MASSUE DE LA CHALEUR.
L’été, c’est comme une innocence retrouvée.
Une immense liberté, dont les ailes s’ouvrent.
Au centre, votre éberluement d’être vivant. Votre étonnement de cette jouissance, qui vous transperce.
On s’effiloche, dans l’air granuleux de l’été.
Dans le souffle chaud, sec, qui monte de l’Afrique.
Le vide peut vous éparpiller en tous sens. Jamais ubiquité n’a été aussi franche.
Le vide a tombé le masque et poursuit son effort. Il dispose les miettes aigues de votre être. Comme s’il voulait les balancer aux pigeons…
Le corps essaie de suivre les sensations, leurs bonds et ceux des idées hors de la chair qu’ils renient ; le soleil copule avec les murs qu’il grignote.
Ça pourrait sentir le sable errant bien trop pâle, la résine visqueuse qui s’accumule avec lenteur dans les petits pots épais chargés de la recueillir, impassiblement fixes au bas des entailles rouges qui descendent le long des troncs de pins aux noires écailles, dans une forêt lointaine, jamais entremêlée, prisonnière du silence, des essaims gris de moustiques.
Pour un peu…en fermant les yeux…oui, pour un peu.
Pour un peu ça pourrait…L’été, c’est comme ça. Sa texture de grain de sable brille en vous. Qui perfore. Son souffle de pain chaud, de peau chaude, rabote.
Vous naviguez dans les rues minéralisées. Où la lumière abat d’énormes coups de gong. Vous passez à la lisière entre la ferraille oblique du ciel et l’ombre rétrécie glissée , ratatinée aux abois au pied des murs qui se carapatent. Juste là se trouve la massue de la chaleur, prête à s’abattre et à l’affût de votre tempe.
Patricia Laranco.