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En direct de Washington (6) : le déficit, ennemi public numéro 1

Publié le 27 juillet 2010 par Lecriducontribuable

Laure Robin, lauréate de la Bourse Tocqueville 2010, donnera tout au long de son séjour ses impressions sur Washington sur le Cri.fr.

Ce n’est pas un hasard si, au Congrès, la commission sur les Taxes est la plus puissante de  Washington. Alors que la France, et l’Europe avec elle, mesure chaque année la profondeur du déficit national, côté américain, le lien de causalité est clair. En 2009, le déficit budgétaire américain s’élevait à plus 220 milliards de dollars en février dernier, soit une hausse de 14 % par rapport à 2009. A quatre mois des élections de mi-mandat, pour les conservateurs, l’Etat fédéral est responsable de la gabegie. Les premiers à tirer la sonnette d’alarme sont donc les jeunes, conscients du poids sur leur avenir, des dépenses passées. Sur ce thème, le parti des jeunes républicains sonne la charge. Les tracts qu’il distribue au cours des réunions d’associations conservatrices tirent le bilan des mauvaises gestions laissées par les administrations précédentes : « Saviez-vous que vous devez au gouvernement fédéral 117.959 dollars pour la dette publique ? », interpellent-ils, pragmatiques.

Les jeunes républicains, dont le fonctionnement à la différence des jeunes UMP est totalement indépendant du parti républicain officiel, vont même plus loin. Leur leader, Zachary Howell, se sent plus que jamais concerné par la question et distribue, l’œil grave, son brûlot contre l’administration Obama. « Vous ne pourriez pas supprimer votre dette, même si vous payez au gouvernement 175 dollars par mois pendant 56 ans, vous lui devrez toujours 359 dollars », dénonce le parti des jeunes conservateurs. « La maison, la voiture, les vacances que vous auriez pu vous offrir, tout cet argent va tout droit à l’Internal Revenue Service (IRS), l’institution qui collecte les impôts aux Etats-Unis, pour rembourser la dette publique », expliquent les militants, à l’origine de la pétition « Don’t put it on our tab (Ne la mettez pas sur notre compte) ». Pour les républicains la rhétorique est claire, l’administration Obama doit stopper les dépenses et les réformes coûteuses, ou les générations futures recevront la facture comme héritage.

Faux débat : croissance ou réduction des dépenses ?

Plus radical, Dan Mitchell, le spécialiste des taxes au Cato Institute, le think tank des libertés individuelles en est convaincu, la question du déficit national et de la dette sont de fausses préoccupations. Le débat qui a lieu en Europe est pour lui stérile. « Le débat peut durer longtemps, car la clé du problème n’est pas de réduire les déficits, mais bien de réduire la somme dépensée par le gouvernement », assène le spécialiste, resté fidèle à la politique menée par le président Reagan dans les années quatre-vingts. Pour lui, le mécanisme est simple. Les gouvernements, les hommes politiques –notamment ceux qui veulent être réelus- augmentent les dépenses. En somme, une partie de ping-pong électorale qui se jouerait depuis plus de vingt cinq ans entre les gouvernements et les contribuables. « Au Congrès, c’est incroyable de les entendre dire : ‘Mon Dieu, nous avons un déficit élevé !’, après avoir dépensé allègrement », s’amuse Dan Mitchell. « Ces gens ne vivent pas dans le monde réel, ils promettent bonheur et protection au citoyen pour obtenir leurs voix. C’est un cercle vicieux insoutenable », ajoute t-il.

De fait, l’économiste se raccroche fermement à une autre réalité, celle de l’indépendance des marchés. « Quand vous allez au McDonald’s acheter un hamburger, vous n’augmentez pas foncièrement le cours de la demande ; les marchés se moquent bien des déficits nationaux… », affirme Dan Mitchell. Preuve selon lui qu’il existe d’autres leviers économiques que la règle de la carotte et du coup de bâton.

Laure Robin


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