Dimanche en fin de journée, un débat très intéressant avait
lieu sur la chaine de radio et de télévision RTGE. Des jeunes
avec élocence débataient sur la Démocratie en RDC à partir
de la phrase prononccée par le chef de l'Etat . ..."en RDC
et en démocratie, il y a de la place pour tout le monde...".
Y a t'il vraiment de la place pour tout le monde ? C'est ce
que posait comme question centrale l'animateur, aux six
jeunes` gens sur le plateau. Les jeunes filles ont été, il faut
le dire, plus convaincantes que leurs contradicteurs du genre
opposé. Elles étaient moins en démonstration, et plus dans
le sujet. Moins partisanes et plus en phase avec le vécu, elles
étaient des politiques au sens propre du terme.
C'est donc après avoir été téléspectateur de ce débat que des
réflexions ont muris et que ce post est dédié à cette affaire qui
est devenue au fil des jours, des heures, plutôt, et très vite,
très rapidement, une affaire d'Etat. Floribert Chebeya une
voix éteinte et qui résonne.
Les personnes incriminées dans la présumée responsabilité
de cet acte contre la liberté de parole ne sont pas n'importe
qui. Des sanction tombent, des langues se délient.
A qui profite le crime ?
Des hommes du pouvoir en place sont à ce jour au banc
des accusés et, ou, sont en liberté surveillée, démis de leurs
fonctions. Les présumés coupables sont comme on dit
ici, des intouchables.
Des Jacqueries à une destabilisation plus grande ?
Le 30 juin, la célébration de l'avénement du Congo à son
indépendance ne plait pas à tout le monde. Décorum,
falbala, folklore, que de mots entendus et prononcés pour
dénigrer ici au Congo ou ailleurs, en Belgique entre autres.
La destabilisation en marche, la stratégie de la peur.
Nous avons vécus la rébellion avortée de Mbandaka, des
sursauts et des vélléités dans d'autres régions. De plus
en plus de voix se prononçant contre l'état festif de ce
jubilé. L'assassinat de Floribert Chebeya, les auteurs de
l'acte devaient le savoir, allait avoir (c'est ce qui se passe)
une toute autre envergure que les tentatives armées et
désorganisées qui ont eu lieu. L'impact national mais
surtout international était certain.
L'impact national ?
Difficile de se faire une opinion. Si l'on ne parle qu'
avec des personnes de la population, de ceux qui
vivent au jour le jour, de ceux qui se battent pour une
bouchée de foufou ou de chikuang par jour. C'est trop
loin, trop haut. La Voix des Sans Voix, l'action de Floribert
n'est pas connue, ou plus axactement elle est IGNOREE.
C'est pour la grande majorité un autre politicien, un autre
parleur. L'émoi n'est pas à ce niveau. Il est dans les ONG,
dans ceux et celles qui sont au niveau local ou national en
rapport avec d'autres organisations et d'autres acteurs,
politiques, ONG, nationaux et internationaux. La vraie
dimension de Floribert Chebeya est à ce niveau bien
connu et reconnu. Mal perçu par la masse des gens dont
il prenait la défense malgré eux. Eux, les sans voix, ceux
pour qui tout les droits sont bafoués.
Il avait raison. Il était en avance. Ce n'est pas toujours
simple d'être en accord avec ses idées, au bon moment.
Avoir raison au bon moment, c'est ce qui est important
pour un impact direct et immédiat, en phase avec les
autres. Son combat noble et courgeux, audacieux même
bon nombre de congolais(es) ne savent pas ou n'en
connaissent pas la portée. Sauf, par ce qui en est dit
et se passe maintenant. Par la tournure des choses.
Floribert est devenu un "héro" un symbole. "Héro
malgré lui", diront d'autres qui écriront.
Au niveau politique, le principal parti de l'opposition
déclare ne pas vouloir faire partie des fastes prévus
pour la célébration de l'indépendance.
L'impact international ?
Direct ! L'ONU, la Belgique, la France, les USA, tous
ont pris la parole. Ils ont condamnés et ils ont sommés.
Condamnés l'acte barbare. Sommés de faire la lumière
toute la lumière et vite sur cette affaire. Sous peine de...
La Réaction ?
Les journaux sont montés aux barricades, c'est leur rôle.
La classe politique est sortie de suite et a réagit directement
par la voix du Ministre de la Justice. Ce n'est pas un porte
parole, pas le Ministre de la Communication. Non, c'est la
Justice qui communique et qui déplore, qui rassure et qui
assure la population qu'elle fera ce qu'il faut pour débusquer
le ou les coupables.
Dans ce même temps...
Au large des côtes en eaux internationales des bateaux
sont arraisonnés et l'assaut est donné.
Gaza se meurt et fait mourir avec elle les soutiens que
peut encore avoir une négocaiation entre les parties pour
un règlement pacifique (le N ème) de cette situation et
plus peut être.
L'action menée, chacun en pense se qu'il veut, était
plus politique qu'humanitaire. Gaza utilisée pour faire
la part belle au Hamas. Instrumentalisation des bonnes
volontés et d'hommes et de femmes épris de justice.
Gaza est une honte pour le monde. Gaza ne doit pas
pour cette raison, servir l'extrémisme.
Gaza, Floribert Chebeya ?
La Communauté internationale a réagit à deux vitesses.
Sommations pour la RDC. Recommandations pour Israël.
Injonction & Diplomatie.
Gaza se meurt et Les droits de l'homme ont été tués ici.
Gaza asphyxiée, la RDC baillonée.
Comme un malaise, qui plane.
Trop de nons dits, et trop de pressions. Pas asssez
de temps, pas assez de recul pour se faire une opinion
dépourvue de colère, ou d'émotions. Les annonces
de ce week - end tombant chaque heure, donnaient
à penser que quelque chose ne tourne pas rond.
Trop vite. Trop simple. Trop évident. Comme un amas
de carte sur lequel on souffle et qui s'écroule.
Un géant aux pieds d'argile. Un amas d'étoiles qui
éclatent de leur galaxye.
Il n'y a que ceux qui se posent des questions qui ont
tords. En ce moment, la question qui hante.
A qui profite le crime ?
Une autre peut être. Et si c'était une bavure ?
De celles qui se font chaque jour sur cette planète
et qui restent sans échos, sans voix pour les mettre
à jour.
Une métaphore, elle n'est pas de moi, "c'est comme
lors d'un grand match de coupe du monde, t'as le
défenseur qui marque contre son camp. T'as joué, t'as
perdu."
Est - ce à force de lire des San Antonio ou des Bob
Moranne ou d' avoir lu Simenon et suivi l'inspecteur
Maigret. Quoi qu'il en soit ce n'est que par ric hochet
que la vérité se fera.
Floribert Chebeya n'est pas mort pour rien. Lui ne
le sait pas. Hélas ! Du temps de ses intempestives
déclarations et des ses réclamations au nom de ceux
qu'ils defendaient et de la cause qu'il servait. De sa
vie, menée au rythme de celle des droits, épris de la
justice pour tous et de la liberté de parole. De son
vivant, Floribert Chebeya n'aura donc pas su, qu'il
était un homme fait d'un autre moule. Il n'aura pas
su qu'il était aimé. Lui qui s'entendait souvent dire,
"encore". Oui inlassablement, il répétait son chapelet
au nom de la liberté et des droits. Il agaçait ses amis,
ses ennemis. Mais lui c'était son monde.
Retrouvé sans vie dans sa voiture. Il rejoint les Martyrs
de la République. Un homme, une voix, au dessus des
autres voix.
Qui sait une voie pour aller plus avant dans un Etat
démocratique ? Où le droit de vote, n'est pas seulement
retenu comme critère du système mais comme un moyen,
un des éléments qui font qu'en démocratie il y a de la place
pour tout le monde et que çà se gagne chaque jour par de
la vigilence et de l'intérêt. Ici et partout. Le fil est ténu.
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse Ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce...
"Louis Aragon : Il n'y a pas d'amour heureux".
Bonne journée et Bonne lecture.