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Transformation

Par Arielle

« Viens, M’man, je t’emmène chez Babouze. Tu vas voir, il y a des vêtements fun. J’en ai assez de te voir avec tes vieux caleçons démodés »

« Mais…. Je n’ai plus vingt ans et puis j’ai grossi. Tous ces habits ne sont plus pour moi ! »

« Si, si, viens, je te guide »

Des kilomètres de rayons s’offrent à moi, il y en a pour tous les goûts, pour toutes les bourses. J’ai l’impression qu’ils ont construit des murs autour d’un gigantesque étalage de marché. On fouille, on farfouille, on chine. D’ailleurs pratiquement tout est fabriqué là bas.

« Tiens, essaye cette tunique, ce pantalon, ces chaussures »

« mais ce n’est pas mon style ! »

« Vas z y M’man, ose pour une fois ! »

Bon. Je me plie à la volonté de ma fille qui souhaite à tout prix me mettre en valeur. Elle a mille fois raison, je le vaux bien comme dirait l’autre. Je me regarde dans la glace, beaucoup plus longiligne que moi. Ce serait drôle si les cabines d’essayage étaient dotées de miroirs déformants, nous ne pleurerions pas sur nos bourrelets et aurions une autre vision de la mode. Imaginez : vous vous entichez d’une robe bien moulante, épousant vos formes. Le reflet vous dit que vous êtes la plus belle, il vous a bien affinée. La vendeuse se frotte les mains et conclue l’affaire avec vous. Fière comme un bar tabac, vous sortez faire dandiner votre nouveau look et on vous regarde. Ah ça oui, on vous lorgne en biais, vous sentez que quelque chose cloche. Finalement, le coup des images déformantes, c’est peut être vendeur mais pas flatteur. Laissons tomber cette idée et retrouvons ce que me reflète le psyché bien classique, le bon vieux miroir de chez nous :

« pas mal ! Pas mal du tout ! Elle a gagné la petite. Soyons fun jusqu’au bout »

Nous grimpons dans la voiture jaune PTT qu’Isabelle conduit sportivement et les rires vont bon train.

« Tu vois, M’man, tu vas être belle. Tu vas faire des jalouses. Je suis fière que tu m’aies écoutée »

« Moi aussi, je suis satisfaite de toi. Merci »

Et la soirée se termina dans la joie. J’ai mis mes vieilles guenilles au placard, pour toujours. Je me sens beaucoup mieux désormais.

Moralité

La vérité sort de la bouche des enfants (cité par Platon dans « Le banquet ») http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Banquet_(Platon)#Le_Banquet_dans_l.E2.80.99.C5.93uvre_de_Platon


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