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Le réflexe sécuritaire de Nicolas Sarkozy est une mauvaise voie

Publié le 25 juillet 2010 par Dominique Lemoine @lemoinedo
Dix sept lois sur la sécurité adoptées depuis 2002 et rien n'y fait, nous constatons tous les jours que les zones de non droit sont toujours là, bien présentes dans l'actualité.
Ministre de l'Intérieur puis Président de la République, Nicolas Sarkozy devait ramener l'ordre, l'autorité, le respect et il ne devait plus y avoir de zone de non-droit en appliquant la politique de la tolérance zéro.
Des mots violents ont été prononcés par le Président de la République mais les maux de la société qui sont le "socle" de la délinquance sont encore bien présents, plus présents que jamais, même.
Aujourd'hui, le Chef de l'Etat exhorte ses ministres à trouver des idées pour combattre les violences !
Nicolas Sarkozy n'aurait-il plus d'idée ?
Ceci prouve l'échec de Nicolas Sarkozy qui pense que seul un rapport de force musclé sera en mesure d'assurer le calme et de faire réduire les problèmes de sécurité. Pour lui, les autres voies semblent être celles de laisser faire et de l'angélisme !
Mais tout démontre que ce n'est pas la valse des Préfets qui arrangera la situation car celle-ci est bien plus profonde que ce que l'on veut bien nous le dire.
Il ne suffit pas de faire venir plusieurs cars de police pendant quelques jours pour régler des problèmes de fond comme ceux que l'on rencontre actuellement au niveau sécuritaire.
Allons voir le quartier "Villeneuve" de Grenoble qui fut il y a quelques jours un lieu d'affrontement entre les forces de l'ordre et des caïds du quartier.
Sa construction qui remonte aux années 70 se voulait pourtant exemplaire : elle a mobilisé architectes, politiques, sociologues, associations culturelles, sportives...
Ce quartier  a été conçu en intégrant toutes les conditions d'une qualité de vie exemplaire et elle reposait même, avec quarante ans d'avance sur les préceptes du développement durable :
  • un parc de 11 hectares environ dont le centre a été réservé pour réaliser un très beau parc, les habitations s'étalant sur toute sa périphérie
  • une circulation piétonnière en dessous des immeubles et dans le parc, d'où une circulation automobile, des parkings et des garages  en périphérie pour empêcher les nuisances sonores et la pollution
  • un principe de mixité sociale avec des appartements de type HLM et des accessions à la propriété, un mélange de population de niveau financier, culturel et d'origine différents
  • un habitat dense certes, mais de qualité sans tour, sans barre avec un bon rapport qualité prix pour l'isolation phonique
  • dans les écoles comme au Collège, il existait initialement un statut pédagogique expérimental accordé par l'Education Nationale et une volonté d'ouverture au parents
  • une concertation avec la participation des habitants dans des commissions de réflexion sur la conception du quartier , en lien avec la municipalité des années 70
  • et enfin de nombreux services aux habitants au pied des immeubles : équipements publics (écoles, collège, crèches, centre de santé, animations socia-culturelles, sportives, éducatives..) ainsi que des magasins et un marché sur la place centrale. La coordination des équipements était assurée par des éducateurs et des animateurs en lien avec les associations d'habitants et de parents. A côté de ces services, il existait également une police de proximité qui était connue de tous et au service de tous.
Bref, ce quartier a été construit avec la volonté de devenir un modèle au niveau du "BIEN VIVRE ENSEMBLE" que l'on peut aussi appeler convivialité, entre-aide, rencontre, échange...
Certains de ces principes ont été repris dans le cadre du "Développement Durable" (mixité sociale, mixité des logements, activités, services, compacité des habitations, espaces verts, quartier piéton, report des voitures à la périphérie des habitations, concertation...
Et pourtant, ce quartier bien conçu semble être devenu une poudrière, un quartier à problèmes pour la population. Un quartier où les forces de l'ordre sont mal reçues, une nouvelle zone de non-droit.
Pourquoi ?
A écouter les commentaires de personnes qui connaissent bien ce quartier pour y vivre depuis le début de sa création : les services ont peu à peu disparus, la police de proximité a quitté les lieux, la concertation n'est qu'un lointain souvenir...
Un quartier est un tout, il est créé, il vit, il se transforme et si les éléments qui ont présidé à sa construction sont peu à peu abandonnés alors l'esprit que l'on a voulu créé disparaît. Abandonné à lui-même, un quartier peut tomber aux mains de prédateurs qui dictent leur loi, font leur police... et le quartier est à l'agonie.
Ce n'est pas comme le fait Nicolas Sarkozy en "injectant" temporairement une forte présence policière que l'on peut sauver un quartier. Une fois la présence policière massive partie quelques semaines après les incidents souvent fortement médiatisés, le quartier retombe encore plus bas.
Alors, il y a peut-être moins de bruit à faire pour reprendre le quartier mais il faut le réinvestir sur la durée, remettre en place une police de proximité qui travaillera chaque jour au rétablissement de l'ordre et qui sera reconnue par les habitants, c'est ré-installant des services, des écoles avec des pédagogies différenciées pour remettre en place l'ascenseur social par la réussite scolaire, c'est en soutenant les associations sportives, culturelles, éducatives et en recréant du lien social que l'on retrouvera un quartier serein où il fait bon vivre.
C'est vrai, c'est peut-être moins spectaculaire, moins vendeurs en période électorale mais c'est avec cette démarche que nous arriverons à recréer le "BIEN VIVRE ENSEMBLE" indispensable pour qu'un quartier vivre en paix et en harmonie.
Dominique Lemoine

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