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Sécurité : la bataille de l’opinion est engagée

Publié le 06 août 2010 par Hmoreigne

 SOS Figaro. Voilà un sondage qui tombe bien, servi sur un plateau par un grand quotidien dont la proximité du pouvoir s’affiche de plus en plus ostensiblement. Même si l’analyse du sondage de l’IFOP par Le Figaro est sujette à caution, la gauche aurait tort d’ignorer l’avertissement qu’il contient. Reste toutefois que l’honneur de la politique, c’est parfois aller à l’encontre des idées dominantes pour faire prévaloir des idées humanistes et généreuses. A cet égard, la bataille qui avait entouré l’abolition de la peine de mort reste une référence.

Ainsi donc il y aurait un consensus sur la boîte à claques sécuritaire de Nicolas Sarkozy redevenu pour un temps superministre de l’Intérieur. Les Français ne donneraient pas dans la dentelle et seraient prompts à s’asseoir sur des principes constitutionnels concernant la déchéance de nationalité. Comme si on pouvait avec insouciance faire sauter au burin le mot égalité des frontons des édifices républicains…

Le ras-le-bol exprimé ne doit pas être confondu avec une adhésion aux grandes manœuvres de l’Elysée. “Que les Français veuillent lutter contre tout ce qui est illégal, c’est le bon sens“, analyse Christophe Borgel (PS) avant d’ajouter “Ce qui est en jeu, ce n’est pas cela ! C’est la désignation de boucs émissaires pour masquer l’échec de la politique sécuritaire sarkozyste.” C’est en fait surtout le lien inique qui est fait entre immigration et insécurité.

François Bayrou relativise les résultats du sondage : “ces chiffres ne sont absolument pas surprenants: on appuie là où la société française est le plus sensible, faute de pouvoir donner au peuple ce dont il a besoin, on lui sert un discours anti-immigration“. Le président du Modem lance une mise en garde :”Ce n’est pas en attisant ce genre de passions qu’on conduit un pays à affronter ses problèmes“.

Le lien entre immigration et sécurité doit être mis en parallèle avec l’articulation xénophobie-crise économique. Le nombre de destructions d’emplois en France a atteint pour la seule année 2009 le chiffre record de 256.100, un niveau jamais observé depuis l’après-guerre.

La désindustrialisation, en France, est encore plus avancée que ce qu’on imagine. L’industrie a perdu 500.000 emplois en 10 ans, et ne représente plus que 13% de la population active. Elle ne produit plus que 16% de la valeur ajoutée du pays, contre 20% en Italie, 30% en Allemagne, et 22,4% dans la zone euro. Nous sommes aujourd’hui au niveau de la Grande-Bretagne, que l’on présente souvent comme un pays ayant abandonné son industrie” estime le sénateur PS du Doubs Martial Bourquin qui a réussi à obtenir la mise en place au sein de la Chambre Haute d’une “Mission commune d’information sur la désindustrialisation des territoires”.

Reste à savoir si le fossé sur la question de l’immigration-sécurité entre les états-majors des partis de gauche, notamment le PS, et leur électorat est susceptible d’être comblé à force de pédagogie répétée. Xavier Bertrand jubile peut être un peu vite lorsqu’il affirme la bave aux lèvres que “Toutes les surenchères ou les critiques des socialistes sont à côté de la plaque“.

Le PCF à travers Olivier Dartigolles son porte-parole juge exactement le contraire “Ca demande aux dirigeants de gauche de ne pas lâcher un pouce de terrain, d’alerter sur le caractère très dangereux de cette politique qui cherche à diviser, stigmatiser“.

Le combat est inégal mais il est de l’honneur des républicains de le mener. Stéphane Rozès estime que “Nicolas Sarkozy sait pertinemment que les mesures les plus répressives rencontreront l’adhésion” mais le politologue esquisse la parade qui pourrait être mise en place : “Il ne suffira donc pas en 2012 à la gauche de dénoncer les mesures sarkozystes. Il lui faut proposer un pacte républicain incluant une réponse globale et cohérente sur la sécurité“.

Il faut aujourd’hui retrouver le courage politique d’un François Mitterrand qui, candidat à la présidence de la République, n’avait pas hésité à se prononcer contre peine de mort à l’inverse de l’opinion dominante du moment. Au moment de requérir l’abolition de la peine de mort devant l’Assemblée nationale, Robert Badinter dans son discours avait relevé que,  ”La France est grande, non seulement par sa puissance, mais au-delà de sa puissance, par l’éclat des idées, des causes, de la générosité qui l’ont emporté aux moments privilégiés de son histoire“.

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