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Les Etats d’âme Eric (hommage à Luna Parker)

Publié le 20 décembre 2007 par Chondre

Je n’ai pas spécialement envie de m’étendre sur mes états d’âme, mais force est de constater que je navigue en période trouble depuis quelques jours. Bilan de fin d’année, bilan de trentenaire ou bilan de pré-déprime hivernale, je n’en sais rien. Je sais par contre que mon activité professionnelle est de plus en plus prenante et que je suis de moins en moins certain d’avoir les épaules assez solides pour tout supporter. Il y a toujours eu une émulation positive dans mon unité. Rien à voir avec un quelconque léchage de cul ou l’aiguisage d’un dentier acéré. Non. Juste une envie d’apprendre, d’être confronté à différentes missions, d’interagir avec de nombreux interlocuteurs et surtout d’éviter la monotonie dans le travail. Il y a aussi l’envie d’être écouté, d’être suivi, de peser dans la balance. Mais surtout, à l’heure où l’on parle de travailler plus pour gagner plus, mon domaine d’activité à un petit quelque chose en plus, l’éthique. Cela me plait bien de penser ça. Lorsque j’observe ce qui se fait parfois dans le milieu, j’ai parfois envie de vomir.

J’ai cependant de plus en plus l’impression que l’on charge la barque. Il m’est impossible de prendre le moindre jour de congés pendant les fêtes et l’on vient de me demander d’être disponible pendant la période estivale. Concrètement, ma feuille de congés contient encore plus de huit semaines à poser avant le 31 décembre de cette année. Mon indépendance professionnelle, caractérisée par mon extrême liberté d’action et une hiérarchie limitée se paye donc très chèrement.

Tous les ans nous choisissons d’élargir nos compétences. Nous nous réunissons en petite bande autour d’un chocolat chaud et choisissons de nous inscrire à un diplôme universitaire ou a un Master quelconque (ouhlala, c’est la fête). Cette année, j’ai choisi de m’inscrire à un Master en statistiques. Je ne suis pas particulièrement un amoureux des chiffres (même si Snooze me rappelle quotidiennement mon côté Forrest Gum). Mon agence me permet de m’absenter deux jours par semaine dans le cadre de cette formation. Je dois toutefois assurer ma charge de travail et liquider en trois jours ce que j’avais l’habitude de ventiler en cinq. Je dois donc arriver plus tôt, repartir plus tard et continuer de travailler le soir, en plus des devoirs que je dois rendre et des examens que je dois préparer. Il n’y a donc plus de frontière entre ma vie professionnelle et ma vie privée.

Cette semaine est particulière car c’est une semaine d’examens. Je suis bien évidemment stressé mais également excité car quelques heures avant de passer à la casserole, tout ce que j’ai pu apprendre s’imbrique tel un puzzle. J’ai hâte de me retrouver devant ma copie et de tenter de répondre aux questions posées. L’examen étant malheureusement composé d’un oral, j’ai un peu moins hâte de jouer à la Miss météo devant mes petits camarades. Cette période de révision m’a également permis de faire le point sur mon apprentissage scolaire et universitaire. Je me suis aperçu que le qualificatif qui définissait le mieux mon parcours était “médiocre”. Je me souviens encore des appréciations de mes professeurs au collège ou au Lycée: Peut mieux faire. J’ai toujours oscillé entre fumisterie et dilettantisme, vivant en permanence la tête dans les nuages, préférant le radiateur et la fenêtre aux cours dispensés. Lorsque j’ai mis les pieds à la Faculté, j’ai bien évidemment vite été perdu. Je me dispersais. Si je travaillais, je travaillais mal. Les débuts furent laborieux et teintés de malchance. Jusqu’au jour béni ou mon cul fut bordé de nouilles (variété Lumaconi géantes). Seules les parties de cours révisées tombaient à l’examen, j’avais plus de facilité à apprendre et j’ai surtout rencontré les bonnes personnes au bon moment.

Le meilleur exemple fut mon année de DEA. J’avais choisi ce DEA car la thématique me plaisait. N’ayant pas trouvé de laboratoire d’accueil, les responsables m’ont en attribué un d’office. J’ai découvert après mon inscription que seules une ou deux allocations étaient attribuées en fin d’année. Cela signifiait qu’il fallait être dans les deux premier pour espérer passer dans les meilleures conditions possibles trois années en doctorat. La mission était donc impossible même en travaillant très dur. Je suis heureusement tombé sur une bande de joyeux drilles sans qui je serais aujourd’hui dans une condition très précaire. L’accord tacite était le suivant: Tu fais le maximum pour tes examens écrits et oraux, nous faisons le maximum pour ton sujet de recherche. Je n’ai pas été déçu. Tout le monde a été derrière moi. L’année fut dure, intense, fatigante et ponctuée de coups de pied au cul mais les résultats furent au rendez-vous. Finir major m’a permis d’empocher le jackpot en finançant mon doctorat. Cette période fut certainement l’unique moment où j’ai dû sérieusement travailler sans me disperser.

Ces derniers jours, j’ai retrouvé les travers du passé. Un rien me distrait. Je me plonge quelques minutes dans mes cours et suis systématiquement attiré par le moindre bruit et la moindre occasion de faire autre chose. J’ai mal au ventre, je dors mal, je suis atteint du syndrome caca mou, je mange tout et surtout n’importe quoi, ma peau est redevenue grasse à problèmes et j’attends, tel un condamné, mon passage ce matin devant la guillotine. En bon écolier organisé, j’ai préparé mon sac à dos. Je vais continuer à réviser dans le métro, et je vais haïr les connards et les connasses qui vont débriefer à la sortie des épreuves. Oui oui je sais, il y a bien plus grave, la guerre, la faim dans le monde, l’injustice, la précarité, et tout et tout.

C’est comme ça, aujourd’hui je pense à moi moi moi et à moi. A moi.

Je suis fatigué et j’ai les boules. Ce n’est surtout pas aujourd’hui que je vais commencer à perdre les bonnes habitudes.


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