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Les traces laissées sur le web inquiètent 75% des Français.

Publié le 29 juillet 2010 par Philippemeoule

Qu'il s'agissse de recherches, de mails envoyés ou reçus, de création d'un blog, de visites, de liens partagés, de paiement dit sécurisé, de quelqu'un qui écrit notre nom, etc, n'importe qui peu nous suivre à la trace ordichat.jpgsur le web. Les publicitaires l'ont bien compris, qui, à partir de mots-clefs, ciblent leur pub en fonction de la nature de nos recherches ou activités... De cela, 75% des Français s'en inquiètent, selon une de TNS Sofres, réalisée par téléphone entre le 26 et le 30 avril, auprès de 1.200 personnes.

(Sources : nouvelobs.com)

"C'est tout le rapport à la vie privée qui est reformulé", explique le sociologue Jean-Claude Kauffmann.

La question de la vie privée sur Internet, et sur les réseaux sociaux en particulier, est devenue un véritable débat de société. Facebook a modifié ses paramètres de confidentialité face à la grogne des utilisateurs.

Pour le sociologue Jean-Claude Kauffmann, il s'agit là d'"un paradoxe de confiance". "Les internautes se montrent inquiets face à la mémoire profonde du web qui conserve toutes nos traces, volontaires ou non", explique à Nouvelobs.com ce directeur de recherches au CNRS. "Toutefois, cette inquiétude abstraite disparaît dès qu'une personne se connecte sur le réseau. Elle a l'impression d'être dans un petit univers confié, et se livre très facilement, parfois dans l'intime de photos 'hot' ou de soirées. Mais tout cela reste conservé, au point que certains traînent de véritables casseroles virtuelles..."



Il faut une transparence dans la collecte et les usages des données.

"Trois Français sur quatre sont inquiets des traces qu'ils laissent sur Internet et de l'usage qui peut en être fait", insiste Marc Mossé, directeur des affaires publiques de Microsoft France. Il souligne toutefois que "la perception est différente selon les catégories socioprofessionnelles et selon l'âge. Les cadres et les jeunes se montrent moins inquiets, se considérant mieux informés", note-t-il.

"La question de la protection de la vie privée dépasse les données personnelles", plaide-t-il. "On parle de 'données personnelles', mais c'est vraiment une part de soi qui est déposée sur la Toile", renchérit Jean-Claude Kauffmann.

"L'enjeu c'est la confiance que l'on pourra accorder à Internet", estime Marc Mossé. "Cette confiance se construira autour de 3 axes : l'éducation, le développement d'outils clairs pour maîtriser sa vie privée, et enfin la régulation. Il faut une transparence dans la collecte et les usages des données", plaide-t-il.



Ce sont les moteurs de recherches qui collectent le plus de données.

Ces derniers temps, les réseaux sociaux focalisent l'attention du débat public sur la vie privée. Mais Jean-Claude Kauffmann tient à rappeler leur rôle premier : "passer de la Toile à la vie réelle". "Les apéros Facebook en sont la preuve. Décriés pour le côté festif à outrance, c'est avant tout un moyen fort de créer du lien... Après tout n'est pas rose, et il y a des problèmes, notamment sur la vie privée."

Mais les inquiétudes ne portent pas que sur les réseaux sociaux. "D'une manière générale, les Français s'inquiètent pour toutes leurs données personnelles laissées sur le net", explique Marc Mossé. Il en profite pour préciser que "ce ne sont pas les réseaux sociaux qui collectent le plus de données, mais les moteurs de recherches". "Les moteurs de recherches monétisent toutes les données collectées, en particulier celles issues des 'cookies'. Internet a besoin de clarté et de transparence", explique-t-il.

"L'enjeu de demain portera sur cette même problématique de la vie privée appliquée aux mobiles, où se greffent des outils de géolocalisation", avance Marc Mossé.



La vie privée est la première des libertés.

"Internet a changé énormément de choses", explique Jean-Claude Kauffmann. "C'est un nouveau monde, un nouvel univers qui s'invente, où tout n'est pas que virtuel et à de multiples implications dans le réel. Internet reformule l'ensemble de la société."

Le sociologue s'élève ainsi contre "un déficit de réflexion sur ces sujets". "Avec le web, le rapport à la vie privée est reformulé, le rapport à l'identité est reformulé. Il faut réfléchir à quelle société est en train de s'inventer", avance-t-il.

De son côté, le directeur des affaires publiques de Microsoft réclame "un Internet responsable fait de libertés, et la vie privée est la première des libertés".


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