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Impossible de louer à Paris

Publié le 01 août 2010 par Vonric Vonric

*Coup de gueule*Ça doit bien faire 10 ans que je le dis: si je devais revenir a Paris je ne pourrais jamais louer un appartement. Habitant a Londres depuis plus de 10 ans, j'ai acheté il y a (déja) longtemps un logement. La hausse de l'immobilier aidant (et quelques travaux), on doit ete autour d'1/2 million d'euros. A cela s'ajoute un autre appart adjacent que je loue avec une valeur équivalente. Bon donc j'ai des locataires, je suis propriétaire d'un bien avec une valeur appréciable si je devais le vendre demain. Par ailleurs, par rapport a mes dépenses je ne me plains pas sur mes revenus mensuels (attention, j'aimerais bien sur avoir plus, comme tout le monde... allez 5 fois plus et je ne dis plus rien :-D ).

Mais voila, le problème c'est que je suis freelance ; contractor (comme disent les anglophones). Pas de CDI. Pas de garant qui gagne plein de sous-sous pour me prendre sous son aile. Ça veut dire: "persona non grata" pour la location parisienne. J'ai le choix entre acheter directement (avec un prêt auprès d'une banque anglaise, car bien sur même problème pour une banque française : je ne suis pas en CDI, donc pas sérieux)ou aller frapper a la porte d'Emmaüs. Ah si, il y a une autre solution: faire des faux bulletins de salaire.

C'est ce qu'expliquait le mois dernier un article du Monde:

"Pierre, 30 ans, est architecte free-lance. Sa compagne est journaliste pigiste. A eux deux, ils gagnent 5 600 euros nets par mois, et cherchent à emménager dans un trois-pièces parisien pour un loyer de 1 300 euros. Deux mois et une cinquantaine de visites plus tard, leur dossier est toujours rejeté, malgré deux très bons garants. "Les propriétaires et agences nous ont tous dit clairement que notre situation n'était pas assez stable, qu'ils voulaient des locataires dont les revenus soient équivalents à quatre fois le montant du loyer, ce qui était pourtant notre cas. Une hérésie !" Le couple a alors décidé d'arranger la réalité : "Nous avons retouché sur Photoshop les fiches de paie de mon amie, nous avons également réalisé de faux certificats de travail pour nous deux. Nous avons trouvé l'appartement quasiment immédiatement…"

Dans les grandes villes, et plus particulièrement à Paris, la falsification des dossiers de location est en passe de devenir un sport, sinon une obligation. Selon l'Association pour l'accès aux garanties locatives (APAGL), 55 à 60 % de la population ne remplit plus les critères pour accéder à un logement locatif. Comprendre, être en CDI hors période d'essai, et avec un salaire de trois à quatre fois supérieur au bien recherché. Alors on triche, plus ou moins. Avec un bon logiciel de retouche, un CDD se transforme en CDI, un salaire est gonflé de 500 à 1 000 euros, la période d'essai est terminée depuis bien longtemps. Une inscription à la fac, ou une fausse carte, et le salarié débutant redevient étudiant. Le célibataire invente un faux couple pour obtenir un logement auquel il ne pourrait prétendre seul avec les critères en vigueur, alors qu'il a tout à fait les moyens de le payer.
"

Et le problème est (qui a dit: comme souvent) renforcé par la loi (le remède exacerbe la maladie):

"Autre problème, des lois votées pour aider les locataires se traduisent par des effets secondaires inattendus. Ainsi, l'abaissement de deux à un mois de caution a eu "un impact évident sur les exigences de revenus" pour Gilles Ricour de Bourgies. Pas question de laisser son logement à un locataire qui pourrait l'abîmer, et dont la caution serait bien insuffisante pour couvrir les frais de travaux, d'autant plus que la loi rend difficile l'expulsion d'un locataire indélicat. Pour de nombreux propriétaires, l'impossibilité de congédier un mauvais payeur est la cause principale de leurs exigences et des dossiers de candidature de plus en plus fournis.

Mais c'est la loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l'exclusion de mars 2009, dite loi Boutin, qui a créé le plus de dommages. L'une de ses grandes mesures était pourtant louable : interdire à un bailleur de cumuler une "garantie loyers impayés" avec la demande d'un garant. Ainsi, les salariés ne disposant pas d'un garant avec des hauts revenus ne se verraient plus rejeter leur dossier. C'était sans compter un effet pervers. Les assurances étant seules aux commandes, elles ont rejeté les dossiers ne rentrant pas dans la case "CDI hors période d'essai", la catégorie de salariés la moins "risquée", alors que les garants existent justement pour aider les dossiers plus faibles."

A trop protéger le locataire, on a créé l'effet inverse. Pour mon cas, mes locataires sont : une jeune prof de musique et son copain qui finit sa thèse, pour un loyer de 1300 euros. Selon les critères français, ils n'auraient eu aucune chance: il leur fallait gagner 5000 euros et de très bons garants. Ils sont adorables et payent sans problèmes depuis 2 ans (bon, ils pourraient tout de même faire un petit effort d'entretiens du jardin ;-) ).

 


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