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Les deux séjours mythiques de Marguerite Yourcenar à Taroudant

Publié le 30 juillet 2010 par Jean-Luc Vautravers
Les deux séjours mythiques de Marguerite Yourcenar à Taroudant Les deux séjours mythiques de Marguerite Yourcenar à Taroudant Les deux séjours mythiques de Marguerite Yourcenar à Taroudant
Voyageuse impénitente, Marguerite Yourcenar séjourna une première fois à Taroudant du 5 au 11 mars 1981, juste après avoir été reçue à l'Académie française en qualité de première femme Immortelle. Cette escale roudanaise s'inscrit dans le cadre d'un périple à travers l'Algérie, le Maroc, l'Espagne et le Portugal effectué en compagnie d'un jeune compagnon, Jerry Wilson, qui devait disparaître quelque temps plus tard. Durant la semaine passée dans l'ancienne capitale saadienne (voir Remparts de Taroudant : il était une fois...), l'écrivaine rédigea la postface d'un de ses chefs-d'oeuvres, "Anna, soror...".
L'auteur de "L'Oeuvre au noir" revient à Taroudant six ans plus tard, en 1987, quelques mois avant sa mort. Cette fois, ses compagnons ont pour noms Christian Dumais-Lvowski, écrivain, et Saddri Derradji, photographe. Son voyage la mène aussi à Essaouira et à Fès. Il dure 12 jours.
Les deux fois, Yourcenar choisit le Palais Salam, un hôtel à sa dimension. Romanesque. Où flotte, la nuit, comme un souffle de magie (au centre), et que j'ai moi-même ressenti la première fois que j'y suis venu (voir Taroudant, l'autre "ville rouge" - Ignorais-je que j'y reviendrais ?). Ancienne résidence du caïd de Taroudant, le Palais Salam est niché dans les remparts de l'autre Ville rouge (à droite) et fait partie de la kasbah (voir Culture : Taroudant encore loin de rivaliser avec Marrakech). Atmosphère, atmosphère... Aujourd'hui, ce lieu-culte a toutefois bien mal vieilli...
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Dans leur livre "La promesse du seuil" (à gauche), récit intimiste, Dumais-Lvowski et Derradji racontent que Marguerite sortait généralement tôt le matin et le soir, afin d'éviter les grandes chaleurs. La photographie du centre la montre aux côtés de femmes marocaines en train de lui offrir des fleurs. Les auteurs relèvent que l'écrivaine apparaît souriante et toujours sereine lorsqu'elle déambule dans le jardin de l'hôtel (à droite), même si elle se montre "inquiète du destin du monde".
Saddri Derradji précise que Marguerite Yourcenar, qui avait l'âme écolo avant l'heure, caressait et embrassait fréquemment les animaux. Je ne saurais l'en blâmer... (voir Chèvres sur les arganiers, la grande attraction) et j'espère qu'elle ne s'est pas rendue au souk (voir Ames sensibles s'abstenir : têtes de chèvres au souk). Un soir, on lui propose d'assister à une fête religieuse musulmane, au caractère secret, qui se déroule habituellement hors des yeux des étrangers. L'écrivaine est très attirée par cette proposition. Mais quand on lui annonce qu'elle aura à manger du mouton, elle décline l'invitation, assurant : "Les moutons, les moutons..., je les embrasse et je ne les mange pas".
Dumais-Lvowski aurait dû accompagner Marguerite Yourcenar en Asie, à la fin de la même année. La maladie de l'écrivaine, puis sa mort, le 17 décembre 1987, rendit ce projet impossible. "Promesse du seuil" peut être commandé chez Amazon, à l'adresse http://www.amazon.fr/gp/aw/d.html/275-9919666-1475257?a=2742738169.
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Taroudant est une ville aux origines romaines, ainsi que je l'explique dans le message Il y a 2000 ans Taroudant s'appelait Vala et était romaine. Par un curieux raccourci, il se trouve que le plus célèbre des romans de Marguerie Yourcenar, "Mémoires d'Hadrien", autobiographie fictive de l'empereur romain, est en train d'être porté à l'écran après avoir été tourné en bonne partie à quelques heures de route de Taroudant, à Ouarzazate (voir Ouarzazate fait son cinéma sur grand écran).
Les prises de vue ont eu lieu au printemps 2009 sous la direction du réalisateur anglais John Boorman (à gauche) qui s'est attelé au pari risqué d'adapter le chef-d'oeuvre de Marguerite. Il a fallu dix ans à l'auteur de "Délivrance", "Excalibur" et de "Rangoon" pour effectuer les recherches historiques nécessaires et réunir 60 millions de dollars. L’œuvre d’Hadrien trouve des résonances dans l’actualité puisque l'empereur décida de retirer ses troupes de la Mésopotamie (l’actuelle Irak) de peur de provoquer la chute de l’Empire. Ironie du sort, en dépit de sa sage gestion, c’est à partir de cette époque que l’inexorable déclin de Rome commence. Le parallèle avec les Etats-Unis saute aux yeux. Préféré sans peine à Antonio Banderas, Daniel Craig (au centre), qui a redonné corps à James Bond 007, interprète l'empereur romain. Antinoüs est incarné par Charlie Hunnam (à droite). La date de sortie des "Mémoires d'Hadrien" n'est pas encore connue. Ce pourrait être en 2010, mais peut-être aussi en 2011...

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