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Comment les idées néolibérales ont-elles trouvé place dans l'opinion publique en France ?

Publié le 25 novembre 2007 par Najib Gadi
Pendant ces 25 dernières années, l'opinion publique en France s'est-elle penchée à droite ?

Le contexte politico-économique d'il y a presque 25 ans

A la fin des années 70, avec tous les problèmes que le monde occidental avait connus (chocs pétroliers, inflation, etc.), les théoriciens du néolibéralisme commencèrent à critiquer fortement les politiques économiques de l'époque, c'est à dire l'État Keynésien (régulation de l'économie par l'État). Et pendant que Thatcher et Reagan prennent le pouvoir, respectivement en grande bretagne (1979) et aux états-unis (1980), les Français votent pour un socialiste (François Mitterrand, en 1981). Un ancien collègue m'a raconté une petite anecdote concernant la première élection de Mitterrand. Il m'a dit qu'il était dans le train et au moment où le conducteur a annoncé sa victoire (de Mitterrand), ses voisins ont eu peur. Ils se sont demandé quand les chars soviétiques allaient débarquer sur Paris !
Les deux premières années de Mitterrand
Entre 1981 et 1983, le gouvernement a appliqué de vraies réformes de gauche :
  • Augmentation du SMIC de 10 %, des allocations familiales et logement de 25 %, handicapés de 20 %.
  • Retraite à 60 ans.
  • Semaine de 39 heures (durée légale du travail).
  • 5e semaine de congés payés.
  • Lois Auroux sur le droit du travail
  • Loi Quilliot sur les droits et les devoirs des bailleurs et locataires.
  • Nationalisation de banques (les 36 premières banques de dépôt, ainsi que Paribas et Suez) et de grands groupes industriels (CGE, PUK, Saint-Gobain, Thomson).
  • Autorisation des radios locales privées.
  • Création de l'impôt sur les grandes fortunes (supprimé en 1987, rétabli en 1988 sous le nom d'ISF, Impôt de solidarité sur la fortune).
  • Abolition de la peine de mort.
  • (source : l'encyclopédie Wikipédia)
Le grand virage
Vers la fin de 1983, toutes ces bonnes réformes ont commencé à créer de vraies difficultés pour le gouvernement parce que la France faisait partie du G7 et devait donc se rapprocher au maximum des nouvelles politiques économiques ultra-libérales dictées par Thachter et Reagan (il y a d'autres raisons qui ont fait que Mitterrand a changé de politique).
Pendant ce temps là, certaines personnalités influentes du monde intellectuel et des grands chefs d'entreprises regardaient surtout ce qui se passait dans le monde anglo-saxon et c'est là par exemple que la fondation Saint-Simon a été crée.
Les groupes d'influence politico-médiatiques (Think tank en anglais) ont un rôle déterminant pour changer une idéologie dans un pays. Pour les libéraux, ce sont des chefs de grandes entreprises, des intellectuelles et journalistes qui sont de droite mais aussi des gens catalogués à gauche (ces derniers étant très appréciés), qui se réunissent régulièrement non pas pour raconter des blagues mais pour voir comment ils peuvent appliquer leur cahier des charges et profiter des compétences/postes des uns et des autres. Pour eux, ceci est pour l'intérêt de leurs entreprises/pays.
Le groupe d'influence le plus connu et le plus puissant dans le monde porte le nom de bilderberg. Voir :
http://monde-moderne.blogspot.com/2007/03/les-bilderbergers-ceux-qui-gouvernent.html
http://monde-moderne.blogspot.com/2007/05/ce-que-les-mdias-nous-cachent.html
Fondation Saint-Simon
Cette fondation a été créée en 1982. Elle a été financée (en partie) par quelques entreprises nationalisées auparavant par le gouvernement de François Mitterrand (Saint-Gobain et Suez, entre autres). Selon Pierre Rosanvallon, qui est l'un des fondateurs de ce groupe, « la fondation Saint-Simon a été créée après le tournant de 1981, pour mettre sur pied un espace d'échange social et de production intellectuelle totalement indépendant, différant à la fois des clubs politiques et des institutions universitaires ». C'est la version officielle.
Mais l'objectif de la fondation était, sans doute, autre chose.
Parmi les membres de cette fondation, on peut citer :
  • Alain Minc : Administrateur de nombreuses sociétés et ancien conseiller économique d'Edouard Balladur.
  • Jean-Pierre Elkabbach Journaliste.
  • Roger Fauroux : Enarque. Inspecteur des finances, ancien président de Saint Gobain et Ex-directeur de l'ENA.
  • Jean-Louis Beffa : Président de Saint-Gobain. Membre du conseil de surveillance du Monde. Ancien vice-président de la Compagnie Générale des Eaux (renomée Vivendi, puis Veolia environnement).
  • Jean-Luc Lagardère : Ancien président du groupe Matra-Hachette (qui contrôle de nombreux médias).
  • Christine Okrent Journaliste, épouse de Bernard Kouchner.
  • René Thomas : Ancien président de la BNP, administrateur d'Havas, Saint-Gobain, Elf, CGE, Banexi, Chargeurs, Matra-Hachette.
  • Jean Daniel : ancien Directeur du Nouvel Observateur.
  • Serge July : Ancien Directeur du journal Libération.
La plupart des membres de la Fondation Saint-Simon se retrouvent aujourd'hui dans une autre organisation très similaire Le Siècle (Claude Bébear, Rachida Dati, Patrick Poivre D'arvor, Nicolas Sarkozy, DSK, etc.)
La “ modernité ” contre les “ archaïsmes ”
Dans les émissions télé des années 80, il y avait déjà des tentatives (réussies) pour montrer, d'une manière indirecte, à l'opinion publique que pour sortir d'une crise économique il n'y a pas d'autres issues, il n'y a que les politiques néolibérales qui peuvent marcher, en faisant allusion à la Grande Bretagne et aux États-unis. On peut citer l'émission d'Yves Montand "VIVE LA CRISE" ou celle de Bernard Tapie sur TF1 "AMBITION", etc.
La modernité, c'est à dire des "réformes" néolibérales (suppression de presque 12000 postes dans l'éducation nationale, allongement de la durée de travail, etc.). Les archaïques sont des salariés de la SNCF, par exemple, accrochés à leurs privilèges (et bientôt tous les salariés grèvistes du pays).
Je pense que c'est le message que donnent les grands médias en général.
Quelques liens :
http://www.monde-diplomatique.fr/1998/09/LAURENT/10967
http://dsedh.free.fr/transcriptions/halimi19.htm
"Notre travail est de donner aux gens non pas ce qu'ils veulent, mais ce que nous décidons qu'ils doivent avoir."
Richard Salant, ex-président de CBS News


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