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Insécurité et lumpinisme.

Publié le 01 août 2010 par Marx


   Lorsque la droite est acculée, elle sort les vieilles recettes de « l’insécurité ». La peur mêlée aux angoisses sociales  et qu’aucune perspective ni alternative crédible n’existe, le réflexe vers la réaction est presque mécanique. Cette vieille recette a permis l’arrivée du fascisme en Europe. L’Allemagne , l’Italie et la France , ont connu ces différentes phases. Quand la gauche n’est plus tout à fait la gauche, qu’elle trahit ses fondamentaux pour ne devenir qu’une force d’alternance, les vieux schémas sécuritaires de la droite fonctionnent. Les « boucs émissaires » changent mais pas les mécanismes qui les produisent. Si le monde change, pas les causes de ses maux.
   La division de la société en classes aux intérêts opposés et antagonistes et la mise en concurrence de tous contre tous, crée forcément des situations précaires. L’idéologie dominante, celle qui justifie les rapports de production, n’est plus remise en cause. La gauche actuelle et le PS notamment ne se situe plus dans le cadre de la bataille idéologique  et dans la logique actuelle la droite peut facilement imposer la politique qui procède de la façon de penser dominante. La gauche a une lourde responsabilité, comme ce fut le cas de l’Allemagne de l’Italie et de la France des pleins pouvoirs. Depuis des décennies, elle alterne avec la droite sans rien changer fondamentalement, le capitalisme n’est même pas écorné, ni remis en cause, les causes de ses maux sont toujours là. Il y a bien quelques réformes mais qui ne sont pas en mesure de remettre en cause le système et qui à terme sont défaites  par la droite. Contre réformes sur lesquelles la gauche ne revient pas avec un PS majoritaire. On peut dire qu’elle applique des politiques compassionnelles ou caritatives, plus proches de la doctrine sociale de l’église que de la vision jauressienne  et à l’opposé de celle ci. Sans parler d’une quelconque référence au marxisme fondateur du socialisme organisé.
   La sécurité est une chose dont doit être assurée toute société et tout individu. Elle commence par la sécurité au travail et dans la vie quotidienne. Or le capitalisme , par essence est une société de l’insécurité. La concurrence acharnée se livre partout «  la guerre de tous contre tous- Jules Guesde » et à l’image de la société capitaliste, tout est rapport de force. On vole au pauvre comme le patron au salarié, comme le banquier, comme les milieux financier aux petits épargnants , comme le capital au travail. Les rapports dans la société sont la reproduction inconsciente du système, pour ceux là même qui le subissent. La compassion politique traduit de manière mécanique ces rapports, « il est pauvre donc, il est bon » sans tenir compte des niveaux de conscience de classe. « il est riche donc, entreprenant, intelligent ou tout simplement méchant », alors qu’il n’est pas question de cela mais des rapports de production et de la conscience que l’on peut avoir  du camp auquel on appartient , objectivement.  Marx et Jaurès ont pour l’un, défini le Lumpen prolétariat et son rôle dans le système, aux côtés de la bourgeoisie et Jaurès de préciser le rôle de la conscience dans le comportement. La gauche est bien loin de ces préoccupations en mêlant le lumpen prolétariat au prolétariat, en flattant l’un et en abandonnant l’autre à l’étau du système. La première victime du lumpen prolétariat, c’est le prolétariat. La voiture qui brûle au pied du HLM, n’est pas celle d’un bourgeois, le gamin racketté à la sortie de l’école ou du collège du quartier, est rarement le fils d’un bourgeois, le couple de vieux torturé pour quelques euros, ne sont pas des bourgeois. Le prés de ce brave agriculteur envahi par des caravanes au moment de la fenaison, n’est pas celui d’un bourgeois. Le terrain de sport communal de cette petite commune sur lequel jouent des gamins et évolue le club populaire local, squatté pour des rassemblements religieux. Ces petites gens qui subissent, sans avoir les moyens de se défendre, ne sont pas des exploiteurs et c’est justement parce qu’ils ne peuvent se défendre et qu’ils sont faibles qu’ils sont agressés, comme plus faibles et inorganisés que sont les travailleurs, et plus ils sont exploités. C’est la reproduction du système jusque dans les rapports quotidiens , du quartier, de la ville et d’un pays . Paradoxalement les riches vivent tranquillement , dans leurs quartiers, les grands yacht ne sont pas inquiétés. Ils sont protégés et ont  les moyens de se défendre. Le prolétariat, avec conscience de classe ou simplement avec une conscience civique est la première victime du lumpen prolétariat, qui n’a comme la bourgeoisie, aucune excuse pour s’en prendre aux plus faibles. La misère n’est pas une excuse suffisante pour justifier que des misérables s’égorgent entre eux et c’est toujours le plus faible qui subit.
   Tous ces braves gens, victimes, attendent une réponse de la gauche, les travailleurs aussi, les chômeurs, les retraités, sur les maux qu’ils subissent et sur la cause de ces maux et pas simplement de la compassion. Ils veulent une alternative claire. La compassion, la bourgeoisie sait faire, elle la pratique depuis toujours et particulièrement en temps de crise et pour maintenir son système, elle a besoin, fondamentalement besoin du lumpen prolétariat et elle en produit comme jamais. Mais attention, si la gauche ne produit pas une réponse claire aux insécurités, gare aux effets de menton. Il n’y a pas de place à la confusion entre lumpen  prolétariat et prolétariat, il faut choisir son camp.


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