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Clausewitz (VI, 5) Caractère de la défense stratégique

Publié le 24 juillet 2010 par Egea

Ce chapitre présente à la fois un passage très profond, et un propos très rhétorique.

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1/ "La défense ... permet de l'emporter après avoir créé le surnombre, c'est-à-dire de passer à l'attaque, au but positif de la guerre" (p. 277). On le voit encore une fois, Clausewitz cherche à utiliser la défense pour inverser le rapport de force, et repasser à l'attaque. "Même une guerre qui se propose uniquement de préserver le statu qo ne consistera pas simplement à parer un coup.... elle n'est pas simple passivité. Le défenseur ... rendra coup pour coup, sauf à appeler à lui le désastre". "La transition vers une riposte est une tendance naturelle de la défense, elle en est partie prenante". A défaut, ce serait "une erreur grave qui a été commise". Et il conclut : "Le couronnement de la défense, c'est le passage rapide et puissant à l'attaque".

2/ S'ensuit alors un passage rhétorique où CVC tempère un peu ses propos : "Bien sûr, le conquérant.... pourra créer la surprise..Mais ce genre de surprise est étranger à la nature de la guerre" (p. 278) : on reste bien évidemment extrêmement surpris devant cette assertion, alors que le maître nous expliquait tantôt que la surprise était un des moyens d'obtenir l'avantage.....

3/ Vient alors une remarque que je trouve extrêmement profonde : "Seule l'agression suscite la défense et la guerre elle même.Le conquérant est toujours pacifique (comme Bonaparte le proclama constamment) : il préfère s'emparer du pays sans combat. Comme cela ne se peut, il faut donc vouloir et préparer la guerre". Vous trouverez sans doute mon enthousiasme curieux. Pourtant, je vois à une véritable ontologie de la guerre, d'ailleurs très bien vue par René Girard, dans "Achever Clausewitz" (voir fiches de lecture ici et ici et ici) : la fauteur de guerre est le défenseur. Sans aller si loin, cela permet de relativiser le triomphe de la "défensive" que l'on observe actuellement, puisque seule la défensive est légitime. Cela ne signifie pas que l'offensive a tous les droits. Seulement que la guerre est chose bien plus compliquée qu'il n'y paraît pour qu'on puisse la catégoriser moralement en une juste défensive et une néfaste offensive : souvenez-vous des débats sur l'action préemptive... Bref, je ne suis pas sûr de suivre CVC (ou Girard), mais au moins nous amène-t-il, par ce détour, à réfléchir sur l'ontologie de la guerre, et à nous déprendre d'opinions reçues...

4/ En effet : "l'intention n'est pas la cause, mais la conséquence". Cette phrase mérite une longue méditation.

5/ "Le premier paré, s'il peut créer la surprise, passera à l'attaque pour cette raison là et le retardataire ne pourra compenser les désavantages ainsi encourus qu'en recourant à la défense. ... Mais cet avantage général n'est pas intrinsèque ni valide dans tous les cas". C'est ici que je trouve Clausewitz un peu rhétorique : partant du principe que l'attaque ne fonctionne pas à tous les coups, il en déduit qu'il faut privilégier la défense .... La conclusion est un peu spécieuse, non ?

6/ EN effet : "La défense bien conçue se dote de tous les moyens possibles, d'une armée exercée, d'un général qui...; les forteresses qui.... avec un peuple crâne qui.... Ainsi nantie, la défense ne fera plus triste figure face à l'attaque". C'est sûr, une défense bien fichue contre une attaque mal br...., ça marche. Mais de là à en tirer un principe général.....

O. Kempf


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