Vacances en métropole

Par Boljo

Plat d'écrevisses

J’aime bien mes vacances en métropole, le fait de vivre dans des îles, loin des habitudes de l’hexagone nous donne l’impression de visiter un pays étranger et ajoute la part d’exotisme au séjour et nous fait paraître nous mêmes, un peu décalés. Nous n’avons plus les mêmes références, nous ne pouvons plus rire des mêmes choses surtout si notre interlocuteur fait une référence télévisuelle soit à une émission soit à une pub.Une amie, s’adressant à moi vivant à St Pierre et à une autre amie vivant à Mayotte, lance à table : chava… et fait un flop monumental. Personne n’a compris, pîquée de nos yeux arrondis et de notre rappel sur nos vies différentes et notre statut d’ilienne, elle ne nous donna aucune explication sur son bon mot, visiblement en rapport avec une réplique dans une pub, du coup de décalées nous sommes passées au rang d’ignorantes, c’était bien vu ! Mon avant dernier séjour fut pour la Bretagne. Au niveau du climat si ce n’est pas tout à fait la pleine chaleur, ce n’est pas non plus le mauvais temps annoncé. Le service météo n’a pas l’air très performant ou chacun possédant son micro-climat même l’officiant en titre ne veut fâcher personne. Tout de même, tôt le matin et tôt le soir, il fait vite frais, ça raccourcit le temps où on peut rester dehors, du moins sans petite laine.

A part ça, j’aime bien la Bretagne c’est joli et on y mange bien, la réflexion est banale et peut s’appliquer, si on y réfléchit même pas beaucoup, à toutes les régions de France. Mais, lorsque je vais en Bretagne, je retrouve intact mon addiction au beurre datant de ma petite enfance où j’ai appris que pour les tartines, il ne fallait pas trop mettre de pain si on ne voulait pas altérer le goût du beurre. Miam !

S’il existe des aigris, mangeurs de tagliatelles de concombre et abonnés au régime courgettes, j’en ai rencontré, dans cette magnifique région ou chaque bouchée est une ode au gras, les bonnes résolutions fondent aussi vite que les pommes de terre rissolées au beurre, d’ailleurs divines, de mon amie. Si pour certains, contempler un gâteau fait grimper leur taux de cholesterol dans les tours et rien que l’idée de te voir manger du porc, te fait passer dans la catégorie ringarde, à tendance psychothique complétement inconséquente, le verdict est sans appel : mais, plus personne ne mange de porc depuis 20 ans. Bien ! La Bretagne aurait-elle arrêté d’en produire ? A moins que les gens du cru ou certains initiés sachent ce que le consommateur lambda ignore, à savoir comment sont élevés ces bovins dont les producteurs sont accusés de bien des maux et dont je ne soulèverai pas la polémique.

Tout ça, ne nous a pas empêchés de consommer, voir d’abuser de mets tous plus délicats, savoureux, tantôt beurrés, tantôt sucrés, souvent les deux avec une mauvaise conscience vite circonscrite et enterrée au deuxième verre de rosé, juste après l’apéro au cidre en alternance avec le champagne. Pour faire honneur aux traditions du pays bigoudin dont on nomme, les femmes, assez mystérieusement, des bigoudaines et non des bigoudines, nous avons joyeusement enfourné du lard grillé du marché avec ledit rosé, du kouing aman mais jamais au même repas, un reste, assez vague, de conscience diététique. Et aussi, des macarons au caramel au beurre salé à tomber, je suis toujours vierge du goût de ceux de Laduré, mais ceux-là sont de vrais merveilles, trop encombrée pour en ramener, il nous faudra y retourner.

Sans compter, parce qu’à part la mayonnaise, justement ça ne compte pas niveau calorique, les écrevisses meilleures que des langoustes, les crabes, la lotte, le merlu, les sardines, le tout consommé dans une maison où celui qui fait les courses ne veut pas manquer et celle qui fait la cuisine nous avait, jusqu’ici, soigneusement cachés ses talents. Le beurre breton magnifiant le reste, cru, chaud, en tartine, pour rissoler et confire, charlottes nouvelles et encore du porc pour le plaisir de nos papilles, en une explosion de saveurs faisant voler en éclats toutes les données en vigueur sur les vertus de la cuisine diététique, de l’engouement du régime Duncan ou du pshit d’huile d’olive reconnu bonne pour les artères. L’avantage avec ce régime est d’en profiter quelques temps après le départ, suffit de se regarder dans une glace, fesse gauche, les galettes de la voisine que je n’ai pas eu besoin de torturer pour lui soutirer la recette soit elle me l’a livrée grâce à mon sourire et mes compliments soit sentant ma détermination à l’obtenir, fesse droite, le pain doux, hanche gauche, les crêpes, hanche droite, la tarte caramélisée aux poires et au caramel, sur le ventre, toutes les gourmandises déjà citées, je ne vais pas me répêter. J’ai l’impression d’être une Alice inversée au pays des merveilles pour une épopée alcoolo-culinaire n’ayant pas duré plus de quatre jours. Pressée par le temp et ne souhaitant pas perdre une miette de ces délicieux moments, de ces franches rigolades, de ces fous rires pour rien, pour tout, partout et sur tout, avec les amis retrouvés, je n’aurais pas beaucoup visité la région, une raison de plus pour revenir, chic ! Merci, amis, pour ce séjour réjouissant.


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