Ce matin, nous apprenons que l'otage français Michel Germaneau a été exécuté par Al-Quaida au Maghreb Islamique.
Ce matin, nous lisons dans le Figaro que "deux éminents religieux saoudiens conseillent de "se dévoiler le visage dans les pays interdisant le niqab" tout en jugeant par ailleurs "illogique et déraisonnable que le gouvernement français mette en œuvre une telle mesure, qui est condamnée par des personnes neutres, pas seulement des musulmans, parce que l'Etat laïque assure la liberté de religion".
Ces derniers jours, nous avons découvert que des chrétiens avaient été abattus froidement au Pakistan et d'autres expulsés du Maroc pour "blasphème" ou "prosélytisme".
Ce week-end, nous avons entendu qu'Hassan Nassrallah (leader du Hezbollah libanais), anticipant une mise en cause par le Tribunal Spécial pour le Liban (ONU) de cadres de son mouvement dans l'assassinat d'Hariri, menaçait la stabilité de son pays.
Il y a une semaine, nous nous étonnions que le colloque littéraire "Ecrire en Méditerranée" d'Aix-en-Provence ait dû être annulé parce que les écrivains arabes invités ont décidé de boycotter l'unique écrivaine et poétesse israélienne Esther Orner coupable de sa nationalité.
Et caetera, et caetera... Nous pourrions malheureusement continuer la liste sans remonter très loin dans le temps...
Loin de nous l'idée de rentrer dans le jeu du "Choc des Civilisations" analysé par Samuel Huntington. Loin de nous l'idée de stigmatiser une partie du monde. Reste néanmoins qu'il devient urgent de mettre les cartes sur la table et de parler de l'Islam.
Le monde a toujours connu des conflits. L'homme est ainsi fait qu'il a des velléités de pouvoir, des peurs, des haines. Ne comprenant pas le qui/quand/comment de sa propre existence, l'homme se raccroche parfois à des fondamentalismes rassurants.
Le monde actuel ne déroge pas à la règle et voit se développer plein de petits brasiers aux quatre coins de la terre. L'un de ceux-ci concerne l'Islam et il nous préoccupe.
L'Islam, par où commencer?
La principale difficulté avec l'Islam est l'incapacité de l'Occident à dire les choses. Le monde occidental tourne dangereusement autour du pot en parlant d'islamisme, d'intégration, de pauvreté. Jamais d'Islam. Or l'absence de débat ouvert, l'absence même d'affirmation de nos propres convictions empêchent totalement la compréhension mutuelle et l'analyse objective d'une situation catastrophique.
A Noël dernier, en pleine polémique sur l'interdiction des minarets en Suisse, l'ambassadeur du Pakistan en Suisse osait donnait un cours de liberté religieuse à l'Europe. La diplomatie européenne ne lui a pas répondu.
Aujourd'hui, des dignitaires religieux saoudiens donnent à nouveau un cours de liberté religieuse à la France. La diplomatie française ne dira rien.
Lorsque la théocratie parle à la mosaïque laïque, il n'y a aucune espérance d'évolution puisqu'il n'y a pas de répondant. Un dialogue ne peut porter des fruits que lorsqu'il marque avec force les convictions des parties prenantes. Ce n'est qu'ensuite, au regard de ces convictions affirmés, que le dialogue pourra alors trouver des pistes de réflexion.
Disons les choses, bousculons, critiquons. Publiquement et pas uniquement dans une réunion à huis-clos. Soyons conscients et fiers de l'apport du christianisme à notre civilisation. D'où vient notre foi en la liberté? D'où vient notre séparation des pouvoirs spirituels et temporels? D'où vient notre conscience de la charité?
Que devons-nous dire?
Nous devons tout d'abord condamner haut et fort des propos tels que ceux évoqués plus haut. L'Europe n'a pas de leçon à recevoir de pays où la liberté religieuse est totalement inexistante. Tout le monde le sait peut-être mais c'est beaucoup mieux en le rappelant publiquement.
Nous devons ensuite condamner en profondeur cette absence de liberté religieuse source de nombreux maux. Il ne suffit pas d'aider les pays arabes à lutter contre le terrorisme. Il faut aussi dire fermement à des pays amis comme le Maroc que nous n'acceptons pas leur attitude concernant la liberté religieuse. Dans l’Islam, certains hadiths rapportés par Al-Bukhârî font dire à Mahomet des paroles terribles à l’encontre des apostats. Ce sont ces paroles qui conduisent l'ensemble des pays musulmans à condamner pénalement le prosélytisme, le blasphème et l'apostasie (fait de renoncer à Dieu). Et cette condamnation théologique de la liberté de croire est directement une condamnation de la liberté de pensée, et donc de la liberté tout court. Pourtant, il y a une logique heureuse dans la liberté. Nous voyons clairement que l'atteinte à la liberté, l'empêchement d'aller volontairement vers Dieu, vers le bien, vers l'autre, conduit à des sociétés bloquées, à une ignorance et à une violence sous-jacente. Il n'est pas anodin de constater que la culture arabe s'est fortement développée sous sa forme soufi qui prône justement un chemin individuel vers Dieu. L'Europe bâtie sur un socle judéo-chrétien doit essayer de transmettre son appétit pour la culture et la liberté. C'est tout l'enseignement du pape Benoît XVI lors de son voyage en Jordanie l'année dernière.
Aujourd'hui, nous vivons un temps de terreur. Un temps où des modèles de société se confrontent et se braquent. BeniNews fait partie de ceux qui recommandent à l'Europe de s'ancrer profondément dans ses valeurs chrétiennes qui guident les hommes sur un chemin magnifique : par la culture, l'homme doit faire librement le choix de l'Amour.
Aujourd'hui, nous vivons un temps de terreur; demain vivons un temps de dialogue. Mais un dialogue sincère où deux amis savent se dire les choses même quand ça va mal.