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Les philo-fables, de 7 à 77 ans

Par Lilicastille

 

 

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Au détour d’un rayon de l’espace philo de la FNAC, un peu avant que le mégastore ne licencie deux de ses salariés pour avoir exposé la photo d’un type s’essuyant les fesses avec le drapeau français(français pardis ! irlandais, portugais ou rwandais, on s’en serait foutou le cocorico mais français, putain de Marianne, on ne rigole plus ! ) démontrant comment « l’agitateur de curiosité » est en réalité un « agitateur de matraque»,… au détour d’un rayon, disais-je donc, il y a quelques semaines, je suis tombée nez à nez sur ce petit livre de poche Les Philo-fables  de Michel Piquemal.

Depuis, la Castille family l’a adopté. Ecorné et tâché de crème solaire, le petit livre de poche s’apprête à être aplati dans la valise des vacances, entre les maillots, le Doliprane 500 et le petit guide illustré de la Toscane. Car chez les Castille, tout le monde est en mode philo-fable : Jules l’Amour s’extasie sur la sagacité et la modernité de certaines contes, Matteo, 8 ans, est fasciné par ces rois tout puissants et ces sages ascétiques, lui qui rêve tous les jours d’une nouvelle boite de Lego pour éclater sa face à Voldemort et Milo, 2 ans, écoute sans en perdre une miette les fables qui lit maman avant le dodo.

Donc bon plan absolu pour les veillée de vacances, l’ami : lis en famille une philo-fable et laisse venir à toi les petits enfants… Effet garanti ! C’est une façon poétique, imaginative et terriblement efficace pour initier nos marmots gavés de pub et de jeux vidéos à la philosophie. T’y connais rien à la philo ? Pas grave : le petit livre blanc fait tout pour toi puisque chaque fable, conte ou parabole et est suivi d’un petit « atelier du philosophe » composé de pistes de réflexion assorties de questions. Ya plus qu’à.

Et même les plus érudits y trouveront une savoureuse pitance en découvrant ces contes philosophiques du provenant du monde entier (Perse, Chine, Afrique, Grèce, Japon,…) et du plus profond des âges qui posent autant de questions qu’ils n’apportent de réponses. Et, cerise sur le gâteau, tu vas pouvoir te frotter à quelques belles apories. Chouette ! Mention spéciale pour les fables juives et indiennes emplies d’humour et sagesse.

Je ne résiste donc pas à la tentation de te narrer 3 "philo-fables "parmi mes préférées. J’espère que l’auteur et l’éditeur ne m’en voudront pas dans la mesure où le recueil en compte 70.

Le cœur d’une mère (légende arabe)

Hassan aimait tendrement sa mère et passionnément Leïla, sa femme. Mais Leïla n’aimait pas la mère d’Hassan dont elle était terriblement jalouse. Sans cesse, elle torturait son mari avec ses exigences :

-   Si tu m’aimais vraiment, tu ne tolérerais pas qu’une autre femme dicte sa loi sous notre toit.

Et Hassan chassa sa mère de leur maison.

-   Si tu m’aimais vraiment, tu n’irais pas voir cette femme qui médit de moi en secret.

Et malgré sa peine, Hassan ne rendit plus visite à sa pauvre mère. Mais la jalousie de Leïla était sans bornes. Un jour, elle exigea d’Hassan la plus cruelle des épreuves :

-   Si tu m’aimes vraiment, tu iras tuer cette femme qui me torture jour et nuit et tu me rapporteras son cœur.

Hassan prit son couteau. Il alla voir sa mère et il lui arracha le cœur. Mais tandis qu’il rapportant en pleurant son trophée à sa bien-aimée, il trébucha sur un caillou du chemin, et le cœur tomba sur le sol.

Alors, du morceau de chair sali par la poussière sortit une petite voix qui lui demanda :

-   Hassan, mon fils, tu ne t’es pas fait mal au moins ?

Le coq ou la poule (d’après un conte juif)

Un jour, deux étudiants se disputaient à propos d’une volaille qu’ils avaient achetée au marché. L’un disait que c’était une poule et l’autre prétendait que c’était un coq. Comme ils étaient aussi têtus l’un que l’autre, la discussion n’en finissait pas.

Finalement, l’un des deux proposa :

-   Mettons cette volaille dans le poulailler. Nous la mangerons dimanche. D’ici là nous verrons bien si c’est un coq ou une poule.

La nuit passe et, au petit matin, on entend en provenance du poulailler un magnifique cocorico.

-   Tu as entendu, dit le premier étudiant.

-   Oui, répond le second, c’est incroyable ! SI je ne l’avais pas entendu de mes propres oreilles, je n’aurais jamais cru qu’une poule puisse pousser des cocoricos !

La cachette invisible (légende hindouiste)

Autrefois, tous les humains étaient des dieux. Mais ils abusèrent tant de leurs privilèges que Brahmâ, le maître des dieux, décida de leur ôter ce pouvoir de divinité.

Brahmâ organisa donc un conseil pour décider d’une cachette qui soit impossible à déceler. Les dieux mineurs prirent d’abord la parole pour suggérer :

-   Enterrons le pouvoir de divinité tout au fond de la terre !

Mais Brahmâ répliqua :

-   Je vous que vous ne connaissez pas bien la curiosité de l’homme ! Il fouillera, il creusera et un jour il finira bien par le trouver.

-   Dans ce cas, jetons-le dans la profondeur des océans !

Brahmâ soupira :

-   Je connais trop bien les hommes, trop ou tard, ils iront explorer le fond des océans et remonteront le pouvoir de divinité à la surface. Ces sont d’éternels insatisfaits.

Les dieux mineurs ne savaient plus quoi dire.

-   Où donc le cacher alors ? Car, si nous t’en croyons, il n’est pas d’endroit, sous terre, dans le ciel ou au fond des mers que les hommes n’atteindront un jour…

Alors Brahmâ reprit la parole :

-   Voici ce que nous ferons ! Nous cacherons le pouvoir de divinité au plus profond du cœur des hommes, car c’est le seul endroit où ils ne songeront pas à aller le chercher.

Et depuis ce temps l’homme a fait le tour de la terre, il a creusé, il a exploré, il a fouillé le fond des mers… à la recherche de « quelque chose » qui se trouve en lui-même.

Les Philo-fables  de Michel Piquemal chez Albin Michel ou aux Livres de Poche.


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