint Claver Oula 19 juillet 2010 AFP
Cette lettre de Gri Gri International expose tellement bien les faits, que je me demande si les autorités ivoiriennes en sont conscientes.


Monsieur le Président de la République de Côte d'Ivoire,
Souvent le Gri-Gri International, depuis 2002, vous a sinon soutenu, du moins défendu, et essayé de démêler l'information de la propagande du Quai d'Orsay, relativement à la situation dans votre pays. Ce n'est donc pas en adversaire, en "bien content de vous prendre la main dans le gant du dictateur" que nous saisissons la plume, quelques jours après l'arrestation et l'emprisonnement de trois de nos confrères : Stéphane Guédé, Théophile Kouamouo et Saint Claver Oula. Et quelques heures avant que ne tombe la décision d'une peine qui, serait-elle symbolique, demeurerait une indélébile tâche. Inutile de revenir sur les circonstances et les conditions de leurs arrestations, puisqu'il s'agit, l'historien que vous êtes le sait mieux que quiconque, d'une question de principe.
Les journalistes doivent pouvoir enquêter librement, a fortiori lorsqu'il s'agit du personnel politique, des milieux d'affaires et des classes dirigeantes. Et donc ici de la fillière Cacao. Les journalistes doivent pouvoir conserver le secret de leurs sources, quand bien même certains d'entre eux, et ce n'est pas le cas de ces trois-ci, ne seraient pas professionnellement à la hauteur de ces principes moraux. Toujours justement au nom des principes.
La Côte d'Ivoire se distinguait jusqu'à aujourd'hui de certains pays africains francophones, comme le Gabon, le Togo, le Tchad, où liberté de la presse rime avec censure, enquête avec prison et révélations parfois avec disparitions. On disait souvent avec envie qu'en Côte d'Ivoire, au moins, il existait, luxe réservé aux seules vraies démocraties, une presse d'opposition. La Côte d'Ivoire se distinguait même de la France du président Sarkozy, où les perquisitions chez les journalistes et les pressions pour obtenir d'eux qu'ils dévoilent leurs sources ne sont plus une incongruité.
Circonstance aggravante : un des trois journalistes emprisonnés, Théophile Koumouo, eut, en d'autres circonstances, et pour restaurer, justement, la vérité des faits au sujet des "évènements de Côte d'Ivoire", entre 2002 et 2005, à endurer, en France, le discrédit, le boycott puis enfin le bannissement professionnel... Il a raconté dans un livre fameux ses articles, contredisant le Quai d'Orsay et ses confrères français, caviardés, tronqués, réécrits dans son dos d'envoyé spécial par l'innommable et inqualifiable "spécialiste de l'Afrique" Stephen Smith. Qu'il nous soit permis de trouver pour le moins singulier, mal venu et scandaleux de le voir aujourd'hui à Abidjan encore plus mal traité qu'à Paris...
La Côte d'Ivoire a initié il y a quelques mois une vaste opération anti-corruption dans la fillière cacao. La presse ivoirienne et internationale, jusques et y compris celle qui ne vous était pas acquise, ont porté à votre crédit cette action. Avec l'arrestation inacceptable de ces trois journalistes, c'est le bienfondé, les modalités et le bénéfice de cette action qui sont menacés.
C'est pourquoi, Monsieur le Président de la République de Côte d'Ivoire, et nous joignant ici à tous nos confrères, nous vous demandons de bien vouloir agir afin que ces trois journalistes ne demeurent pas plus longtemps dans l'injuste, dégradante et déshonorante situation de voleurs, de bandits ou de corrompus enfin apréhendés, qui ne saurait correspondre ni au rang de la Côte d'Ivoire, ni aux principe démocratiques, ni à la certaine image qu'ici et là on se fait de vous...
Grégory Protche
Rédacteur en chef du Gri-Gri International


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