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On se souvient encore du vandalisme, pour ne pas dire du ...

Publié le 27 juillet 2010 par Jenbproductions

On se souvient encore du vandalisme, pour ne pas dire du ...On se souvient encore du vandalisme, pour ne pas dire du saccage en règle, subi le 13 juillet 2009. Nous nous en étions d'ailleurs fait l'écho dans nos colonnes avec un article peu favorable aux forces de l'ordre [1] , ainsi que les prolongations du lendemain[2] .  A l'approche de l'édition 2010, toute la ville craignait de nouveaux débordements en cette nuit réputée à hauts risques et nous avions même décidé de n'évoquer aucun des incidents survenus ces dernières semaines afin de ne pas donner dans la surenchère sécuritaire.

Un des mois de juin le plus calme depuis plusieurs années
Il faut bien le reconnaître : A part quelques petits pétards de gosses, Mai-juin 2010 auront été bien calmes. Alors que les années précédentes les claquements de pétards, les rodéos avec mini-motos, quads et autres motos de cross ne cessaient d'asticoter nos tympans (sans même parler des risques encourus pour les autres usagers de l'espace public) étaient incessants dès la mi-mai, cette année aura connu une accalmie bénéfique sur le plan auditif, probablement dûe à des patrouilles de polices (nationale et municipale) bien plus fréquentes que par le passé.
Nos petits jeunes se sont bien assagis.
Un "grand" du quartier m'expliquera quelques jours plus tard : " L'année dernière, on leur avait acheté plein de pétards pour que les jeunes puissent s'amuser. Mais vu la casse, cette année, on ne leur a rien acheté, c'est pour çà qu'il y a eu très peu de tirs. Et puis on, leur a dit de se calmer un peu ".
Mais retour à ce 13 juillet, vers 17h00 : Place des découvertes, quelques ados commencent à tirer un ou deux mortiers. Quelques minutes plus tard, une équipe locale de la Police Nationale intervient tranquillement et fait cesser la partie. Pas d'accrochage entre les jeunes et les fonctionnaires venus en uniforme traditionnel. Rapide retour au calme.
Un jeune du coin qui nous connaît s'approche de moi. Il me parle d'un ancien article. Au fil de la conversation, il finit par me parler de l'ancienne maison de la jeunesse qui se situait vers Pierre Sémart et qui fût détruite sous la mandature de Madame Rivoire (MoDem). " on s'ennuit ici, m'sieur, il faudrait faire quelque chose pour les jeunes " me di-t-il. On discute jeunesse. On discute police aussi. Parce que visiblement, les contrôles d'identités à répétition, çà commence à les gonfler. Un problème déjà évoqué en assemblée de quartier en décembre dernier. Je lui fais savoir que si des jeunes ont des revendications ou des projets, nous sommes prêts à les rencontrer et à l'évoquer sur nos pages.
19h00 : Un pique-nique réussi dans un nouveau cadre
On se souvient encore du vandalisme, pour ne pas dire du ...
Pique-nique citoyen, Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), 13 juillet 2010
© Lionel Derrien/JENB Productions


Quelques troix-cents noiséensont participé à ce désormais traditionnel pique-nique citoyen, installé cette année dans le square Marcel Pagnol. Nouveau lieu, plus petit que la plaine de jeu. Notre Maire y a fait une très sobre allocution puis est passée de table en table (Sauf la notre...bizarre). 
De très nombreux autres élus de toutes sensibilités, eux, sont venus nous saluer. Et puis c'est pour nous l'occasion de rencontrer les Noiséens et autres responsables associatifs.

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De gauche à Droite : Mengue M'Eyaà (responsable du Mouvement Civique des Femmes), Helmut Bonnet (1er secrétaire section locale du PSet Conseiller Municipal Délégué), Jean-Paul Lefebvre(Adjoint au Maire) et une militante socialiste. © Lionel Derrien/JENB Productions.

Moins étendu, cela donnait un aspect plus compact. Seul inconvéniant, à mon sens : S'il y a bien une aire de jeux, elle est vraiment destinée aux très jeunes enfants mais peu adaptée pour des ados. Autre point gênant : Pas de sanitaire : Certaines jeunes filles de huit ans sont pudiques, et ne sont guère enchantées d'aller uriner derrière un buisson. Ceci étant dit, l'ambiance est chaleureuse et c'est pour tous l'occasion de retrouver quelques connaissances, d'échanger quelques mots. Un pique-nique réussi.

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Distribution des Lampions. Noisy-le-Sec 13 juillet 2010 © L. Derrien / JENB Productions
Vers 22h00, distribution des lampions puis, à 23h00, spectacle pyrotechniquetiré de l'école Langevin (le stade utilisé les années précédentes ayant été rénové en synthétique, impossible d'y installer le pas de tir)  fort apprécié des spectateurs venus en nombre.

Pendant ce temps, en centre-ville
Si certains n'étaient pas encore informés que notre nouveau Préfêt, Christian Lambert, était un homme à poigne [3][4], ils l'auront vite découvert en ce 13 juillet. Dès 19h00, le centre ville est investi par les forces de l'ordre locales épaulées d'équipes de CRS en tenue anti-émeute. Il y en a partout : Place Jeanne D'Arc, et à chaque extrémité de la place des découvertes.

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CRS à Noisy-le-Sec 13 juillet 2010 © E. Nicolau / JENB Productions
Autant l'année dernière, les forces de l'ordre était vraiment arrivés en retard, autant cette année, ils sont arrivés en avance et en force. Une démonstration de force qui ne plait guère aux jeunes. Je discute avec eux. " Vous allez filmer ce soir Monsieur ? ".  Un peu étonné par cette question, on discute de la police omniprésente dans le quartier. " Vous avez vu Monsieur, il y en a partout. Faut pas éxagerer. C'est de la provocation " me dit l'un d'eux. " Oui, mais vu la casse l'année dernière, ils ont prit leur précaution cette année. Et puis on a un nouveau Préfêt, il a décidé de reprendre les choses en mains " leur répondis-je.

22h00 Début des hostilités
Une détonnation éclate. Un mortier d'artifice vient d'être tiré. C'est une heure plus tôt que l'année dernière. A ce moment, je suis en train de boire un thé à la menthe au restaurant "chez Davny". D'un seul coup on voit passer en courant trois CRS, flash-ball en main. Visiblement il poursuivent quelqu'un, mais derrière qui sont-ils ?
Rue Jean Jaurès, la situation est un peu confuse, il y a beaucoup de monde, mais finallement peu de fauteurs de trouble. De nombreux élus sont sur place.
Quelques mortiers sont tirés en direction des CRS postés de l'autre coté de la place des découvertes.
Les CRS chargent. Avec une Jeep 4x4 (Il faudra que l'on m'explique l'utilité d'un véhicule tout-terrain sur la commune de Noisy-le-Sec), équipée d'un énorme projo qui balaye les façades. Mais le plus déconcertant reste à venir.

« Ils tirent sur tout ce qui bouge ! »

Ce qui ne devait être qu'une démonstration de force tourne rapidement au fiasco. Nous retournons coté Jean Jaurès en traversant une épaisse fumée de gaz lacrymogène pendant que des détonnations retentissent. Cette fois ce sont les CRS qui tirent au flash-ball.
De nouveau place Jeanne d'Arc : Un gamin a été interpellé. Des adultes disent aux policiers « Mais prévenez ses parents, il est mineur ! Et en plus il n'a rien fait ». Quelques jours plus tard, il m'a été rapporté que le gamin sortait d'un fast-food. Il ne semblerait donc pas impliqué.
Nouveaux tirs de mortiers du coté du magasin de surgelés en direction des CRS sur Jeanne d'Arc. Nouvelle charge. " Caméra à gauche ! caméra à gauche " s'exclame l'un des fonctionnaires en passant à notre hauteur (photo en tête d'article). Gaz lacrymo, flash-ball, ... Il m'a même été évoqué quelques jours plus tard l'usage de grenades à fragmentation en caoutchouc.
Arrivés à la hauteur de la place des découvertes, un jeune handicapé se fait interpeller sans aucun ménagement par les CRS. Il est plaqué au sol. Les jeunes ont beau  crier au CRS qu'il est handicapé, rien n'y change. Cet incident va retourner totalement la situation.
Nous changeons de matériel. On troque la petite caméra légère contre une caméra cachée. Car on pressent bien que les choses vont dégénérer.
Un jeune Black s'énerve grave. Des "grands" arrivent à la rescousse. Une femme témoigne : « J'ai vu alors un type arriver devant les flics, les bras en l'air, il n'avait rien dans les mains, et dire aux policiers : " arrêtez ! arrêtez ! " et d'autres adultes s'interposer. Les flics tiraient au flash-ball dans tous les sens ». Et c'est vrai que les fonctionnaires étaient sur le qui-vive.
D'ailleurs plusieurs témoignages recueillis dans les jours qui s'en suivirent, auprès des jeunes, mais aussi d'adultes confirme le malaise ressenti : Les fonctionnaires étaient à cran. Une mère me rapportera qu'elle ne pouvait même pas traverser la place pour rentrer chez elle à cause du gaz lacrymogène.

On se souvient encore du vandalisme, pour ne pas dire du ...

   Image d'illustration : Un flash-ball.
Quelques jours plus tard, nous rencontrons un jeune qui prétend avoir reçu un tir de flash-ball en pleine tête. En tout cas, une trace est bien visible dans la zone pariétale droite. Selon lui, pris de vomissements dans la nuit, il aurait fait un séjour dans un hôpital voisin et subi deux scanners. Il me semblait pourtant que les tirs de flash-ball n'étaient pas autorisés au niveau de la tête. A une seconde près, il aurait pu se la prendre en pleine face, voire y perdre un oeil comme ce fût le cas lors d'une opération de police à Montreuil. (Voir article de Céline Rastello [6] )
Autant un tel déploiement ne m'aurait pas choqué en 2009, autant cette année on a vraiment cette impression d'une démonstration de force totalement disproportionnée avec des fonctionnaires qui veulent en découdre. Les médiateurs, des adultes dont moi-même essayons d'appaiser les tensions. Cela me vaudra de me faire gazer volontairement par un CRS alors même que je ne représentais aucune menace. Totalement inadmissible !
Selon un article paru quelques jours plus tard dans Le Parisien, les forces de l'ordre avait semble-t-il reçu pour consignes du Préfêt de ne pas céder à la provocation. Visiblement, à Noisy-le-Sec, en ce 13 juillet, cette consigne n'a pas été entendue.

Certes, autant les élus que les noiséens peuvent être satisfaits puisqu'il n'y a pas eu de casse, mais e
ntre le retard et le manque de moyens l'année dernière et la démonstration de force de cette année, il y a sans doute un juste milieu à trouver.
Il faut d'ailleurs souligner le professionnalisme des deux médiateurs présents sur les lieux et qui ont tout de même réussi à canaliser les jeunes.
Mais de cette soirée, j'en ressors surtout ancré dans mes convictions : Ce ne sont pas des opérations "coup de point" à grand renforts de CRS qui vont permettre de renouer le dialogue entre Police Nationale et Jeunesse. La police de proximité, crée par la Gauche et abolie par notre actuel Président de la République, alors Ministre de l'Intérieur, est la seule police qui puisse être efficace. Il suffit juste de lui en donner les moyens humains et matériel, et surtout d'en faire une politique prioritaire.
Une autre posteuse noiséenne, Véronika, [5] dans un article titré « Noisy-le-Sec ou Kabouly-en-Sarkolandy » décrit fort bien cette ambiance quelque peu suréaliste.

Que l'on dispose du nombre suffisant de fonctionnaires, qu' on les incite à s'implanter durablement dans notre département, qu'ils ne changent pas de Préfêt tous les trois-quatre matins.
On pourrait peut-être commencer par Noisy-le-Sec en lui redonnant son commissariat de plein exercice...
Jean-Emmanuel Nicolau Bergeret
Cet article n'engage que l'opinion de son auteur
© 24 juillet 2010 - JENB Production

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Références sur Le Post.fr

[1] « Guerrilla urbaine à Noisy-le-Sec : Noisy 13 juillet » par Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret, JENB Productions sur Le Post.fr, 14 juillet 2009
[2] «
Insécurité à Noisy-le-Sec : Les prolongations du 14 juillet » par Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret, JENB Productions sur Le Post.fr, 16 juillet 2009
[3] «
Un "super-flic" nouveau Préfêt de la Seine-Saint-Denis » par Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret, JENB Productions sur Le Post.fr, 08 avril 2010
[4] «
Nicolas Sarkozy veut rétablir la sécurité en Seine-Saint-Denis (notre reportage vidéo sur place) » par Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret, JENB Productions sur Le Post.fr, 21 avril 2010
[5] «
Noisy-le-Sec ou Kabouly-en-Sarkolandy » par Véronika sur Le Post.fr, 14 juillet 2010
[6] «
Flash-ball à Montreuil: "Il n'y a pas d'arme parfaite" » par Céline Rastello de la Rédaction du Post,

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