Prier notre Père

L’Évangile de ce dix-septième dimanche du temps ordinaire est l’épisode où Jésus apprend aux disciples à prier (Luc 11, 1-13).
D’abord, il faut dire que ce n’est pas Jésus qui n'a pas inventé les mots du Notre Père.
Ils viennent de la liturgie juive, et des Écritures.
Le Kaddish dit "Que les prières et supplications de tout Israël soient accueillies par leur Père qui est aux cieux", et aussi "Que soit béni et célébré, glorifié et exalté, élevé et honoré, magnifié et loué le Nom du Saint béni soit-il ! Lui qui est au-dessus de toute bénédiction et de tout cantique, de toute louange et de toute consolation qui sont proférées dans le monde, Amen!", et encore "Que soit magnifié et sanctifié son grand Nom dans le monde qu'il a créé selon sa volonté ; et qu'il établisse son Règne de votre vivant et de vos jours et du vivant de toute la maison d'Israël, bientôt et dans un temps proche, Amen!"
Dans les Shemoné Esré, les Dix-Huit Bénédictions est dit "Nous sanctifierons ton Nom dans le monde, comme on Le sanctifie dans les hauteurs célestes", et aussi "Pardonne-nous, notre Père, car nous avons péché ; fais-nous grâce, notre Roi, car nous avons failli, car tu es celui qui fait grâce et qui pardonne. Béni es-tu, Seigneur, qui fais grâce et multiplies le pardon", et encore "Vois notre misère et mène notre combat. Et délivre-nous sans tarder à cause de ton Nom, car Tu es le Libérateur puissant", et "Guéris-nous, Seigneur, et nous serons guéris ; sauve-nous et nous serons sauvés, car Tu es l'objet de notre louange. Accorde une guérison totale à toutes nos blessures, car Toi, D.ieu, Roi, Tu es un médecin fidèle et miséricordieux".
Le Notre Père est une prière juive.
C’est un des disciples qui demande à Jésus, Juif pieux, de leur apprendre à prier, "Seigneur, apprends-nous à prier".
Le début du Notre Père, nous apprend à dire "Ton nom", "Ton Règne". Il nous tourne vers D.ieu.
L'invocation "Notre Père qui est dans les cieux", "Avinou, asher ba shamaïm" nous situe dans une relation filiale envers D.ieu.
C'est une expression traditionnelle dans le Tanakh, "C'est toi, Seigneur, qui es notre Père, notre Rédempteur depuis toujours" (Yéchâya (Isaïe) 63, 16).
Les cieux désignent le monde de l’esprit qui transcende le conscient des hommes.
Les deux premières demandes portent sur le Nom et le Règne.
D’abord la prière dit "Que ton Nom soit sanctifié", "Yitqadesh shimkha".
C’est l’affirmation d’une certitude. C’est la certitude de la présence de D.ieu amour à l’intérieur de soi, qui ne peut que nous mener vers le bonheur.
"Que ton Règne vienne", "Tavo malkhoutekha" répétée quotidiennement est la foi dans le Royaume qui vient car la volonté de D.ieu est que l'humanité, rassemblée dans Son amour, poursuive la création, "Remplissez la terre et dominez-la" (Bereshit (Genèse) 1, 27).
Nous devons reconnaître D.ieu comme roi sur toute la terre, "Le Seigneur se montrera le roi de toute la terre" (Zékharya (Zacharie) 14, 9).
Les trois autres demandes concernent notre vie quotidienne, "Donne-nous", "Pardonne-nous", "Ne nous soumets pas". Nous nous mettons en position d'accueillir ces dons.

"Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour", "Et lekhem mah’arnou ten lanou hayyom" rappelle la manne tombée chaque matin dans le désert qui éduquait le peuple juif à la confiance au jour le jour.
Cette demande nous invite à ne pas nous inquiéter du lendemain et à recevoir chaque jour notre nourriture comme un don de D.ieu.
Le pluriel "notre pain" nous enseigne également à partager le souci du Père de nourrir tous ses enfants.
"Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous", "Ve ssa lanou néshim aleïnou kaasher nassa’nou gam néshim leveïnou" nous dit que le pardon de Dieu n'est pas conditionné par notre comportement. Le pardon de D.ieu nous est déjà acquis d'avance. A nous d’en être digne par notre comportement.
"Ne nous soumets pas à la tentation", "Vé al tévi’énou lidéï nissayon" est en fait "Fais que nous n'entrions pas dans la tentation".
Et la plus grave des tentations, c'est de douter de l'amour de D.ieu.
Toutes ces demandes sont exprimées au pluriel, chacun de nous les formule au nom de l'humanité tout entière.
La prière est un apprentissage de l'humilité et de la confiance.
La parabole de l'ami importun que raconte Jésus nous invite à ne jamais cesser de prier.
Quand nous prions, nous nous tournons vers D.ieu, nous nous rapprochons de Lui.
Nos problèmes ne sont pas forcement résolus pour autant, mais désormais nous ne les vivons plus seuls, nous les vivons avec Lui.