Algérie : le scandale du massacre du site romain de Cherchell

Comme tous les pays du Maghreb (voir Volubilis près de Meknès : le Maroc des Romains et Libye : Sabratha et Leptis Magna livrent leurs trésors), l'Algérie possède de très riches vestiges de la civilisation romaine, témoignages de la présence de Rome en Afrique du Nord à la suite de la chute de Carthage. Ville côtière située à 100 km à l'ouest de d'Alger (à gauche), Cherchell fut probablement une des cités les plus grandioses de Méditerranée occidentale. Mais, de sa splendeur passée, il risque bientôt de ne rester plus beaucoup de vestiges.
Fondée au IVe siècle avant notre ère par les Phéniciens sous le nom Iol (ou Jol), la cité au bord de la Méditerranée appartint à la Numidie (du grec nomados, qui fait paître, nomade) et constituait une province de l’Empire romain, peuplée de Berbères plus ou moins latinisés et, plus tard, christianisés. Juba II (voir Il y a 2000 ans Taroudant s'appelait Vala et était romaine) en fit la capitale de la Maurétanie césarienne sous le nom de Caesaria, nom déformé par la suite en Cherchell. Son enceinte fut une des plus vastes du monde romain. Ex-cathédrale Saint-Paul, bâtie sur des ruines romaines, la mosquée El Rahmane (au centre), comme la fontaine monumentale de droite, est un héritage de cette époque. La présence d'une mosquée dans un site décoré de colonnes ioniques (à droite) est suffisamment rare pour être signalée.

Au centre de la ville, la place des Martyrs (à gauche) est construite à l'endroit de l'ancien forum romain. Le musée d'archéologie donne sur cette place. Il abrite des sculptures antiques exceptionnelles (au centre), ainsi que des pavements en mosaïques (à droite). Sa qualité, soutenue par des efforts de scientifiques allemands, est trompeuse quant aux efforts de sauvegarde du site de Cherchell. C'est l'arbre qui cache la forêt.

Si, devant le front de mer, les bellombras d'Amérique du sud côtoient harmonieusement des colonnes antiques (à gauche), les anciens thermes de l'ouest sont assez abîmés; il ne reste que des murs et des colonnades. Le théâtre (au centre et à droite), très ancien, est laissé à l'abandon. La vaste enceinte ovale de l'amphithéâtre, où résonnaient jadis les rugissements des fauves, est envahie par la végétation. L'immense édifice que fut le cirque a disparu. Il faut se rendre à l'évidence : ni les autorités locales ni les habitants de Cherchell ne se sentent concernés par leur propre patrimoine historique !

Ainsi que l'a souligné un excellent article du journal "Le Soir", c'est même à un scandale auquel on assiste. La suite dès que possible...