J’ai reçu récemment le message suivant en réaction à la lecture d’un passage de «Le jour où l’abeille disparaîtra… ». Je suis reconnaissant à ce lecteur d’avoir pris la peine de m’écrire. J’ai choisi de partager notre bref échange pour plusieurs raisons : malgré un petit ton ironique, il reste courtois; je crois sincèrement que ce correspondant et moi même avons en commun un réel souci de préserver la nature même si nous pouvons avoir des points divergents ; enfin, il illustre parfaitement la nécessité de se retrouver autour d’un dénominateur commun (la préservation de la nature) en acceptant parfois des pratiques ou points de vue qui peuvent nous paraitre choquants. J’ai visiblement heurté ce lecteur en incluant la corrida dans la liste des pratiques, qu’à titre personnel, je n’aime guère.
« Bonjour monsieur,
Je viens de finir votre livre acheté à la fête de l’huma 2009 . Livre somme toute très intéressant et instructif mais une fois de plus, monsieur l’écologiste, vous mélangez tout. Comment pouvez vous comparer l’assassinat de bébés phoques et de baleines, le finning sur les requins et toutes les choses épouvantables pour l’avenir de notre planète avec LA CORRIDA. Vous êtes vous un seul instant posé la question de ce que serait la Camargue sans ces dizaines d’éleveur de taureaux qui contribuent quotidiennement à la préservation de ces magnifiques sites naturels.
Il me semble après avoir lu votre très instructif et inquiètant livre que vous êtes beaucoup plus intelligent que ces pseudo associations de protection de la nature et anti corrida qui ne font que décrédibiliser la cause écologique qui par ailleurs devrait être une cause mondiale. Alors ne mélangez pas tout et renseignez vous sur la corrida et sur la vie de ces taureaux avant d’en parler.
Bonne continuation dans votre combat louable et essentiel
Cordialement »
A priori ce lecteur ne m’a pas bien lu puisque j’écris qu’ «on ne peut pas confondre la préoccupation du bien-être animal et la conservation » tout en ajoutant, certes, que « je ne comprends pas que la mise en scène de la mort d’un taureau puisse être un divertissement ». Un point m’échappe: la mort d’un taureau qui a vécu libre, comme l’indique ce lecteur, serait noble alors que celle d’une baleine, qui a également vécu libre, serait barbare.
Voici ma réponse :
« Bonjour et merci d’avoir pris le temps de me lire. Je pense que vous n’avez pas bien du me lire car même si je n’aime guère la corrida et d’une façon générale la mise en scène de la mort qu’elle que soit sa forme, je fais la différence entre ce qui relève du bien être animal et ce qui relève de la conservation. A ce titre, la corrida et la chasse dite “responsable” rentrent dans la première catégorie. J’ajoute qu’elles rentrent dans la même catégorie que ce que vous appeler (j’en suis surpris) l’assassinat des bébés phoques. En effet l’abattage des bébés phoque, tout barbare qu’il soit, est basé sur des quotas, qui permettent de ne pas mettre en danger l’avenir de l’espèce et de faire vivre une économie. Je n’apprécie pas davantage cette pratique mais elle est fondée sur le même argument que celui que vous avancez.
Vous avez de toute évidence raison à propos de la préservation d’espaces sauvages mais permettez moi de regretter qu’il faille justifier la préservation d’espaces de nature par de telles pratiques.
Je respecte votre point de vue comme celui des chasseurs avec lesquels je peux très bien travailler (et je pourrais sans aucun doute très bien travailler avec les éleveurs de taureaux de combat) mais permettez à “Monsieur l’écologiste” d’être en désaccord avec vous et d’assumer son choix de ne pas mettre les pieds dans une arène.
Cordialement”