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Et J’Inventai Le « Bouclier Retraite »

Publié le 24 juillet 2010 par Sagephilippe @philippesage

Ah, t’en veux de la justice sociale ? Eh bien je vais t’en donner, moi ! Et de la gratinée. De la copieuse. De celle qui fleure le “bon sens”. Non mais attends ! C’est qu’ils nous feraient avaler n’importe quoi, dis !
Mais entrons dans le vif.
Dessin de Tignous.jpgLe bouclier fiscal, c’est quoi ? Mardi 20 juillet 2010, sur France Inter, Jean-François Copé nous en donnait une définition :
C’est : personne ne paye plus de 50% de ce qu’il a gagné, en impôts”.
Refrain connu …
Et cette règle est valable pour tout le monde. Pour Madame Bettencourt comme pour Marcel, ouvrier à Panazol. Quand bien même le Marcel, il a peu de chance (si ce n’est aucune) que l’administration fiscale lui rende un trop-perçu sous la forme d’un chèque affriolant au cas où "il serait évalué" que notre limousin aurait craché plus de 50% de ce qu’il a durement gagné.
Mais bon, c’est aussi cela le “vivre ensemble” et la sacro-sainte “égalité des chances” dont on nous rabat les oreilles. Sur le papier, ç'a de la gueule, mais dans la réalité, c’est Bettencourt & cie qu’empochent l’essentiel dudit “trop-perçu”. Quant à Marcel, qu’il chiale pas, il lui reste une chance au tirage, celui organisé moult fois par semaine par la Française Des Jeux qu’est, soit dit en passant, étroitement maquée à l’Etat au .. détriment de Marcel … Or tous, nous le savons : 100% des Marcel ont tenté leur chance. C’est dire si le pognon entre, et à grands flots, dans les caisses de l’Etat et de son acolyte doué d’imagination en jeux-qui-te-plument-le-porte-monnaie-des-classes-moyennes.
Mais c’est aussi à Marcel que l’on chantonne :
Cher ami, votre espérance de vie ayant drastiquement augmenté, vous comprendrez assez aisément que pour continuer à financer votre régime de retraites, vous allez devoir travailler plus longtemps.”
Vous noterez l’implacable logique de l’affaire : tu vis plus longtemps, donc tu dois bosser plus longtemps.
Mais vous noterez également, et comme c’est curieux, qu’à aucun moment, on ne propose une autre solution. D’autres pistes pour “sauver” le régime de retraites. Non, il n’y en a(urait) qu’une. C’est fort ! … Surtout, et encore une fois, pour un pays qui promeut à qui mieux-mieux le “vivre ensemble” ET “l’égalité des chances”. 
Mais c’est pas fini !
Il est plus qu’utile de rappeler, itou, que c’est encore à ce pov' Marcel, qu’il y a trois ans, l’on a promis :
Si tu travailles plus, tu gagneras plus”.
On remarque, tant ça crève les yeux, que ladite logique implacable ne s’appuie que sur un seul pilier : le travail.
Si tu travailles plus, tu gagnes plus. Tu vis plus longtemps, donc tu dois travailler plus longtemps.
Et Marcel là-dedans ? … Je veux dire : son épanouissement personnel, sa vie familiale, son bonheur quoi ! … Ça ne rentre pas en ligne de compte. Jamais ! A croire que seul le travail permet de s’épanouir, de construire un bel environnement familial, d’être heureux. Ce qui, me semble-t-il, reste à démontrer … Non ? … Déjà, ça dépend du travail qu’il fait, Marcel.
Eh bien justement, tenons-en compte. En nous calquant sur le bouclier fiscal que nos valeureux politiques de droite défendent becs et ongles au nom d’une prétendue justice sociale.
Puisqu’il ne saurait être question de donner plus de 50% de ce que l’on gagne à l’Etat, alors considérons qu’il serait déraisonnable de donner plus de 50% de son “espérance de vie” au travail.
Voilà l’idée !
Sauf que, il y a “espérance de vie” et “espérance de vie”. Comprendre que, déjà, c’est une moyenne ; une moyenne devant laquelle hommes et femmes ne sont pas égaux ; mais aussi, selon que vous serez cadre supérieur, agriculteur ou ouvrier vous n’aurez pas du tout la même (eh oui “l’égalité des chances” s’est encore fracassée le museau sur cette salope de réalité) comme nous le montre ce joli tableau, copie d’écran du site de l'Observatoire des inégalités :

Inégalités d’espérance de vie.jpg

Nous constatons, ébahis, qu’à âge égal (ici 35 ans) un cadre supérieur jouit une espérance de vie bien supérieure à l’ouvrier. C’est indubitable.
Et donc ?
Et donc, appliquons le système du bouclier fiscal aux “retraites” !
Avec, et j’en suis fort marri, une petite injustice de plus, du moins en apparence : nous allons établir une moyenne homme/femme pour chaque “métier”. Si nous ne le faisons pas, la femme, quelle que soit sa profession - c’est évident à la lecture de ce tableau - travaillera bien plus longtemps qu’un homme. Or, comme il y a une criante inégalité de salaires entre hommes et femmes, il serait particulièrement injuste (ou inélégant) de la pénaliser au seul motif que son espérance de vie est plus forte.
Or donc, ça donne quoi ?
A 35 ans, un cadre supérieur homme aurait 46 ans d’espérance de vie contre 50 pour son alter-égo féminin. Soit pour tout cadre supérieur âgé de 35 ans, une espérance de vie de 48 années, soit à sa naissance, une espérance de vie de 83 ans.
Si nous ne devons pas donner plus de 50% de notre sueur au travail, alors un cadre supérieur ne saurait travailler plus de 41 années et demi !
Capisci ?
Selon ce principe, les professions intermédiaires ne travailleraient pas plus que 40,625 années ; les agriculteurs, les artisans, les commerçants et les chefs d’entreprises pas plus de 40 années et demi ; les employés pas plus de 39,625 années ; les ouvriers pas plus de 39 années.
Et voila le … travail ! En quoi consisterait ce que je nomme le “bouclier retraite”.
Enfin, un système où les ouvriers et les classes moyennes en général, seraient (un peu) gagnants.
Et là, je sais, vous allez me dire : c’est pas possible !
Comment ça : c’est pas possible ?
Moi qui croyais que depuis 2007 : “Ensemble, TOUT devient possible !” … "Ensemble" signifiant : Les Bettencourt et les Marcel. Tout le monde. All together, quoi ..
Dois-je comprendre qu’on nous aurait mentis ?
Encore ?!?
NB : Dans l’entretien accordé par l’animateur du groupe UMP à l’Assemblée (oui, il le dit : “J’anime la majorité à l’Assemblée” … Or, donc, Jean-François Copé est "animateur") à France Inter, on notera aussi cette étonnante saillie :
Les gros contribuables financent le modèle social français et quand ils partent, qu’ils s’expatrient, ben ça retombe sur les classes moyennes (…) Si on doit dire, oh-là-là, au nom de l’idéologie, arrêtons le bouclier fiscal, très bien ! Mais on aura plus que nos yeux pour pleurer ! Parce que ça voudra dire que les gens très fortunés partiront massivement ! Eh bien, qu’est-ce qu’il se passera à ce moment-là ? La charge fiscale, elle tombera sur qui ? Sur les classes moyennes !
Heureux d’apprendre que ce sont “les gros contribuables” qui “financent le modèle social français”. On se demande bien, alors, pourquoi nous autres on trime comme des malades chaque jour (y compris, le dimanche). A quoi nous servons, en d’autres termes … Non, non ! … Ne comptez pas sur moi pour verser dans le populisme de mauvais aloi en clamant que nous servons de vaches-à-lait ! .. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit …
Nonobstant, on perçoit dans cette prose Copéiste, comme un aveu. D’impuissance.
Qui vulgairement se traduirait ainsi :
Ecoutez Eric Delvaux, les riches nous tiennent par les couilles. C’est eux qu’ont le pouvoir. Alors aux grands maux les petites rustines, voyez-vous. On s’arrange pour qu’ils restent en leur faisant de gros cadeaux, quitte même à fermer les yeux sur quelques évasions fiscales - genre une île - au coup par coup, et comme ça les classes moyennes payent moins cher qu’elles ne le devraient si ces salauds de riches se cassaient en Suisse ou en Belgique. Alors faites pas chier, hein !
Député-Maire de “maux” voilà ce qu’il est, Copé ..


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