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Rigueur vs. Croissance ?

Publié le 27 juillet 2010 par Copeau @Contrepoints
Rigueur vs. Croissance ?

Toute analyse de l'actualité se nourrit d'une philosophie, d'un cadre conceptuel explicite ou implicite. J'enrage quotidiennement d'entendre les journalistes de BFM tomber dans des approximations qui sont le signe au mieux d'une incompétence réelle, au pire d'une désinformation coupable. Utiliser des mots du champ lexical guerrier pour parler de l'économie, laisser la place à des analyses tronquées et simplistes, voilà ce qui semble être le quotidien du journaliste moyen. Se rendent-ils compte qu'ils véhiculent ainsi une pensée anti-capitaliste, keynésienne au possible, étatiste à tout crin ?

Les questions mal posées sont en tête de ce genre de pratiques : en ce moment, les journalistes de BFM parlent du match « Rigueur vs Croissance ». Ils font passer l'idée que l'une et l'autre seraient forcément en opposition, et que l'on devrait choisir entre la rigueur budgétaire et la croissance. Quelle est l'idée implicite ? Elle est simple : si le gouvernement et l'appareil étatique font preuve de rigueur, la croissance sera freinée. L'injection de fonds par les pouvoirs publics dans l'économie serait la source de la croissance. Rien n'est plus faux !

Le gouvernement a deux moyens pour injecter de l'argent dans l'économie :

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le prélever à un autre endroit, pour le redistribuer ensuite. Il convient alors, avant d'affirmer que cet argent a créé de la croissance, de chiffrer ce qu'il a empêché par ailleurs (là où il a été prélevé). Il est presque sûr que ce mode de redistribution n'a aucun effet sur l'économie, et pire, conduit à une perte de croissance du fait de la masse salariale de fonctionnaires nécessaire pour faire tourner le système. Ces fonctionnaires sont forcément synonymes d'augmentation des prélèvements, à court ou moyen terme.
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faire tourner la planche à billet. Ce qui revient à jouer la carte de l'inflation (augmentation de la masse monétaire). Cela ne peut se faire que de manière modérée, et surtout, surtout, de manière stable, sous peine de créer des instabilités économiques majeures comme celle à laquelle nous assistons en ce moment. Qui peut soutenir que c'est une option jouable, de manière ponctuelle et ciblée ?

Heureusement, des voix s'élèvent pour dénoncer ce genre de raccourcis : Christian Noyer, patron de la Banque de France a expliqué récemment que rigueur et croissance n'étaient pas forcément opposés. Patrick Artus (Natixis) a également expliqué cela. Du bon sens économique, finalement.

Ne soyons pas naïfs : les temps politiques et économiques ne sont pas les mêmes, et c'est le temps politique qui est sur le court-terme. Restons factuels : l'opposition entre croissance et rigueur fait partie des contes et légendes Keynésiens.

Les journalistes, dans leur soif de raccourcis efficaces et de titres qui claquent, font le lit des idéologues : il n'y aucun match entre croissance et rigueur ! Les deux vont de pair, et vouloir les faire aller vers le haut (plus de croissance, plus de rigueur) ne fait que poser de manière claire la question de la place de l'état.

Le match, si l'on doit présenter les choses comme cela, messieurs les journalistes, est entre socialisme et libéralisme. Entre une société d'assistés, irresponsables et encadrés dans leurs moindres gestes par l'Etat tout-puissant, et une société civile composée d'individus libres et responsables, évoluant dans un état de droit, créateurs de richesses, de prospérité et de paix.

Article repris avec l'aimable autorisation de son auteur.

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