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Dernières pensées avant les congés…

Publié le 31 juillet 2010 par Toreador

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Par Toréador | juillet 31, 2010

J’ai malheureusement eu quelques petits problèmes de santé (rien de grave) qui m’ont tenu éloignée plus que je ne le voulais de ce blog. Avant de tirer ma révérence pour l’été, je fournis ci-dessous en vrac quelques réflexions sur les pathétiques semaines politiques qui viennent de s’écouler.

Woerthgate, Woerthgrad

L’Affaire Woerth-Bettencourt est l’équivalent de la bataille de Stalingrad pour la Sarkozie. On le sait, ce qui a fait que Stalingrad a été à la fois une épouvantable boucherie et le véritable tournant de la seconde guerre mondiale, c’est que tant Hitler que Staline avaient décidé qu’ils ne perdraient pas cette ville là. Trop symbolique.

Il en va de même pour le ministre Woerth : pour Mediapart, l’affaire W-B est une bouée d’oxygène. Le quotidien n’a pas encore trouvé son point d’équilibre financier, il lui manque 70 000 inscrits. Si Mediapart tient suffisamment longtemps, que Woerth démissionne, alors il aura gagné ses galons de respectabilité et peut espérer survivre.

Pour Nicolas Sarkozy, Woerth c’est le ministre symbole. Il n’est pas possible de le lâcher car ce serait donner le signal de l’hallali et tuer la réforme des retraites. Sarkozy l’a souvent rappelé : il est l’homme qui ne recule jamais – la Garde meurt mais ne se rend pas.

Désormais, chaque camp s’est trouvé des alliés et on en a trop fait de part et d’autre pour pouvoir se retirer du terrain de bataille par le compromis. La bataille s’est enlisée dans les tranchées – C’est une lutte à mort. La chute de « Stalingrad » marquerait cependant pour Sarkozy la fin de la guerre de mouvement et un repli général sur les positions les plus consensuelles de la Droite .

Les Gaulois et les Roms-Huns

L’autre point que je voulais soulever, c’est le durcissement évident du discours du Président de la République sur les questions sécuritaires. On peut le voir à la fois comme la mise en place du mur de l’Atlantique, pour empêcher le débarquement FN, ou comme une diversion destinée à ouvrir un nouveau front loin de Woerthgrad.

Pour avoir approché les fameux « gens du voyage », je dois dire que j’ai un point de vue nettement tranché. Même s’il faut bien distinguer les communautés évangéliques sous l’autorité d’un pasteur, du reste de la communauté, l’arrivée de ces caravanes représente bien souvent un fléau pour les collectivités locales. Abritant des petits génies de l’informatique capables de vous désactiver n’importe quel système de sécurité (un talent que le secteur privé achèterait bien volontiers), les « roms » vivent souvent de rapines et d’allocations généreuses. Officiellement, ils font du rempaillage de chaises…ce qui ne les empêche pas de rouler en mercédès.

Lorsque des terrains d’accueil existent, il arrive bien souvent qu’ils soient boudés et que ces colonies nomades squattent en toute illégalité un espace, en n’oubliant pas de se servir au passage en eau et en électricité. Et lorsqu’un maire veut les déloger, il lui faut une ordonnance judiciaire, ce qui prend plusieurs semaines.

L’Etat, malgré les SOS des maires, est lent pour dépêcher des CRS afin de déloger des roms : bien trop dangereux. Lorsque la police doit faire une descente pour interroger un Rom, elle mobilise quasiment 1 flic par manouche. Ce n’est que lorsque la situation devient intenable et que l’on va passer à la force que les Roms lèvent le camp, allant porter la pagaille dans la commune d’à coté, où un nouveau cycle débute.

Démanteler les camps illégaux est donc une très bonne idée, pourvu qu’on ne parque pas les roms dans des terrains bétonnés du type aire d’autoroute. Reste que je souhaite bien du plaisir aux compagnies de gendarmerie qui devront réaliser cet exercice.

Bon sang ne saurait déchoir… et Bon sens ?

Au final, le point le plus critiquable du durcissement sécuritaire est la déchéance de nationalité. Autant, je suis favorable à ce qu’un délinquant soit déchu de ses droits civiques, autant je ne vois pas pourquoi  les immigrés de fraiche date devraient se voir appliquer un régime spécial qui me semble discriminatoire.

A la limite, si l’on veut créer la déchéance de nationalité, pourquoi pas, mais appliquons là à quiconque comment tel ou tel crime grave. Je ne vois pas au nom de quoi l’assassinat d’un gendarme serait sanctionné de peines différentes en fonction de l’origine nationale/ethnique/migratoire du meurtrier. Ce qu’on punit, c’est l’acte, en appliquant un barème. Il ne s’agit pas de « jouer le match retour » en enlevant au prétoire ce que la République a accordé dans ses mairies et consulats.

De la même manière, sur la non-accession automatique de nationalité d’enfants nés en France et délinquant, on nage dans un certain flou juridique. Dans le régime juridique de droit commun, un mineur ne pouvait être tenu responsable de ses actes pénalement. Dès lors, comment le « punir » de facto en lui refusant le droit d’accéder à la nationalité française ?

Nicolas Sarkozy a voulu réformer ce régime de responsabilité vieux de 1946 en introduisant la possibilité de poursuivre un mineur mais il propose ici une étape supplémentaire. C’est assez peu cohérent avec sa volonté de mettre fin d’ailleurs à la double peine, puisqu’un mineur délinquant se trouvera ipso facto « puni » deux fois. Je serais pour ma part plus favorable à retarder l’âge d’accession en cas de casier judiciaire chargé, une période de trois années devant s’écouler sans incident pour qu’automatiquement le mineur puisse acquérir à la fois sa majorité légale et sa nationalité.

Sauf que moi, je le ferais pour tout mineur, histoire de lui mettre du plomb dans la tête avant de le laisser participer à la vie de la cité.

Voilà, j’ai fait trop long. Cela n’a pas été une année facile : le rythme des billets a ralenti, mais je suis toujours là, 4 ans après. Je vous souhaite à tous et à toutes d’excellentes vacances en famille… et à la rentrée !

P.S / Je n’ai pas commenté la décision du Parlement Catalan d’abolir la corrida, qui me semble être plus motivée par des considérations nationalistes que protectrices des animaux. Le symbole va coûter cher – l’indemnisation des filières taurines – dans un contexte économique où il aurait peut être mieux valu économiser ses ressources plutôt que de les mobiliser à tuer une partie de ses entreprises. C’est rassurant de voir que les autres aussi sont pas bons !

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