Différent

Mon homme à moi, il était différent des autres. Il pensait différemment. Il pensait tout le temps. En boucle. A tout bout de champ. Des pensées d'une justesse surprenante. Parfois d'une injustice lancinante. Il en avait des états d'âme. Des états. De quiétude parfois, de souffrance souvent. De douleur intense. De douceur immense. Sous ses airs de loup hérissé, sous la couche de barbe piquante, au-delà de ses humeurs massacrantes, il avait un coeur. Tendre. Bouleversant cet homme-là, je vous le dis, moi. Touchant, renversant, impressionant. En colère, mon homme. Eprouvé, mon homme. Inspiré. Inspirant. Dramaturge. Comme moi. Farouche, parfois distant. On marche sur un fil de rasoir, trop souvent. Pleurer, rager, hurler, souffrir. Pourtant. Pourtant je l'aimais, cet homme. Malgré la douleur. Malgré les incompréhensions. Malgré les peurs, les miennes, les siennes. Il y avait des accalmies. Des éclairicies. De l'espoir, énormément. Une tendresse. Une passion. Des mots. Trop de mots. Trop de pourquoi. Trop de réponses. Trop, beaucoup trop. Trop pour moi. Ne reste alors que l'absence. De cet homme pas comme les autres, qui m'aura rendue si différente. Et que je n'oublierai jamais. Je l'aimais.