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Lorsque tout s’écroule de ce que nous avions cru bon pour les Hommes.
Il nous reste à regarder le champ de ruines laissé par les obscures forces.
Qu’ici monte le cri d’orfraie des possédants, des mauvais enrichis,
N’est que juste plainte quand de partout s’étouffe la clameur des rejetés.
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Lorsque demeure encore, au fond de nous, la petite lumière d’espérance,
Que de nos intelligences nous apprenons à faire bon usage pour arrêter la main meurtrière,
Que nous inventons les formes et le fond d’un monde à notre juste mesure,
O instant de douce magie que celui-ci qui nous fonde à survivre !
*
Nous n’avons rien, ils ont tout : la force et les armes, l’argent et le pouvoir.
Nous n’avons que nos mains et nos idées, indéracinables idées, pour tout bagage.
Nous sommes les exilés d’un temps qui les voit triompher.
Arrogants, ils s’avancent en somptueuses limousines.
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Ils crachent sur notre misère, ils souillent nos mémoires.
Ils sont la lie de toute humanité, leur triomphe est notre défaite.
Notre devoir est de leur désobéir, de résister tant que faire se peut.
A vivre couchés, nous ne gagnerons rien, place à la révolte, calme et sereine !
*
Nos appels tombent dans le puits sans fond de leur cour apeurée.
Qu’ils vocifèrent ne changera désormais rien à notre détermination.
Héritiers des collaborateurs d’hier, ils tiennent tragique vengeance,
Notre devoir est de faire dérailler leur train obscène.
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Notre devoir est de légitime défense, tant leur violence est abjecte.
Elle se lit en vitrines d’opulence, en réunions mondaines,
En fleuve de dollars, répandus en des presses infectes.
Notre dignité passe par le juste redressement de nos têtes baissées.
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Ne pliez plus, mais,
Saisissez le flambeau des anciens.
Il en est parmi nous qui surent chanter juste.
Les balles n’ont pu éteindre leurs paroles d’or.
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Soyons mutins d’un jour nouveau.
Apprenons à bâtir, amis, ce qu’il nous sied de vivre.
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Manosque, 8 juin 2010
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